
Un vrai rêve de gosse !
Pour commencer cette semaine de l’humour, Dominique Monféry revient sur son premier tome de Tin Lizzie. Un album gentiment déjanté, où un improbable trio censé transformer une voiture en tracteu...
2 mars 2015
-Interview
Jean-Laurent Del Socorro, Dominique Monféry
Éditeur : Rue de Sèvres
Scénario : Dominique MonféryDessin : Dominique MonféryAuteur : Dominique MonféryAuteur adapté : Jean-Laurent Del Socorro
Genres : Historique
Prix : 20.00€
Scénario
Dessin
Elle se bat à l'épée, collectionne les amants et amantes, se produit en tant que chanteuse à l'opéra de Marseille… Femme hors du temps et de tout cadre, Julie d'Aubigny – dite Julie Maupin – a traversé le XVIIe siècle avec une audace et un courage dont peu de femmes ont osé faire preuve à cette époque. Elevée à la cour de Versailles, et rapidement désireuse de vivre selon ses désirs , elle mène une vie faite de rencontres, d'étonnement et d'histoires parfois rocambolesques, mais bien réelles. Jusqu'à sa mort à l'âge de 35 ans, la liberté aura été le maître mot de son intense existence.
D’un dessin sensuel qui met à l’unisson combats, joutes verbales et corps à corps érotiques, Dominique Monféry nous fait tomber sous le charme d’une chanteuse et épéiste travestie en garçon. Non, pas Mylène Farmer, mais Julie de Maupin !
Julie de Maupin a choisi la liberté. Possibilité rare pour une femme de la fin du XVIIè siècle ! Elle se débarrasse vite fait bien fait de son mari et mène dès lors une vie de duelliste lors de spectacles dans les tavernes. Car elle sait bigrement bien manier l’épée, son père lui ayant permis de faire l’école des pages (réservée pourtant aux garçons) et d’apprendre ainsi l’escrime.
Une pour Toutes © Rue de Sèvres
Avec un dessin d’une grande élégance, Dominique Monféry adapte ici le roman de Jean-Laurent del Soccoro, qui lui-même est parti des quelques éléments historiques connus sur Julie de Maupin, mêlés à sa légende. Il conçoit un récit épique, parfois ponctué de dialogues en alexandrins, dans lequel apparaît même le Diable, qui a ici pris forme humaine. Le Malin n’a de cesse de proposer à Julie de lui vendre son âme en échange d’aide pour la tirer des mauvais pas dans lesquels elle se fourre régulièrement. Mais la jeune femme préfère s’en sortir par elle-même et n’avoir de comptes à rendre à personne. Le symbole est là.
Méphisto est aussi un agréable compagnon, le seul à la hauteur pour dialoguer avec Julie sur le sens de ses choix. En effet, Séranne, son amant et compagnon bretteur (qui a vraiment existé) apparaît ici un peu fade. De même qu’Angélique, la jeune femme de bonne famille qu’elle séduit et enlève même du couvent où ses parents l’avaient expédiée. Oui, Julie était également bisexuelle. Et elle aimait se travestir en homme pour son activité de bretteuse. Elle avait aussi un don pour le chant et s’est produite dans divers opéras. La séquence où elle prend des cours de chant avec un vieil artiste alcoolique est d’ailleurs touchante.
Une pour Toutes © Rue de Sèvres
La vie aventureuse de Julie à travers la France devient un ballet sous le trait inspiré de Monféry, sans oublier sa subtile mise en couleur à l’aquarelle. Mis à part le Diable, tout ce qui semble le plus improbable est historique. Merci de nous avoir partagé avec talent ce destin hors norme.