Dans le monde des arts de l'entre-deux guerres, Blotch, dessinateur de presse, ne doute pas de son génie avec une prétention désarmante. Condescendant, insolent, bourgeois et mondain, Blotch fait savoir au milieu artistique parisien la puissance de son art... Cruel, drôle, délicieusement insupportable !
Son double, c’est Blotch, l’homme que croque Blutch au fil de ses pitoyables succès dans le magazine Fluide Glacial. C’est d’un autre temps, d’une autre époque. Drôle, parfois cruel et délicieusement absurde. On n’en attendait pas moins d’un auteur de ce niveau.
Absurde. C’est le qualificatif qui convient le mieux aux histoires de Blotch, signées Blutch. Au fil des premières publications des aventures de ce antihéros ringard, misogyne et fermé d’esprit dans le magazine Fluide Glacial, elles ont ensuite été éditées en deux albums, puis en intégrale aujourd’hui. On passe un fichtre bon moment de rigolade déjantée.
Blotch : Un maître, une œuvre © Dargaud
L’Alsacien Christian Hincker, qui s’est récemment glissé derrière le crayon pour redonner vie à Lucky Luke, n’a plus grand-chose à prouver. Auteur de la BD culte et du très cadré , il a décroché, en juillet 2024, la consécration suprême : avec neuf autres consœurs et confrères, Blutch entre de façon pérenne dans les collections permanentes du Centre Pompidou à Paris.
Blotch est un sacré pied de nez au parcours de celui qui a commencé sa carrière d’auteur en 1988 dans les pages de Fluide Glacial (le vrai !). Au fil des pages, on découvre la parodie grotesque et exacerbée d’un auteur qui pourrait évoluer dans la France du Général de Gaulle. Son ego est surdimensionné, il se prend pour l’artiste le plus influent de Paname dont les minables dessins de presse, vulgaires et machistes, feraient tourner la tête.
Blotch : Un maître, une œuvre © Dargaud
Son rapport avec Georgette, courageuse de partager la vie de cet affreux personnage, en dit long sur son rapport à la gente féminine. Mais Blutch pousse si loin la parodie et ringardise tellement ce double de papier qu’on en rit pleinement. La lecture commence par un sourire en coin et s’achève par une grosse banane qui nous fend le visage tant Blotch outrepasse les limites de la bienséance, force le trait.
Celui de Blutch n’appartient qu’à lui. Personnages élancés et ce qu’il faut de noir pour contraster avec le blanc, un art dont il a le secret. L’avantage de cette édition intégrale, c’est qu’elle permet aux novices de découvrir tout Blotch d’un coup. Sacré morceau à avaler. D’autant qu’il donne à voir la capacité narrative et graphique de Blutch à raconter des histoires. Absurdes.
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