L’histoire démarre dans un petit village du Sud-Ouest dans les années 70. Jacques surprend par hasard comment Charon, le boucher, également maire du petit bled, confectionne ses fameux pâtés vendus à prix d’or et qui font tout le succès de son commerce. Le titre de l’album vend d’emblée la mèche ! Sur ce postulat (qui n’emballera sans doute pas les amis de la gente féline !), Philippe Pelaez nous propose l’histoire d’un gamin qui n’a peur de rien et son irrésistible ascension dans le monde du crime.
Jacques sort d’un milieu illustrant parfaitement ce qu’on a coutume d’appeler un cas social : père routier violent, une mère qui profite de l’absence du mari pour compenser avec des amants de passage. Seule Lily, sa petite sœur, compte énormément à ses yeux. Son analgésie congénitale (insensibilité à la douleur physique) sera un vecteur déterminant de sa maturité précoce. Et, lorsqu’il se retrouve dans un ISES (Institution spécialisée d’éducation surveillée), il va très vite devenir un chef de bande redoutable et respecté.

Du roman noir aux adaptations cinématographiques, les récits d’initiation à la carrière criminelle ne sont pas rares. Celui-ci ne manque ni de sel, ni de rythme, avec un personnage tout en nuances car Jacques Pujol est loin d’être vraiment antipathique rapport aux adultes qu’il affronte. De plus, il est animé par un sens profond de l’amitié.
Francis Porcel a déjà illustré quelques remarquables scénarios de Zidrou dans des genres et des styles très différents (Les Folies Bergère, Bouffon, Chevalier Brayard). En épaulant cette partition, il se montre ici d’une redoutable efficacité, n’hésitant pas à modifier son dessin selon les différentes périodes du parcours du personnage. Et bonne nouvelle pour conclure : le tandem s’attèle déjà à un nouveau projet !