Ce sixième et dernier tome conclut l’histoire de Chimère, une jeune adolescente vendue par ses parents adoptifs à la tenancière d’une maison close parisienne, La Perle Pourpre. Un établissement couru par tout le gratin de la bonne société, artistes et politiciens confondus. Les scénaristes Pelinq et Melanÿn entrecroisent leurs personnages avec quelques célébrités de l’époque sur un canevas aussi inventif que follement crédible.
Après moultes pérégrinations à la recherche de son géniteur (qui n’est autre que Van Gogh), Chimère finit par rencontrer son oncle Théo à Paris, qu’elle croit d’abord être son père biologique. En fait, Vincent, qui n’est jamais remis de la séparation d’avec Olympe, son amour de jeunesse et de sa fille, est interné à l’asile de Saint-Rémy près d’Arles.
Alors que l’exposition universelle de Paris en1889 connait un succès sans précédent, que Ferdinand de Lesseps finit par être confondu dans une affaire de mœurs montée de toute pièce par les Américains qui veulent s’arroger le chantier du canal de Panama, les affaires de La Perle Pourpre commencent à péricliter. La rencontre de Chimère avec son père à Auvers-sur-Oise va sceller le destin des différents personnages. Le scénario épouse une thèse récente qui affirme que Van Gogh ne s’y serait pas suicidé...
Vincent aura consacré plus de sept années à cette série, l’illustrant avec force et conviction avec parfois des passages croqués plus hâtivement que d’autres, notamment les décors à peine suggérés. Dans maintes séquences de ce dernier volet, un trait plus approximatif jure quelque peu avec des cases plus détaillées, des physionomies plus soignées. Mais en relisant l’ensemble, force est de constater que, tant dans le mouvement, que dans les ambiances de cette fin de siècle, le lecteur ne peut que tomber sous le charme des jolies pensionnaires de La Perle Pourpre.