Le troisième et dernier épisode du triptyque Communardes dévoile la révolte de Marie, une jeune servante que la vie n’a pas épargnée. Torturée par de violentes émotions, elle livre un combat aux côtés des mouvements révolutionnaires, pour la libération et l’émancipation des femmes. Un album bouleversant !
Marie travaille comme domestique auprès d’Eugénie, la fille du colonel Jeaujard. Au fil des années, la petite ouvrière se lie d’amitié avec la jeune aristocrate. Marie est alors le témoin de multiples injustices gangrenant « la bonne société », à commencer par le destin tragique de sa meilleure amie, brisée par l’autorité paternelle. La Commune débute et les occasions pour Marie d’exorciser la colère qui la ronge sont belles et nombreuses. Elle est prête...
Le parcours d’une jeune fille attachante et fragile, sans réelle ambition, d’une femme ordinaire, un peu brute de décoffrage. Entraînée malgré elle dans les tourments d’une société meurtrie, Marie s’engage dans le mouvement féministe de la Commune, nourrissant une rancœur touchante. L'atmosphère révolutionnaire constitue pour elle l’opportunité de régler ses comptes avec une classe aisée immorale, gouvernée par un machisme ambiant.
Le dessin fin et réaliste traduit avec émotion la violence d’une époque : les humiliations des classes ouvrières par une bourgeoisie bien abritée, les combats violents et sanglants dans les rues, les pratiques glauques et insoupçonnées de religieuses... La colorisation juste et équilibrée accompagne avec harmonie les planches au rythme haletant. Les personnages expressifs et troublants portent avec vraisemblance et humanité un scénario déchirant.
La série, bien documentée, établit une vision crédible de l’état du débat intellectuel public concernant notamment la condition féminine et la lutte de classes dans le cadre de l’exercice immodéré d’un pouvoir opportuniste. Malgré l’écrasement de l’insurrection, des massacres aux condamnations abusives, ce fut le début d’une émancipation de toutes les femmes, quelle que soit leur échelle ou leur statut, à la recherche d’une égalité légitime.