Après Océan noir, le scénariste Martin Quenehen et le dessinateur Bastien Vivès poursuivent leur vision de Corto Maltèse. Cette fois, on retrouve notre marin dans les pays de l'Est où s'il s'adonne à la piraterie entre les bras de Semira et sa troupe Bosniaques enragés. Mais une telle aventure ne peut que mal finir. Ce deuxième opus livre un scénario de belle facture et un dessin virtuose dont le prodige Vivès a le secret, loin des polémiques sur ses BD clivantes.
À l'aube de 2003, une guerre s'apprête à éclater en Irak. Loin de là, entre deux gondoles à Venise, les trafiquants trinquent. C'est précisément là que se retrouve Corto Maltèse, marin et aventurier légendaire, aux côtés ou entre les bras de la belle Semira. Mais elle n'est pas seule et c'est avec une bande de Bosniaques prêts à en découdre que Corto, le couteau entre les dents, s'attaque à un navire au large de la Croatie. Comment cela pourrait-il bien finir ?
La Reine de Baylone
© Hugo Pratt, Martin Quenehen, Bastien Vivès - Casterman
Déjà très convaincant dans Océan noir, la première aventure de Corto Maltèse qu'il a eu la chance et le talent de scénariser, le chercheur historique Martin Quenehen remet le paquet dans cette très attirante et envoûtante Princesse de Babylone. On y retrouve Corto, un brin pataud et perdu dans ses pensées, comme à l'accoutumée. Mais le voilà transformé en pirate pour attaquer un bateau avec des Bosniaques assoiffés de violence. Qu'adviendra-t-il de l'histoire entre le héros et Semira. Résistera-t-il à l'appel de la Princesse de Babylone ? Il vous faudra très peu de temps pour le découvrir, tant cette bande dessinée se dévore à la vitesse d'un cheval au galop.
Après cette série culte du Neuvième art fondée par Hugo Pratt, un des maîtres transalpins de la bande dessinée et en parallèle de sa reprise par Rubén Pellejero et Juan Diaz Canalès, avec plus ou moins de réussite et d'intérêt depuis 2015, ce vent de renouveau qui pousse les pas du mythique marin est un vrai bonheur d'aventure et de lecture. Il faut appeler un chat, un chat : cette nouvelle approche de Corto Maltèse permet de dépoussiérer certains côtés vieillissants et le rend beaucoup plus accessible au grand public.
La Reine de Baylone
© Hugo Pratt, Martin Quenehen, Bastien Vivès - Casterman
Bien sûr, le trait unique et le dessin virtuose de Bastien Vivès y est pour beaucoup. Son travail sur les ombres, la plastique moderne de ses personnages, sa manière très dynamique de mettre en case et faire passer une foule de messages en quelques regards bien sentis sont tout simplement époustouflants. Mais il serait injuste de ne pas saluer, aussi, le gros travail du scénariste Martin Quenehen et sa narration très percutante.