Fresque en 3 tomes, cette adaptation initiée par Jean Teulé fait la part belle à l'image et l'imaginaire. En trois volumes, elle s'attarde sur les grandes périodes de la vie de Baudelaire et enlumine de peintures expressionnistes les grands poèmes qui jalonnent le récit. Teulé montre un homme qui travaillait ses vers sans relâche, qui voulait réunir dans une même musique l'ignoble et le sublime, et qui a changé à jamais, avec les Fleurs du Mal, la poésie française. À Namur, en sortant d'une église, Baudelaire fait une mauvaise chute qui lui fait lâcher ce juron : Crénom ! Il ne dira dès lors plus rien d'autre. Nous sommes en 1867. Il ne lui reste que peu de temps à vivre... Enfant, il ne se sent heureux que dans les jupes de sa mère. À tel point que le décès de son père le réjouit car, désormais, la femme de sa vie ne sera que pour lui ! Son bonheur sera toutefois éphémère, car quelques mois plus tard elle épouse le chef de bataillon Jacques...
Crénom, Baudelaire ! - T1 : Jeanne
Tino Gelli, Dominique Gelli, Jean Teulé
Série : Crénom, Baudelaire !Tome : 1/1Éditeur : Futuropolis
Scénario : Dominique Gelli, Tino GelliAuteur adapté : Jean Teulé
Prix : 24.90€
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Le synopsis de l'album Jeanne
Grâce aux Gelli, Baudelaire flamboie
Ce premier tome est porté par un verbe et un dessin hauts en couleur. Il faut dire qu’entre le style de Jean Teulé et les œuvres de Charles Baudelaire, le matériau est de qualité. Dominique Gelli a su adapter l’auteur sans trahir le poète, bien au contraire !
Après une longue éclipse, Dominique Gelli, le dessinateur de Raoul Fulgurex, est revenu à la BD en adaptant des œuvres de Jean Teulé, dont ce Baudelaire si outrancier qu’il en est follement attachant. Le dessin au trait faussement imprécis est dans l’esprit du moment. L’apport du numérique est visible pour les couleurs, dont la texture travaillée impressionne, que ce soit pour la beauté d’une robe ou pour la tristesse des bas-fonds de Paris. On peut s’étonner du visage de Baudelaire, loin des photos qui nous sont parvenues. Le bénéfice en est peut-être que nous suivons sa destinée comme celle d’un personnage de fiction, s’affranchissant du carcan de la biographie. La base est un roman, donc tout n’est pas historiquement rigoureux, mais l’adaptation de Gelli, qui a échangé à ces fins avec son ami Teulé, sonne juste et fort. Son fils Tino Gelli a ponctué l’album d’illustrations très « dessin contemporain » qui peuvent déstabiliser des lecteurs de BD, mais son dessin écorché ne jure pas avec les poèmes de Baudelaire mis en regard.
© Crénom Baudelaire de Dominique et Tino Gelli d’après l’œuvre de Jean Teulé © Futuropolis, 2023
Enfance, voyage et voluptés
La première partie du récit est consacrée à l’enfance de Baudelaire, qui affirme d’emblée une farouche opposition à ce beau-père lui volant sa mère chérie. Les biographes situent plutôt à l’adolescence cette attitude. Une petite liberté qui permet sans doute de mieux planter les racines (des fleurs) du mal. Vient ensuite le périple maritime vers l’Inde, dépeignant un Baudelaire flamboyant, mais un peu ridicule face au nécessaire prosaïsme des marins. Du décalage naît un sourire bienvenu. Baudelaire est ainsi encore plus cet albatros, gracieux dans les airs, mais pataud au sol. La troisième partie est de loin la plus longue, mais aussi la plus intense. Sur une centaine de pages, Baudelaire, de retour à Paris, va rencontrer Jeanne Duval, sa muse, et mener une vie de bohème où les drogues sont très présentes. Au rythme de vers (bien) choisis, la sensualité vénéneuse de l’œuvre du poète est mise en valeur avec talent. On n’oublie pas le beau Mademoiselle Baudelaire d’Yslaire, qui met parfois en avant les mêmes mots. Mais ce Crénom, Baudelaire ! apporte sa singularité avec panache. Le tome 1 de la trilogie annoncée est une véritable réussite. Un bel hommage à Jean Teulé, disparu à l’automne 2022, qui donne aussi envie de relire Baudelaire.
La bande annonce sur l'album Jeanne
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