Hermann se penche pour la première fois sur la prime jeunesse de Kurdy, le compagnon de route de Jeremiah. Kurdy a l’intention de faire évader une de ses connaissances d’un camp de travaux forcés. Il va pourvoir compter sur l’aide de Mama Olga, qui entend faire fructifier son trafic de drogue par l’entremise de son jeune protégé. Le regard que porte Hermann sur cette société post-apocalyptique s’avère de plus en plus désespérant sur la nature humaine.
Ce 35ème tome se déroule donc sans la présence du héros éponyme. En se penchant sur le passé de Kurdy, Hermann tente de redonner un coup de fouet à sa série fétiche. Hélas, le scénario de Kurdy Malloy et Mama Olga n’apportera pas un éclairage bien édifiant quant au passé de Kurdy. Elliptique au point d’en être confus, son script laisse beaucoup de blancs dans l’enchaînement des péripéties et pire, dans la caractérisation des nombreux personnages réduits souvent à de simples silhouettes, toutes malfaisantes.

Pendant longtemps le tandem Jeremiah/Kurdy opposait un côté humain salutaire face à la faune dans laquelle ils évoluaient. On cherchera en vain ici le moindre brin d’humanité dans cette bauge où évoluent l’ensemble des protagonistes de cet album. L’histoire s’achève sur un déchaînement de violence que le dessin se complaît à rendre le plus réaliste possible, ne lésinant pas sur les détails.
Pas de surprise non plus quant à sa facture graphique où l’auteur use de toutes les recettes éprouvées, quitte à négliger les proportions de certains personnages dont les physionomies paraissent de plus en plus stéréotypées. Il est dommage que Jeremiah, série phare durant plus de deux décennies, sombre ainsi dans la redite. Contrairement à Comanche, Hermann n’a visiblement pas su s’arrêter à temps. Après l’ère des joyaux, voici venu le temps du strass.