Ne vous attendez pas à lire l’autobiographie de Chantal Montellier en bande dessinée, même si ce pavé de près de 290 pages contient quelques belles pages de strips. Richement illustrée, La Reconstitution déroule le parcours de LA pionnière de la bande dessinée française au féminin. Dès les toutes premières pages, le lecteur est scotché par le rythme de narration de l’auteure, une fine plume.
De son enfance traumatisante jusqu’à ses débuts dans l’univers du 9ème Art, Chantal Montellier offre une sacrée reconstitution agrémentée par ses propres dessins, des images signées par d’autres artistes ainsi qu’un grand nombre de photos. Reconstitution ? Serions-nous convoqués sur une scène de crime ? Un père avec lequel elle n’aura quasiment aucune marque d’affection, une mère épileptique qui se fait avorter au bout de cinq mois de grossesse et qui finira par se suicider après des années d’enfermement en asile psychiatrique, voilà de quoi marquer définitivement une vie.
Ces thématiques seront largement abordées dans toute son œuvre, tout comme ses tumultueux rapports conjugaux voués à la faillite. Chantal Montellier est aussi une auteure politiquement engagée. C’est dans la presse gauchiste qu’elle entame sa carrière graphique avec des dessins politiques mais c’est dans les pages de Charlie mensuel, Métal Hurlant et Ah ! nana qu’elle publie ses premières bandes.
Son trait, influencé notamment par Alex Raymond et Tardi à ses débuts, trouve très rapidement un style propre, aussi identifiable que celui d’un Bilal ou d’un Druillet. On notera aussi que certaines de ses histoires écrites dans les années 70 et 80 ont, face aux réalités d’aujourd’hui, un côté indéniablement visionnaire.
Un second tome, en préparation, couvrira la période des années 80 à nos jours, la plus créative et sans doute celle qui offrira quelques beaux témoignages sur le monde des « petits mickeys » et sa faune éditoriale. Bref, encore quelques bonnes feuilles en perspective !...