Le 6 juin 1944, Robert Capa est l’unique photographe pro à débarquer avec les GI’s américains sur Omaha Beach. Soixante-dix ans après, cet album très bien mené, tant par le développement du scénario que dans un dessin de choix, fait revivre l’intensité du D-Day et réaliser ce qu’être photographe de guerre veut dire.
Il en reste seulement onze. Dix, en réalité. On les nomme The Magnificient Eleven. Onze instants de vie, ou plutôt de mort de ces GI’s venus délivrer la France du bourreau allemand. Onze clichés entrés dans l’Histoire, et désormais dans une bande dessinée. Le procédé est subtil et apporte encore plus de crédibilité aux images de Capa, alors unique photographe pro à mouiller son luxueux imperméable dans la tempête d’Omaha Beach.
Témoins privilégiés du deuxième conflit mondial, on pose un œil aussi aiguisé que celui qui fit les beaux jours de la photo d’actualité, avant de sauter sur une mine, une décennie plus tard en Indochine. Au-delà d’un scénario bien adapté dans un projet qui n’était pas gagné d’avance (pas évident de s’attaquer aux monstres sacrés), ce chouette album permet en plus de rejeter un œil sur ces prises de vue légendaires.
Les auteurs ont pensé cette petite histoire dans la grande au sein d’un format italien, idéal dans le traitement du genre. On passe des photos au dessin qu’elles inspirent avec une fluidité rare. Et même en prenant le temps d’apprécier pleinement le très bon coup de crayon, ce petit bijou commémoratif s’avale en quelques dizaines de minutes.
Un petit dossier permet aux plus aguerris de refaire le point sur la vie de Capa et aux autres d’enfin découvrir tout son talent. Mais aussi d’apprendre comment la majorité de ses pellicules du Jour-J a été détruite par manque de prudence. Belle surprise que ce récit bien brossé, où photos et dessins se complètent en symbiose, à la manière du Photographe.