Voici une vision bien crépusculaire du monde du cinéma à Hollywood. Jerry voit les fantômes des victimes broyées par le système et tombe amoureux d’une jolie actrice décédée 60 ans plus tôt. Visuellement esthétique, sombre, complexe.
Après Aimer pour deux, très réussi, Stephen Desberg continue de puiser dans son histoire familiale pour ses scénarios. Son père et son grand-père travaillaient aux USA dans le milieu du cinéma, on devine donc d’où vient l’inspiration de Movie ghosts.
Etrange aventure que celle de Jerry, détective privé à Los Angeles, traitant les petites affaires interlopes du milieu du cinéma. Cornell, un homme croisé dans un bar, lui fait prendre conscience qu’il a la capacité de voir les morts qui n’arrivent pas à quitter cette Terre car ils n’ont pas réglé leurs comptes avec leur passé. Et Cornell le charge d’utiliser ce don pour mener une enquête sur une actrice de la MGM, morte assassinée. Mai qui est vraiment ce Cornell ?
Odette Armstrong, actrice morte il y a 60 ans, contacte elle aussi Jerry. Ils tombent amoureux. Un amour vrai, mais sans issue. Odette l’introduit parmi les fantômes victimes du système Hollywoodien. Un certain Mayer donne une mission à Jerry, une affaire sordide, sur fond de Maccarthysme, et en échange il lui promet qu’il l’aidera à comprendre pourquoi il voit ces fantômes.
Attila Futaki, transfuge hongrois du comics, s’est clairement investi dans cet album, graphiquement très réussi. Ses vues de Los Angeles la nuit, parfois en pleine page, sont splendides. Ses personnages présentent un vrai caractère, physiquement incarné. Et ses couleurs distillent une beauté mélancolique que semble accompagner un air de jazz traînant joué au saxo...
Movie Ghosts T.1 - Sunset, et au-delà
© Grand Angle, 2022
On ressent une nostalgie pour un « âge d’or » du cinéma aujourd’hui révolu, malgré la dénonciation des excès qui l’ont gangréné. Toutefois le spleen lancinant qui se dégage de ces pages peut rebuter certains lecteurs. Et on se perd parfois un peu dans les intrigues. Mais on retrouve bien l’ambiance poisseuse du polar à l’américaine.
Un charme certain, vénéneux, émane de cette histoire dont on découvrira la conclusion dans un 2nd tome.
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