La pythie était dévouée corps et âme à Apollon mais celui-ci a trop mis sa foi à l’épreuve. Péru et Martino ouvrent cette nouvelle série L’Oracle avec brio, revisitant l’adage selon lequel l’enfer n’est rien comparé à une femme trahie.
Comme beaucoup de héros grecs favorisés par leurs dons naturels, la pythie attise toutes les jalousies, humaines et divines. Cependant, son malheur vient du seul dieu auquel elle vouait son culte, Apollon. Trahie et violée par celui qu’elle chérissait plus que la vie, elle est prête à mettre le pays et l’Olympe elle-même à feu et à sang pour obtenir vengeance.
Olivier Péru se plaît à reprendre des thèmes de l’imaginaire collectif et les réadapter avec un ingrédient secret de son cru personnel. Pour ce premier tome d'Oracle, il jette son dévolu sur une pythie au talent et à la beauté légendaires. Comme pour Nosferatu ou Mjöllnir, Olivier Péru n’invente rien mais conte une histoire passionnante et impossible à lâcher, de la première à la dernière page.
Péru retrouve son partenaire de Nosferatu au dessin. Stephano Martino illustre à merveille cette épopée de Grèce antique. Consultation de la pythie en son temple de Delphes, destruction d’Athènes, conquête de l’Olympe par les Spartes : le scénario de Péru offre toutes les opportunités à Martino. Il dessine aussi bien les lieux mythiques de cette Grèce fantasmée qu’il traite avec soin ses nombreux protagonistes, humains ou dieux. Le tout en laissant libre cours à la folie graphique des scènes de batailles.
Le premier pari de cette nouvelle série, montrant la vengeance d’une pythie sur son dieu malveillant, est plus que réussi. La morale de l’histoire de Péru et Martino demeure aussi gaie qu’une tragédie racinienne, à savoir que les mortels sont bien peu de choses dans le jeu cruel des dieux. Olympe 1 - Grèce 0.
0

0