La saga RIP, aussi glaçante que captivante, se poursuit sous les meilleurs auspices. Enfin, sauf pour Fanette, l'héroïne au cœur de ce cinquième volet aussi diablement réussi que les quatre premiers. Flic infiltrée comme serveuse de bar puis hôtesse dans une boîte crasseuse, l'histoire vue sous son prisme nous fait naviguer dans un scénario au cordeau de Gaet's, sublimé par le dessin de Julien Monier. On s'accroche, c'est parti.
Mais que fait donc cette bande de losers dans ce bar de quartier ? Ou plutôt, car la vraie question est davantage là : que font-ils quand ils n'entretiennent pas leur cirrhose ? Seule derrière son comptoir, la belle Fanette est en réalité une fliquette infiltrée missionnée pour observer cette bande de bras cassés. Profession : nettoyeurs de scènes de crimes. Elle s'emmerde grave, Fanette. Mais l'existence va lui réserver bien des (mauvaises) surprises...
RIP T5 – Fanette – Mal dans la peau des autres © petit à petit, 2022
Dans ce tome 5 d'une saga au succès largement mérité, Gaet's revient avec un scénario digne des meilleurs polars. D'ailleurs, disons-le tout de go : Rip est, de loin, une des meilleures séries thriller éditées ces dernières années. Déjà, parce qu'elle a la fraîcheur d'une narration d'une grande modernité tout en respectant les codes et usages du genre : indice, suspense et dénouement s'enchaînent sans la moindre anicroche.
Ensuite, et ce n'est pas un détail contrairement à son coup de crayon qui sait en fournir plus que de raison, parce que le dessin de Julien Monier semble avoir été fait pour épouser le plus sombre et glauque des polars. Tout comme Gaet's dans son récit, le dessinateur a cette faculté incroyable d'apporter une touche d'humour au milieu des insectes qui peuplent les cadavres en putréfaction, dans la vie triste et morne de ces personnages qui se trouvent là sans trop savoir pourquoi, leurs pires défauts mis au premier plan.
Rip, c'est à la fois l'angoisse, le sourire moqueur, l'espièglerie et ce qui fait l'humanité. Cette saga pousse l'humain dans ses pires retranchements. Ce n'est qu'une fiction. Mais comme on le dit souvent, elle a cette capacité inouïe à dépasser la réalité. Et de loin. Que nous réserverons les prochains titres ? Seuls les auteurs en ont le secret. L'attente sera longue.
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