« La tragédie passe bien mieux à l’écran que le médiocre petit bonheur quotidien. » A cause de cette sentence de l’audimat, Rosko sent bien que la liste de morts risque de s’allonger. Alors qu’il goûtait une retraite tranquille, il voit son pire cauchemar resurgir en plein milieu d’une société où la privatisation à tout va a fait des ravages. Son regard désabusé donne à ce polar d’anticipation toute sa saveur !
Avec Rosko, Zidrou nous sert un futur où la télé a gagné. Les grands groupes privés possèdent tout : la police, la santé et surtout les médias avec leur temps de cerveau disponible. Dans ce paysage terrible surnage le bonheur de Rosko, 57 ans, qui ne veut tirer aucune gloire de son arrestation du plus médiatique des tueurs en série. Le bonheur n’étant pas fait pour durer, il fallait que ce criminel s’échappe lors de son exécution…
Voici lancée une course poursuite où se croisent flics véreux, paparazzis sans scrupules et seule survivante du tueur. Autant de personnages forts en gueule dont le libéralisme a motivé l’instinct de survie. La chasse à l’homme qu’inaugure Per Svenson doit mourir aujourd’hui, est l’occasion d’un récit chorale où, pour l’instant, le cynisme abject de certains côtoie et empiète sur le besoin de bonheur d’autres.
Dans ce monde désenchanté, tous les acteurs ont un rôle à jouer, aussi noir soit-il. Plutôt que de nous donner à voir un lointain Sin City, le trait jeté et l’épure des décors laisse toute la place à l’action et aux plans spectaculaires. Les images sont si fortes qu’elles rendent crédible cette anticipation et attachants les nombreux personnages.
Le rythme parfait, l’intrigue millimétrée et les personnages marquants font de Rosko une série à suivre de près.
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