Même sous la pluie, on ne s’ennuie pas à Tanger ! Les auteurs ont imaginé ce que l’Histoire n’a pas retenu des deux séjours à Tanger de Matisse, avant la 1ère guerre mondiale. Un très joli récit sur l’inspiration... et la vie à Tanger.
Fabien Grolleau part des deux séjours de Matisse à Tanger, sur lesquels on sait peu de chose en dehors des tableaux et dessins du Maître, pour nous broder un joli conte artistique.
Matisse et son épouse débarquent à Tanger un beau jour de 1912. Le peintre est en quête de la douce lumière du Maroc pour se ressourcer, comme le fit autrefois Delacroix. Hélas, la pluie fait son apparition dès le lendemain, et Matisse se morfond dans son hôtel. Sa femme décide alors de rentrer en France. Matisse finit par demander à Monsieur Hassan, gérant de l’hôtel, de lui trouver une femme comme modèle ; chose impensable à Tanger. Mais Amido, jeune garçon servant d’employé à tout faire, propose les services de Zorah. Chaque jour la modèle, une prostituée, va raconter une partie d’un conte oriental, gardant la suite le lendemain pour être rappelée par le peintre. Clin d’œil aux 1001 nuits.

Tanger sous la pluie
© Dargaud, éditions 2022
La couverture dessinée par Abdel de Bruxelles pose bien les ingrédients de l’histoire. Une jeune jolie femme au regard mystérieux assise sur une chaise. La pluie par la fenêtre. Au 1er plan, la main de l’artiste pose son pinceau sur la toile.
Le jour où un esclandre met un terme à ces séances, le beau temps revient et Matisse oublie Zorah pour peindre la ville et ses environs sous le soleil. L’occasion pour Abdel de Bruxelles d’offrir des planches très réussies, où la lumière est suggérée avec une économie de moyens impressionnante. Il compose avec simplement une ou deux couleurs, en plus du noir et blanc. Mais quel rendu !
De retour en France, Matisse sent qu’il ne peut achever ainsi ses toiles et repart à Tanger où il retrouvera Zorah. Mais tous les contes n’ont pas une fin heureuse...

Tanger sous la pluie
© Dargaud, éditions 2022
Matisse a réellement connu la pluie pendant 15 jours à son arrivée à Tanger. Il a réellement peint une certaine Zorah, prostituée. Et nous avons réellement passé un moment savoureux à lire l’histoire qu’en ont tiré les auteurs de Tanger sous la pluie.