À l’issue du premier diptyque, Jonas Crow repartait sur son corbillard avec deux nouvelles associées : Rose, la gouvernante anglaise et madame Lin, une chinoise qui ne s’en laisse pas conter. Mais vivre du business funéraire, même dans l’Ouest sauvage, n’est pas chose aisée. Et lorsque l’opportunité de gagner trois cents dollars se présente, le trio ignore dans quel guêpier il va de se fourrer, pour le plus grand plaisir des lecteurs.
Dans les deux premiers épisodes, Xavier Dorison commençait discrètement à lever le voile sur le passé trouble de son héros. Avant de s’improviser croquemort, Jonas Crow exerçait une toute autre activité sous une autre identité. Confronté au veuf de la défunte, un ancien officier nordiste qui le reconnaît immédiatement, il apprend que Jéronimus Quint, surnommé l’ogre de Sutter Camp, vit toujours.
L’histoire démarre sur un ton de franche comédie entre les trois personnages que le hasard a réunis avant de prendre un tour plus violent et plus dramatique. Quint sillonne les routes de l’Ouest pour vendre ses élixirs et autres produits miraculeux. Par sa physionomie, ce géant roux séduit plus qu’il n’inquiète. Mais son passé lourd l’assimile davantage aux médecins nazis qui sévissaient dans les camps de concentration qu’aux seuls charlatans qui abusaient de la naïveté de leur clientèle. Rose l’apprendra vite à ses dépens.
Une fois de plus, par sa mise en scène dynamique et la fluidité de son découpage, Ralph Meyer démontre que son talent graphique n’a que peu de choses à envier à celui de Jean Giraud : il en est le digne héritier comme le sont aussi Christian Rossi ou Michel Rouge. Mention spéciale aussi à la superbe colorisation de Caroline Delabie, tout en nuances.
Un très beau carnet de croquis préparatoires complète cette première édition mais il va falloir attendre le tome suivant pour connaître le dénouement de cette palpitante histoire.
1 0