À Tokyo, Saburo, un jeune yakuza, se lance dans une guerre des gangs. Son but ? Devenir Oyabun à la place de l’Oyabun, parrain de la ville. Mais le vieux général le sent. Alors, pour se protéger, il va faire sortir de prison Shi, le maître du sabre que 30 ans à l’isolement n’ont pas diminué. Shi, lui, n’a jamais su que c’est la trahison qui a scellé son destin… Une intrigue à la mise en scène originale et très bien menée !
Il est rare qu’un auteur européen choisisse le Japon comme décor à son album et plus particulièrement, les yakuzas comme sujet plutôt que comme arrière-plan pour l’intrigue. Et heureusement, Amazing Améziane le connaît, son sujet ! L’organisation des yakuzas, leurs relations de pouvoir, leurs identités sont décrites avec sérieux et rigueur grâce à un abondant travail de recherche.
Clan n’est pas pour autant un travail naturaliste. Les personnages sont fouillés, crédibles et développés, mais la mise en scène explosive est la véritable héroïne de cet album. Elle donne vie à une histoire de mafia assez classique dans ses prémices mais qui prend en épaisseur en même temps que Shi redécouvre le monde extérieur et ce qui l’a mené à en être coupé pendant plus de la moitié de sa vie. L’histoire se complexifie suffisamment pour devenir passionnante, tout en restant suffisamment directe pour laisser l’action parler.
Et quelle action ! Jamais une BD franco-belge n’avait proposé de scènes de combat aussi intenses et variées. Les cases restent stables, ne s’étendant jamais sur une page complète, conservant une orientation européenne couplée aux angles de vue dynamiques du cinéma japonais et à ceux qu’il a inspiré, Tarantino en tête. Les pages denses ne se tournent pas si fréquemment : les séquences en sont d’autant plus intenses et immersives.
Un scénario assez classique pour un bijou de narration graphique.