Porcelaine - T1 : Gamine

Le premier tome de Porcelaine, Gamine, est un récit à mi-chemin entre la bande dessinée et le conte moderne. Évoquant facilement Barbe bleue en bien des points, cette histoire charme et convainc.

Les temps sont très durs pour Gamine, petite fille pauvre qui attend le retour hypothétique d’un père absent. Acoquinée avec les gamins des rues, elle est poussée, un soir d’hiver neigeux, par la cruelle Belle, à pénétrer dans la demeure de celui qu’on nomme le sorcier. Vite repérée par de curieux chiens blancs, elle ne doit sa survie qu’au cruel homme bien plus doux et en manque d’affection que la légende ne le dit. La petite fille le fait rire, celui-ci lui propose de rester. Les jours s’écoulent doucement pour Gamine dans ce monde peuplé d’automates de porcelaine dont la vie ne tient qu’à un étrange secret. Pourtant, un matin la solitude l’emporte et Gamine prend la décision de s’échapper de cette prison de verre.

Le scénario évoque grandement les contes de fées et plus précisément Barbe bleue dont il emprunte quelques caractéristiques : de l’étrange pièce dans laquelle il est interdit de pénétrer (seule contrainte de la captive), à la clef de la fautive tachée d’une encre indélébile. Les idées bien amenées et le rythme fluide mettent en avant des personnages touchants. L’ensemble envoûtant, haletant évite les effets inutiles et poétiques.

Le dessin, très beau, a digéré les influences art déco qui transparaissent dans des cadres élégants sans jamais sembler artificiels. Les personnages sont expressifs et le maître des lieux aux allures d’ogre particulièrement réussi et émouvant. En outre, de très belles ambiances colorées, notamment la douceur de paysages enneigés violets ou la tension des moments de désobéissance tachés de rouge, finissent de séduire.

Gamine, album raffiné et séduisant annonce probablement une série de qualité. À suivre pour le plus grand plaisir.