Ravina the Witch ?

Une jeune sorcière, dont les pouvoirs ne fonctionnent que lorsqu'elle est saoule, va découvrir le monde des hommes. Entre vices, sournoiseries et désenchantements, ce dernier n'est pas très reluisant... Maîtresse dans l'art du détournement de conte en manga pop et décalé, Junko Mizuno nous offre un magnifique album à dévorer des yeux.

Orpheline, Ravina a été élevée dans une décharge par des corbeaux et n'a jamais vu d'autres humains. Jusqu'au jour où une sorcière vient casser sa pipe dans ses déchets, non sans lui avoir confié sa baguette magique. Forcée de déménager par un projet immobilier, elle va tour à tour devoir fesser des bourgeois, aider un travesti éleveur de choux et battre un roi à un tournoi d'alcooliques. Mais la générosité de Ravina n'est pas de taille face à la noirceur humaine.

Après ses adaptations toutes personnelles de Cendrillon et Hansel et Gretel, publiées au format manga, Junko Mizuno reste dans le même univers avec ce conte sorti de son imagination dopée aux hallucinogènes. L'édition en grand format cartonné, avec papier glacé, est à la hauteur de son graphisme fou, stylisé et coloré. L'auteur profite ainsi de cet espace au mieux, travaillant sur des mises en page originales, agrémentées de nombreux motifs qui mettent en avant son graphisme époustouflant.

Si le format et le dessin peuvent faire penser à une histoire enfantine, ne vous y trompez pas. Ravina n'a pas la vie facile parmi les hommes : sexe, alcool, drogue (oh les jolis champignons qui dansent)... La jeune orpheline va ainsi traverser de nombreuses épreuves. Mais ici, pas question de partir à la recherche du prince charmant, juste du bonheur. Malheureusement, l'auteur ne semble pas très optimiste... Elle nous livre en tout cas un bel objet étonnant et mature dont il serait dommage de passer à côté.