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Lili-Men - T1

couverture de l'album

Série : Lili-MenTome : 1/1Éditeur : Ki-oon

Scénario : Tokashiki TakumaDessin : Tokashiki Takuma

Genres : Manga, Science-Fiction, Seinen

Public : À partir de 12 ans

Prix : 7.95€

  • ZOO
    note Zoo3.0

    Scénario

    3.0

    Dessin

    3.0
  • Lecteurs
    note lecteurs
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Le synopsis du manga

Nito a vécu en laboratoire toute sa vie. Comme des dizaines de ses congénères, il est soumis à de terribles tests qui finissent dans le sang et la douleur, voire la mort. Il dort dans un hangar, est nourri grâce à un tube et ses journées sont organisées par des soi-disant docteurs qui promettent la liberté aux sujets répondant à leurs exigences. Face à la dureté de son quotidien, Nito rêve de la vie décrite dans les livres : manger un repas en famille, caresser un chat, tomber amoureux... Il partage ses espoirs avec ses camarades, toujours moins nombreux. Quand certains survivants développent des capacités surhumaines, ils l'invitent à s'enfuir ensemble... mais ils sont transférés avant d'y parvenir, et Nito les retrouve dans un énorme cocon, réduits à la condition de nutriments pour des enfants de succubes ! Ces créatures surpuissantes contrôlent le laboratoire et se servent des humains comme hôtes pour se reproduire. Repéré, Nito est...

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Goules à facettes

Si nous devions retenir une leçon en provenance du monde du manga, ce serait de se méfier infiniment des centres d’accueil.

Celui-ci, par exemple, effectue des essais cliniques sur humains. Sous couvert de normalité et sous prétexte de les préparer à une vie extérieure sans pitié, l’hôpital soumet ses patients à des tests légèrement disproportionnés. Les conditions de vie dans cet espace sont plutôt fatales pour quiconque ne développe pas certaines capacités. Nito est l’un de ces rats de laboratoires. Consciencieux et benêt, il ne fait pourtant preuve d’aucune compétence hors norme tandis que son groupe d’amis se transforme lentement en surhommes. Leur projet commun d’évasion tombe à l’eau lorsque tous, hormis Nito, finissent sélectionnés en couveuses humaines pour créatures démoniaques. Petite complication dans leur plan, en effet, car le labo est en réalité un centre d’insémination pour Succubes. Ces monstres aux pouvoirs démentiels ne peuvent de fait se reproduire sans cocon humain semi-vivant dans lequel leur fœtus pourra puiser sa future énergie vitale.

Bilan : des amis exsangues et une rencontre musclée qui laissera Nito littéralement en lambeaux. Ne tenant, comme à son habitude, qu’à la force de sa volonté, Nito finira cependant par s’abriter dans un cocon, par contrer la volonté du fœtus qui a dévoré ses amis et par réabsorber la puissance de tout ce beau monde. Un beau geste mais qui ne conclut toutefois pas ses ennuis car, complètement paumé, il met ce faisant le pied contre son gré dans une guerre sans merci entre humains et parodies bestiales de ceux-ci. En outre, l’organisme de lutte contre les succubes ne semble pas vraiment enclin à voir survivre ce nouvel hybride ingérable qui débarque comme une fleur.

Lili-Men T.1

" En outre, l’organisme de lutte contre les succubes ne semble pas vraiment enclin à voir survivre ce nouvel hybride [Nito] ingérable qui débarque comme une fleur. " © Ki-oon, 2025 - Tokashiki

Succuber à la tentation

Chojin x, After gods et maintenant Lili-men, peut-on concrètement constater l’existence d’une vague de séries post-Chainsaw man qui en reprennent, pourquoi pas consciemment, les codes ? De nombreux éléments sont sensiblement comparables. Certains aspects du style adopté par l’auteur, bien sur, mais aussi sa faculté d’action déchaînée, ses personnages pile poil à coté de toutes les plaques et un choix de progression narrative qui, sans non plus dévier de normes déjà bien balisées, pourrait assumer ses similitudes. Transformation, formation, explosion. Le rythme n’est pas surprenant mais est réalisé avec une certaine patte, accompagné d’une certaine noirceur sans ambages, jouissant d’une certaine tendance à l’escalade inattendue, se laissant aller à une certaine interpénétration de l’humour et de l’action. Un mélange subtil, en somme, dans des proportions toutes particulières qui firent mouche dans Chainsaw Man.

Assez, du moins, pour faire cas d’école comme ont pu le faire Naruto ou Dragon Ball dans leurs genres respectifs. Peut-être est-ce aussi dû au type de personnage principal valorisé. Idiot ne pigeant pas bezef, puissant un peu par la force des choses, poussé par des objectifs prosaïquement terre à terre, coincé dans des affrontements invraisemblables avec des créatures aberrantes.

Lili-Men T.1

Un personnage principal "coincé dans des affrontements invraisemblables avec des créatures aberrantes "

© Ki-oon, 2025 - Tokashiki

Nito ni pas assez

Le design initial du personnage principal ne pourra que rappeler celui de Jagaan et son usage particulier des excroissances corporelles. Le conflit entre factions para-humaines et la galerie de personnages qui en découle ne sera pas, quand à lui, sans convoquer Tokyo ghoul. Enfin si l’amorce de la série aurait pu faire croire à un simili-Starving anonymous, c’est dans les propos humanistes dédiabolisant de Togen Anki qu’on retrouve le plus de points communs. Mais Takuma Tokashiki est avant tout un créateur de monstres digitaux hors pair ayant travaillé pendant un temps sur les images de synthèses de l’univers cinématographique Marvel. La série se la joue ainsi assez intensément violente mais fait son lit sur l’indéniable matelas du body horror.

Takuma Tokashiki est avant tout un créateur de monstres digitaux hors pair

Outre une forte tendance à sortir ses personnages de leurs moules pour les replacer dans des situations abruptement incongrues, la série s’insère dans une école de dessin plus spontanée qui n’oublie pas les détails mais ne s’en encombre pas constamment. Elle prend cependant terriblement son envol lors des scènes macabres qu’elle intensifie en démultipliant les focus pleine page fabuleusement chiadés. L’usage de la 3D pour modeler spécifiquement les éléments monstrueux mutants ajoute de plus une texture surprenante au charadesign déjà très réussi des succubes. Cette dichotomie visuelle joue très efficacement sur notre dégoût usuel de cette technologie digitale appliquée à l’artisanat du manga et renforce ainsi la crispation ressentie à l’activation critique de ces renforcements corporels.

Lili-men trouve ainsi très rapidement son identité propre et profite de points forts qui ne laisseront pas insensibles les lecteurs aguerris.

Article publié dans le Mag ZOO Manga N°17 Janvier-Février 2025

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