monsieurpop

Ce n'est pas une bd ! C'est mille et une bd ! Lewis Trondheïm est comme le personnage de sa dernière bd Castelmaure avec Alfred : un mythographe ! Un collectionneur et raconteur d'histoires. Du genre compulsif et génial, du genre persévérant et curieux, du genre innovant et joueur... Plus de 180 livres à ce jour comme dessinateur ou comme scénariste, en collaboration ou seul, dans tous les formats, et presque tous les genres. On a du mal à croire que le dessin soit son point faible, mais on croit volontiers que le scénario soit son point fort. En tous cas ça valait bien 2 jours d'entretiens menés par Thierry Groensteen. Groensteen a déjà œuvré avec le compère Joann Sfar. Il a surtout était la tête pensante des Cahiers de la Bande Dessinée, et mené un grand nombre de théorisations dans le domaine. Habitué aux casses têtes narratifs il s'attèle ici à celui de cet auteur des plus prolifiques. Lequel, s'est forgé une réputation d'ours aux répliques cinglantes, qu'il abandonne totalement ici, en répondant à toutes les questions posées avec force et détails. Trondheïm aime se donner des contraintes et chercher la surprise, y compris pour lui-même.

On a affaire ici à un conte médiéval, mais raconté un peu à la manière de Fargo des frères Cohen. On a des chapitres qui ont l'air totalement différents les uns des autres mais qui s'emboîtent parfaitement à la fin. Le mythographe est à l'image de Lewis. Trondheïm prend un plaisir évident à mélanger ses ingrédients et à s'étonner lui-même de sa propre cuisine. Le dessin et le découpage sont très soignés. D'Alfred j'avais lu entre autres Come Prima que j'avais adoré. La mise en page reprend ici la forme d'un gaufrier de 6 cases. D'une grande lisibilité les planches sont graphiquement très originales et expressives et les couleurs créent des ambiances qui font penser à la tapisserie de Bayeux. De grandes illustrations traitées à la brosse et au pinceau articulent les chapitres. Bel objet, belle édition, jusqu'aux pages de garde et au blason. C'est un one-shot mais je pense qu'une suite est possible.

Où on se dit que la caricature est en dessous de la réalité...

+++

Bourhis est l'auteur de petites encyclopédies bd délicieuses et instruisantes comme Le Petit livre Rock, Le Petit livre Beatles, Le Petit Livre de la Black Music, Le Petit Livre French Pop et ce mois-ci La Maison Blanche : Histoire illustrée des présidents des USA... Avec à chaque fois une foule de petites infos glanées et compilées pour le plus grand plaisir et l'intérêt des lecteurs.

+++

Passera ? Passera pas ? Il est toujours important de savoir à quel genre d'individus amènent mensonges et démagogie, populisme et manipulation..

Le professeur J.T. Meinhardt et son fidèle assistant M. Knox, chassent les monstres genre Vampires et loup-garous dans les Carpates... Classique vous me direz ?! C'est sans compter l'invention et la loufoquerie d'un Mignola (Hellboy, B.P.R.D.) expert dans le domaine de l'étrange et de l'épouvante tendance maléfiques. Trois récits entre horreur et gothique, humour et fantastique servis par un dessin très original de Warwick Johnson-Cadwell. C'est en le suivant sur Instagram (@wocco) que j'ai découvert ce dessinateur anglais au trait anguleux... Son dessin au crayon ✏️ est aux limites du naïf, mais assez underground en vérité (il a travaillé également sur Tank Girl). On n'est pas loin d'un Bézian mais aussi d'Edouard Cour et de son dessin dans Héraklès... Il y a comme un décalage avec le genre vampire, mais le style colle parfaitement au gothique On espère le début d'une longue série avec les deux auteurs.

La saga Donjon, démarrée dans les années 90, (près de 40 albums) se poursuit en cette rentrée 2020 en... +10.000 ans après Donjon Zénith !! Autant dire que l'Heroïc Fantasy se transforme dans ce nouveau tome en SF. Herbert, le canard de la dynastie des Vaucanson laisse la place à Robert son descendant bodybuildé et en colère... Sans trop dévoiler l'histoire on peut dire que c'est un mélange de Bruce Willis version Die Hard, Hellboy pour l'ambiance baston en rouge, de Pacific Rim avec les robots géants, et de beaucoup d'autres choses ... Un cocktail explosif ! Le scénario apporte son lot habituel de surprises et contreprieds et de personnages originaux. Mais ce qui surprend par rapport à la saga principale ce n'est pas tant le virage futuriste mais c'est surtout la violence des bagarres à gros coup de clés à molettes géantes... Pas trop de blablas mais de l'action donc... On demande à voir la suite... Pour fan de canard

On vous cache tout depuis toujours ! Le 10 mai 1981 c'est pas Mitterrand qui a gagné les élections présidentielles mais bien Coluche... Heureusement les frères Erre nous rétablissent la vérité ! Fake news ?! À l'heure où Trump pense sérieusement que la javel est un remède au covid et que Bigard se porte candidat cette révélation paraît des plus crédibles ! La différence c'est que Coluche ne se prenait pas au sérieux, même si sa candidature avait plus de fond qu'il n'y paraît (il va être crédité de 16% d'intentions de vote, et créer les restos du cœur en 1985). Les frères Erre (Coen de la bd ?) s'amusent comme des petits fous, avec un Fabrice au mieux de sa forme. J'adore ce dessinateur de plus plus productif (Z comme Diego, Walter Appleduck) qui me rappelle Jacovitti et son univers déjanté (Coccobill), Poirier tout en rondeurs (Supermatou dans Pif) ou encore Mordillo... Les grandes cases voire les pleines pages sont un pur régal d'enchevêtrements et de cocasseries... Bref, il faut absolument lire cet album ! C'était la France de Gicquel et Mourousi, de Daniel Gilbert et Léon Zitrone... De Georges Marchais et de Hara-kiri...

C'est l'histoire vraie d'Erik Torvaldsson surnommé Erik le Rouge, et de ses deux fils, qui part d'Islande avec sa famille fonder une colonie qu'il nomme Groenland, le pays vert... Le tout alors que la Norvège évangélise en nombre et en force son voisin... Une histoire scandinave du danois Søren Mosdal (Basquiat)...

C'est aride, rude et torturé, âpre, rugueux, tragique, brut, graphique et violent. J'ai parfois perdu le fil j'avoue... Le dessin expressionniste, très inspiré manque à certain moment de lisibilité, mais toujours très original et servi par des couleurs étonnantes. On ressort essoufflé, essoré, exsangue de la lecture un peu éprouvante, mais aux fulgurances indéniables...

et tous les ressorts de l'histoire sont du même style. C'est vraiment pas terrible. Moi qui aime tant la SF j'ai été super déçu ... Le mélange avec le Walking Dead de l'espace est totalement raté. L'histoire et comme le dessin absolument pas lisible. Je ne parle même pas des couleurs qui sont très laides.
•
Bilan : j'aime pas du tout ❎

Le mix s'annonçait excellent ! Un mélange de genres (science-fiction, guerres, teenagers, uchronies, monstres...). Mais j'ai trouvé que l'histoire avait du mal a démarrer et qu'elle était un peu brouillonne... On sent trop que ça doit s'étendre sur 3 tomes prévus... Le récit resserré aurait gagné vraiment son côté punchy. Le dessin est par contre superbe ! Un univers militaire uchronique avec des personnages hauts en couleurs, des scènes d’action dynamiques et une grande richesse dans les décors. Les couleurs sont wahooo ! Un dessinateur à suivre...

A peine résolue une affaire d'imitateur de Jack l'Éventreur, que le célèbre Sherlock Holmes et son acolyte le Dr Watson sont forcés par Mycroft à investiguer une nouvelle énigme. Et pas des moindres : tout un village, Keelodge, s'est entièrement transformé en un enfer de zombies. La veine intarissable des nouvelles histoires dérivées de l'univers Holmesien d'Arthur Conan Doyle croise cette fois-ci celle à la mode des Walking Deads en puissance. Le mélange fonctionne assez bien, et comme les questions n'ont pas trouvé de réponse à la fin de ce premier tome on a hâte de lire la suite. J'arrive un peu en retard sur cette série qui en est déjà au tome 6 : un tome par trimestre, et donc quatre dessinateurs différents pour un recit qui fonctionne comme une série TV. J'étais un peu sceptique sur le dessin, mais finalement je me suis laissé prendre par le récit et il y a quelques grandes cases très réussies. La dynamique des rapports Holmes/Watson reste toujours le ressort central de ces aventures.
•

Et si on mixe le meilleur manga (Akira de Matsumoto), au plus original du comics (Kick-Ass, Scott Pilgrim), au meilleur de la BD européenne (Mœbius), au plus captivant du roman graphique (Ces jours qui disparaissent) ? Ben ça donne Bolchoi Arena, un récit d'anticipation, qui mêle réalité virtuelle, vaisseaux spatiaux, explorations lointaines, mais aussi dissociations et dépendances aux jeux, et affres amoureuses. Les deux héroïnes, Marje, étudiante en astrophysique, et son amie Dana, explorent avec brio le Bolchoi Arena, nouvel univers de jeux immersif interplanétaire. Les décors et les vaisseaux sont superbes, le dessin des personnages très fin et d'une grande sensibilité, les couleurs pastels et les fines trames donnent un ton suranné un peu 80's, des séquences d'une grande contemplation aèrent un récit plein d'action. Pas de mièvrerie ici, mais une BD rythmée qui va de rebondissements en batailles interstellaires, chassé-croisé entre réalité et virtualité. Derrière le jeu, des conflits et des compétitions économiques. Se profile à la fin des enjeux plus vastes encore... Et surprise on découvre ensuite qu'avec une appli on peut tout reprendre avec des contenus bonus en VR GENIAL!

Fortement attiré par de très belles couvertures, la suite est un peu en courant alternatif

Le base-ball, très présent dans le récit, n'est en réalité qu'un prétexte à mettre en scène les difficultés des relations père/fils dans une famille éclatée. Le père, très bon joueur, semble un peu débile, et l'équipe dont il est coach et capitaine est à son image, avec des joueurs un peu simplets. Le fils (au Qi impressionnant) est lui entièrement voué aux études. Au contact de ce père "très spécial" il va néanmoins apprendre peu à peu des leçons de vie qu'on n'apprend pas à l'école. Les thèmes de l'enfance habituels de l'auteur sont très présents dans cette œuvre de jeunesse. Le graphisme à la fois brut et enfantin est assez inhabituel, les attitudes loufoques du père assez incompréhensibles , la violence et la rage du fils presque pardonnables. Le mélange de ce graphisme malhabile et de ces affres de l'enfance est perturbant. L'histoire contient de beaux moments tendres mais aussi beaucoup de moments hystériques bizarres... Reste un récit et un style original à découvrir.
•
Matsumoto sera mis à l’honneur lors du Festival International de la BD d’Angoulême 2019 avec une exposition qui lui sera entièrement consacrée.

Trouvée (à un prix défiant toute concurrence) dans une braderie vide-grenier aux alentours de Brive, j'ai dévoré ces petits morceaux d'anthropologie du quotidien du grand Zep livrées en tranches ou petits chapitres. Le talentueux créateur du célèbre Titeuf se livre ici sans fards et parfois sans vêtements à un autoportrait sans beaucoup de concessions et follement drôle. On s'émerveille toujours devant un trait si inventif et plein d'humour et de tendresse. Et on s'étonne parfois d'y voir des propos assez graves sur le deuil, le sexe, la déprime, les larmes, l'engagement... Des courtes séquences très justes distillent une petite philosophie personnelle propre à l'auteur. On s'enthousiasme de voir que notre Titeuf n'est autre que notre Zep en modèle réduit... Et inversement. Un même regard avec un peu plus de distance adulte (à peine en vérité). Zep s'auto-caricature avec des supers pouvoirs (voir à travers les vêtements, voler dans le ciel) ou encore un physique d'indecrottable non-sportif ... Réflexions sur la notoriété, le dessin, les arts contemporains, sa génération... Et un amour sincère du rock, de la nature et du dessin. Présenté sans melons pour pas un radis.

Bonnie Black est une vieille dame fragile, qui a peur de la mort. Mais le jour de son décès, elle renaît en Adystrie, un monde fantastique en guerre où elle retrouve ses proches mais dans un univers et à des âges totalement différents. Rapidement, elle apprend qu'elle est l'élue, celle qui va libérer le royaume du mal qui le ronge
...
•
Attiré par un dessin vraiment extra de Capullo, qui est déjà le brillant dessinateur de pas mal de Spawn et de Batman, et par la signature du fameux Mark Millar (l'auteur de Civil War, Kingsman et kick-Ass rien que ça), je m'egageais dans la lecture de REBORN avec un avis a priori très positif. En plus le postulat de départ, d'une renaissance après la mort dans un univers heroic-fantasy mais aussi un peu SF, s'annonçait prometteur... Le résultat est mitigé ! Certains passages fonctionnent très bien, d'autres sont d'une mièvrerie sans nom. Et le dessin est globalement top, mais semble un peu léger justement sur les pages moins nerveuses. Dommage