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Cosey, infatigable voyageur

Quand il est sacré Grand Prix d’Angoulême alors que, de son propre aveu, il n’y croyait plus, Bernard Cosendai dit Cosey, avait déjà mis le point final aux aventures de son alter ego : Jonathan. Avant qu'il préside le festival de 2018, revenons sur les chemins parcourus par ce Suisse pour y piocher des récits dans « la nostalgie confuse » de ses voyages.

Déjà en Suisse, le dessin pour raconter

Photo de Cosey (C.A. 1975)

Cosey, dans ses jeunes années

Dès ses 15 ans, Cosey, alors apprenti graphiste, sait qu’il fera de la bande dessinée. Il se débrouille pour contacter Derib, alors le seul auteur de BD professionnel du pays. Il est convenu qu’une fois son diplôme de graphiste en poche, il puisse travailler avec lui. C’est chose faite en 1969, où il rejoint le père de Yakari dans son atelier, l’aide pour les couleurs avant de le suivre en Belgique où il rencontre André-Paul Duchâteau. Sous l’impulsion de Derib, le scénariste de Ric Hochet lui écrit alors les scénarios de Monfreid et Tilbury, aventures humoristiques publiées dans le quotidien Le Soir.

Après quelques autres publications en solo dans des quotidiens, Cosey voit enfin acceptée son idée de série autour d’un occidental amnésique évoluant dans les montagnes himalayennes : Jonathan.

Des Alpes à l’Himalaya, la neige et les nuages comme horizon

En 1975, Le Journal de Tintin inaugure donc les aventures de l’éternel voyageur qu’est Jonathan. Cette série conjugue les passions de Cosey pour la spiritualité et les sommets enneigés. Après deux aventures réalisées en Suisse, l’auteur « avai[t] fait le tour des 30 ou 40 photos publiées sur le Tibet. La seule solution consistait à [s]e rendre sur place pour [s]e constituer [s]a propre documentation. » Le jeune dessinateur suisse a 26 ans lorsqu’il pose un pied pour la première fois dans la chaîne de l’Himalaya.

Documents du premier voyage de Cosey en Himalaya

Documents du premier voyage de Cosey en Himalaya

Comme les pas de Cosey croisent les traces de son héros de papier, qui lui ressemble physiquement, Jonathan est décrit comme une autobiographie imaginaire. Cosey précise lors d'un entretien avec Isabelle Dillmann « Je suis l’ombre obscure de Jonathan, qui lui correspond à une part idéalisée, lumineuse que j’ai eu envie de développer sur le papier. »

Les aventures de ce baroudeur avide de quêtes spirituelles seront couronnées par le Prix du meilleur album à Angoulême en 1982, décerné à l’album Kate. Pour échapper à la pression de la série qui compte alors 7 albums, Cosey crée A la recherche de Peter Pan, qui met en scène un romancier en quête d’inspiration dans les Alpes suisses.

Du désert de l’Arizona à une fugue suisse, l’amour comme mélodie

Prépublié dans Tintin en 1983, le roman graphique A la recherche de Peter Pan surprend par son succès critique et public, ce qui offrira aux voyages graphiques de Cosey une latitude supplémentaire. Sans abandonner Jonathan, il multiplie les escales en BD que ce soit en Italie aux côtés de deux vétérans de la guerre du Vietnam (Voyage en Italie) ou à nouveau en Asie avec Saïgon-Hanoï, qui reçoit le Prix du Meilleur Scénario à Angoulême en 1992.

Si la neige n'est plus forcément au premier plan, les récits de Cosey font toujours la part belle à l’amour. Celui-ci se niche jusque dans ses titres d’album avec Une maison de Frank L. Wright et autres histoires d’amour. Sentiment qu’il mettra au premier plan lorsqu’on lui propose de réaliser une histoire avec le mythique Mickey. Un nouveau rêve qui se réalise pour celui qui rêvait de travailler pour Disney lorsqu’il avait 10 ans !

Extrait de la couverture d'une Mystérieuse mélodie

Extrait de la couverture d'une Mystérieuse mélodie

Pour créer son propre récit autour de la célèbre souris, il choisit de narrer sa rencontre avec Minnie, alors espionne. Avec une mystérieuse mélodie comme seul indice, Mickey poursuit Minnie à travers les Etats-Unis des années 30. Un thriller amoureux qui annonçait son dernier album en date, Calypso, où il met en scène deux sexagénaires qui montent l’enlèvement d’une riche actrice à sa propre demande. Pour l’occasion, il parcourt les montagnes suisses en noir et blanc.

S’il a abandonné la couleur pour son dernier titre, il continue d’inspirer des auteurs, dont Manu Larcenet, finaliste en même temps que lui pour le Grand Prix d'Angoulême. Admiratif, l'auteur de Blast affirme simplement que « chez Cosey, tout est à sa place idéale. »

Portrait de Cosey par JP Grandjean

Portrait de Cosey par JP Grandjean

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