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L'éternel théâtre humaniste d'Ocelot

Après l’échec commercial injuste de Dilili à Paris, Michel Ocelot se refait une santé avec Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse, un théâtre moraliste articulé en trois contes. Un exercice proche de la zone de confort.

Aussi splendide plastiquement que peu subtil dans la manière d’intégrer ses thématiques féministes dans son récit, Dilili à Paris a divisé, au point de devenir le plus gros échec commercial de son réalisateur Michel Ocelot. Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse, présenté au dernier festival d’Annecy, marque donc un retour vers des territoires plus modestes, plus familiers aussi : ceux du conte moraliste et du théâtre d’ombres qui ont fait sa réputation depuis près de quarante ans, notamment avec Les Contes de la nuit. Un retour que l’on peut presque qualifier de refuge avec ses recueils d’histoires courtes et ses couleurs chatoyantes enserrées dans des cadres fixes où se débattent des princes et princesses contrariés.

Humanismes orientaux et auvergnats

Pendant une pause-déjeuner sur un chantier colossal, une ouvrière entreprend de raconter trois contes sur les suggestions hétéroclites de son assemblée. Tel est le fil d’Ariane de ce film d’animation, assemblage improbable d’histoires. La première évoque la conquête de l’Égypte par un pharaon noir pour les yeux d’une belle tandis que la deuxième plante son décor dans l’Auvergne médiévale dévoilant la légende locale du beau sauvage, celle d’un prince héritier déchu, bien décidé à se révolter contre la cruauté de son père. La dernière, quant à elle, s’apparente à une variation des Mille et une nuits à la sauce Azur et Asmar avec son vendeur de beignets charmant la fille du grand vizir prisonnière des ors luxuriants de son palais ottoman.

Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse

Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse
© Nord-Ouest Films-StudioO - Les Productions du Ch'timi - Artémis Productions, 2022

Montée en puissance

Difficile de ne pas voir Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse comme une zone de confort, d’autant que le premier conte, assurément le plus faible par sa lenteur, peine à dissimuler son statut initial de commande pour le musée du Louvre. Fort heureusement, la suite corrige remarquablement le tir en faisant la part belle à l’onirisme pour mieux diffuser la candeur humaniste et libertaire chère à l’auteur de Kirikou. On retrouve alors ce triomphe des sentiments amoureux sur la cruauté des aînés et des conventions, magnifié par l’ironie délicieuse de nos héros évoluant dans leurs décorums sensuels et délicats comme de la dentelle. Michel Ocelot se ressource et nous rassure en attendant un prochain grand projet que l’on espère audacieux et innovant.

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