Lidwine : Adieu l’ami

Le 1^er mai 2025, jour de la Fête du Travail, Lidwine nous a quittés quelques jours avant ses 65 ans. Rares sont les dessinateurs qui en si peu d’albums ont su inspirer le respect de leurs confrères et l’affection des lecteurs. Retours sur une carrière atypique.

Car Lidwine a publié dans toute sa carrière seulement deux albums… ou presque : Le dernier loup d’Oz en 1994 et L’ami Javin, premier tome de Avant la Quête, préquel de La Quête de l’oiseau du temps, en 1998.

Couverture de Le dernier loup d'Oz, bande dessinée publiée en 1999

Couverture de L'Ami Javin, préquel de La Quête de l'oiseau du temps,1999

« Ou presque » ? Oui, il existe d’autres ouvrages auxquels il a collaboré : des collectifs, mais parfois aussi des livres faits en solo. Après avoir contribué au début des années 80 au journal de BD breton Frilouz (créé dans le cadre du festival Quai des Bulles), il publie en 1986 La véritable histoire du Conrad Deschamps, inventeur du point final chez un petit éditeur : La frite équatoriale. Une petite pépite illustrée. L’année suivante, il commet sous le pseudonyme Dominique Lebreton Uluru, le second volume des aventures de Zaza, le chien de Michel Drucker et Dany Saval, sur scénario de cette dernière ! (Le jeune Gibrat avait dessiné le tome 1 !) Lidwine fait ses classes.

Mais il a déjà en tête Le dernier Loup d’Oz, à la suite d’échanges avec Delcourt. Il mettra plusieurs années à aboutir à un album baptisé Prologue, qui fait sensation dans le monde de la bande dessinée à sa parution. Un album ambitieux et populaire à la fois, au dessin riche et généreux. Lidwine le dédie à un certain Jean-Claude Baudouin. Qui est-il ? lui avais-je demandé à l’époque. Ce Baudouin était un de ses amis disparu, un apiculteur qui allait jusqu’au bout de ses convictions, un homme vrai tel que Lidwine, écologiste militant, les appréciait.

Par la suite, pas de tome 2 du Dernier loup. A la place, Loisel le convainc de dessiner L’Ami Javin. La réalisation est bien plus longue que prévu. Quatre années. Il faut dire que Lidwine est un artiste authentique, à la fois perfectionniste et insaisissable. Le résultat est graphiquement superbe. Mais ce sera tout pour « L’ami Lidwine », comme aimait à l’appeler Loisel. Ce dernier lui a gardé toute son affection mais a choisi de travailler après avec Aouamri dans l’espoir d’augmenter la cadence d’Avant la Quête.

Pendant quelques années, les lecteurs ont voulu croire que Lidwine se remettrait au Dernier Loup d’Oz. Il avait en tête plusieurs albums qui devaient le conduire jusqu’à la fin des années 2000. Puis on y a cru de moins en moins. Lidwine ne vivait pas pour produire, même s’il s’agissait d’albums de bande dessinée, lui qui était passionné par le dessin.

En dehors de la BD, Lidwine a réalisé de nombreux travaux d’illustrations et de BD en lien avec ses engagements. Des dessins contre le nucléaire, les OGM, pour l’écologie, pour des causes en lesquelles il croyait. Des travaux pour partie compilés dans Où vont les hommes ? en 2006 puis repris et complétés dans Tout va de traviole ! en 2013, tous deux édités par La Boîte à Bulles. Il a aussi participé à des projets engagés sur Ulule, avec l’association des Dessin’Acteurs. Il multipliait les pseudos : Marcel de la Gare, Breyzh Pascal, Dom… Ou il signait de son vrai nom Dominique Legeard, comme quand il écrivit avec Jérôme Félix pour Alain Janolle le scénario de Ces petits riens qui changent tout, chronique amoureuse dans une petite ville normande parue en 2022.

C’est à notre connaissance son ultime publication.