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L'expo Monstrologie de Stan Manoukian chez Daniel Maghen : monstrueusement beau !

Nous avons eu la chance de visiter en compagnie de Stan Manoukian l’exposition Monstrologie qui lui est consacrée à la galerie Daniel Maghen, à Paris. Il a eu trois ans pour la préparer, ce qui lui a permis un fort investissement. Le résultat est à la hauteur.

Si l’artiste fut surtout connu dans un premier temps sous le nom de Stanpour ses bandes dessinées avec Vince (Vortex, Les Chronokids…), il s’est fait par la suite un nom avec des illustrations de monstres, sympathiques, mignons ou effrayants, que l’on a pu découvrir dans des ouvrages tels Diary Of Inhuman Species, Monstre (série jeunesse avec Séverine Gauthier), Speciesou Mini encyclopedia of monsters.

Des livres de monstres et des orignaux

Des livres de monstres et des orignaux de Stan Manoukian
© ZOO le Mag - François Samson

Et maintenant, il s’attaque au mythe de Frankenstein. L’exposition de la galerie Daniel Maghen présente 300 dessins de Stan Manoukian, en se concentrant sur l’aspect « monstrueux » de son œuvre. Des créatures se sont échappées dans l'exposition, pour le plus grand plaisir des visiteurs…

Une scénographie ponctuée de monstres parfois inquiétants

Une scénographie ponctuée de monstres parfois inquiétants de Stan Manoukian
© ZOO le Mag - François Samson

Stan Manoukian vient de publier chez Gallimard une version richement illustrée de Frankenstein de Mary Shelley. Ses illustrations sont parsemées de symboles gothiques et de mort. « J’ai attaqué Frankenstein comme une œuvre gothique », nous confie-t-il. « Avec des illustrations verticales : tout monte vers le ciel. ». Loin de Boris Karloff, Stan représente le monstre de Frankenstein tel que Mary Shelley le décrivait, avec les cheveux longs. La scénographie, très réussie, de l’exposition présente notamment un monstre de Frankenstein à taille « réelle » : 2m60, comme précisé dans le roman !

Stan Manoukian et Olivier Souillé devant le monstre de Frankenstein

Stan Manoukian et Olivier Souillé devant le monstre de Frankenstein "grandeur nature" de Stan Manoukian
© ZOO le Mag - François Samson

Stan confesse : « Je suis dans ma zone de confort quand je travaille seul. Mais sur Frankenstein ou quand je travaille avec une autrice comme Séverine Gauthier (qui écrivait toutes les semaines un poème en quatre vers, que j’illustrais par un monstre), je sors de ma zone de confort. Si dans le texte je dois dessiner quelque chose que je n'aime pas dessiner, je le dessine quand même ! »

Farandole de monstres de Stan Manoukian

Farandole de monstres de Stan Manoukian
© ZOO le Mag - François Samson

Devant une œuvre de grande dimension lui ayant demandé « deux mois de travail sept jours sur sept, douze heures par jour », Stan explique sa technique : un travail en clair-obscur avec des points lumineux pour créer des centres d’attention dans ses illustrations. Le résultat est impressionnant. Mais comment fait-il pour dessiner si grand ? « J'ai toujours le croquis sous les yeux et je pars depuis en haut à gauche, pour éviter d’en mettre partout, et je descends. Et j'ai toujours un papier sous la main pour ne pas salir. Je reviens sur le dessin pour monter la sauce petit à petit et arriver au contraste que j'ai dans la tête. Pour la couleur, je reviens sur mes lumières et mes noirs. Je fais en sorte que ce que je veux ressorte en premier même si je mets plein de détails. »

Stan Manoukian explique l’importance de la lumière

Stan Manoukian explique l’importance de la lumière
© ZOO le Mag - François Samson

Stan confesse qu’il s'amuse avec des petites histoires périphériques qui apparaissent dans ses illustrations. Elles ne sautent pas forcément aux yeux. On les découvre en s’immergeant dans le dessin. « Même moi je les oublie ! » Il ajoute que s’il fait une illustration, il s’agit en fait aussi d’une petite histoire.

Stan partage sur ses outils. Le visiteur de l’exposition comprend vite qu’il aime travailler le noir. « Un noir profond, ce que permettent le fusain ou la pierre noire, mais avec lesquels il est difficile d'aller dans les détails. D’où le recours au crayon à l'huile qui lui aussi va loin dans les noirs. » Il dessine sur papier teinté, jaune.

Stan Manoukian partageant sur son travail

Stan Manoukian partageant sur son travail
© ZOO le Mag - François Samson

Pour le dessin d’un loup inquiétant face à un minuscule chaperon rouge, Stan avait fait deux croquis préliminaires. Comme il aimait bien les deux, il en a tiré un dessin en un noir et blanc à la verticale et un en couleur à l’horizontale, « pour ne pas être redondant ». Il précise : « Je travaille en plus grand pour aller plus dans le détail que dans le croquis et modifier ce qui ne me plaît pas. Que je me sente à l’aise. »

Le grand méchant loup et le petit chaperon rouge selon Stan Manoukian

Le grand méchant loup et le petit chaperon rouge selon Stan Manoukian
© ZOO le Mag - François Samson

Les visiteurs de l’exposition remarqueront que souvent du rouge apparait sur les croquis préparatoires, mais pas sur les illustrations finales. « Le rouge vient du dessin animé. Pre croquis. Pas besoin de gommer, le rouge n'apparaissait pas. J'ai pris cette habitude. J'aime bien sur certains dessins. Sur grands dessins j'essaie d'avoir la main un peu légère.

Esquisse préliminaire avec travail au crayon rouge par Stan Manoukian

Esquisse préliminaire avec travail au crayon rouge par Stan Manoukian
© ZOO le Mag - François Samson

Stan nous parle de ses personnages : « Je travaille l'expressivité des personnages, qu’ils soient secondaires ou principaux. On est attiré par le visage, puis l'œil voyage tout autour. Et on découvre les détails. Je rajoute beaucoup d’organique. Les personnages secondaires ont des champignons, par exemple. On est souvent plus attaché aux méchants avec leur caractère et leurs défauts. » Se documente-t-il en amont de ses dessins ? « Je regarde de moins en moins de la doc, car à force, je l’ai dans la tête : le museau est différent selon que je prends un chien ou une belette. »

Vision saisissante d’un homme-araignée par Stan Manoukian

Vision saisissante d’un homme-araignée par Stan Manoukian
© ZOO le Mag - François Samson

Mais comment s’est fait la bifurcation entre la bande dessinée et l’illustration autour des monstres ? Stan nous dit tout. « Je viens de la bande dessinée. J'ai commencé en 1988. J’ai fait une trentaine de BD avec Vince. Et en 2007 j’avais envie d’échapper au travail en duo. C’était l’émergence blogs. En postant tous les jours. J’avais un univers infini devant moi avec les monstres. » Pour les créer, Stan a fait des mélanges avec pierres, des insectes, etc.

Des monstres qui peuvent être mignons

Des monstres qui peuvent être mignons
© ZOO le Mag - François Samson

« J'ai dessiné un monstre par jour pendant 3 ans. Ce qui a abouti à un livre chez Ankama avec chapitrage. » Si ce livre est épuisé, il va être réédité avec une nouvelle couverture et de nouveaux monstres.

Mais poursuivons l’aventure « monstrueuse » de Stan : « Des Américains m’ont contacté et sont venus à Paris visiter mon atelier. Comme ils avaient une galerie aux USA, ils m'ont proposé d'exposer. J'ai accepté et me suis aperçu après que ça me faisait flipper : Je n’étais plus à m'amuser dans ma chambre ! J'ai fait une puis deux expos puis j’ai été assimilé à un groupe d'artistes et on a exposé au Japon (plutôt des sculptures que des dessins), au Danemark, en Espagne, en Italie et à nouveau aux USA. »

Une sculpture d'un monstre sympa de Stan Manoukian

Une sculpture d'un monstre sympa de Stan Manoukian
© ZOO le Mag - François Samson

Puis Stan a droit à sa première expo en « solo » aux USA. Pourquoi les USA ont été si réceptifs à ses monstres ? « Il y a 15 ans, le monstre était davantage ancré dans la culture populaire aux USA. Depuis, il a gagné en influence en Europe. Des films ont nourri une génération qui a baigné dedans. Le monstre est bien plus accepté en France maintenant. »

A noter que l’exposition a été prévue à hauteur d’enfants, notamment dans le cadre d’un partenariat avec le Musée en herbe.

Dessin de Stan Manoukian dont des versions à colorier étaient proposées dans des festivals

Dessin de Stan Manoukian dont des versions à colorier étaient proposées dans des festivals
© ZOO le Mag - François Samson

Exposition-vente à la galerie Daniel Maghen (36 rue du Louvre à Paris) du 4 décembre 2025 au 10 janvier 2026 (fermeture du 24 décembre au 1er janvier).

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