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Julie Doucet à Angoulême, par-delà la BD

Du 26 au 29 janvier 2023, Julie Doucet expose son œuvre subversive au sein de l’Hôtel Saint Simon à Angoulême. Le temps du festival, une belle rétrospective est dédiée à l’œuvre aussi éclectique que créative de la Grand Prix 2022. Retour en images sur l’exposition « Julie Doucet, toujours de grande classe » avec Zoo le mag.

Dans la cour pavée de l’Hôtel Saint Simon, à Angoulême, un drôle de petit panneau accueille les visiteurs ce week-end du 26-29 janvier : « attention, exposition pour public averti ». Il faut dire que l’œuvre de Julie Doucet surprend par sa spontanéité, par son humour sans concession et par son encrage dense. « Julie Doucet, toujours de grande classe » propose de découvrir une œuvre dans laquelle « se superposent toujours exploration autobiographique, questionnement sur l’identité féminine et réflexion sur le langage bande dessinée. » Une œuvre foisonnante et plurielle, impossible à mettre dans une case.

Le parcours chronologique de l’exposition commence par des dessins d’enfance. Suivent quelques productions d’adolescence, période où l’autrice commence à questionner le genre, le rapport aux menstruations, au sexe.

Julie Doucet à Angoulême, par-delà la BD

© Guillaume Berthier, Zoo le mag

Au 1er étage de l’exposition, plusieurs dizaines de planches originales sont présentées. La grande majorité d’entre elles sont de petites histoires courtes, sur une ou deux pages, à l’humour absurde et au trait fouillé. Ces scénettes sont issues des fanzines créés par Julie Doucet : les Dirty Plotte (comprenez « prostituée sale »), Ciboire de crisse ! ou encore Monkey and The Living Dead.

Dans les années 90, l’autrice canadienne produit des œuvres avant-gardistes par bien des aspects. Mais le médium BD lui semble encore trop restrictif. Le dessin commence à l’ennuyer et elle est « usée par la solitude » d’être l’une des seules femmes du monde de la BD. Elle n’est d’ailleurs que la troisième femme à obtenir le Grand Prix sur les 50 ans d’existence du festival d’Angoulême.

Julie Doucet à Angoulême, par-delà la BD

© Guillaume Berthier, Zoo le mag

Julie Doucet décide dans les années 2000 de changer de mode d’expression artistique. Elle se tourne vers la poésie, le roman-photo, la sérigraphie, la gravure mais aussi le collage. De multiples productions artistiques toujours liées à des thèmes qui lui sont chers : l’autobiographie ou encore l’absurdité du monde.

On citera, en vrac, quelques productions : ses sérigraphies inspirées de photos d’une famille inconnue trouvées à Berlin, sa collection d’objets appartenant au Mouvement Lent, ses photomontages de la province imaginaire de Prinparigal… Des œuvres pour certaines jusque-là inconnues du public et extirpées des tiroirs de l’artiste par le commissaire d’exposition June Misserey.

Julie Doucet à Angoulême, par-delà la BD

© Guillaume Berthier, Zoo le mag

Il y a peu Julie Doucet est revenue à la BD, signant une impressionnante fresque de 19 mètres, accrochées en haut des murs du 2ème étage de l’exposition. Cette curieuse frise représente des souvenirs de Julie Doucet : une foule se presse, visages et bulles s’emmêlent. « Mon texte était écrit d'avance mais mes dessins sont totalement improvisés », explique l’autrice.

L’exposition touche à sa fin et nous apprenons que l’autrice va se détourner à nouveau du dessin. Julie Doucet « s’ennuie » et nous avons déjà hâte de découvrir ce qu’elle va créer à l’avenir.

Pour aller plus loin

Angoulême2023

Exposition

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