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Pas de ratés pour les dératés

L’être dans la grande valse de la domination. Peut-on échapper à la vilainie comme on espère échapper à la roue du karma ?

Un grand gaillard à la vie bien rangée tombe dans la pire des abîmes lorsqu’il est rattrapé par d’innombrables dettes familiales. Fini l’optimisme et bienvenu au travail mafieux forcé. Contraint de tout abandonner et de vendre son corps pour rembourser la faramineuse somme qu’il doit soudainement, Morgan se réveille perclus après être passé sur le billard. Délesté de son identité légale et de quelques organes, il se retrouve en outre cyborg branlant à la poigne de fer et à la surchauffe facile. Le gang qui possède dorénavant tous les droits sur son existence le pousse à s’enfoncer éternellement dans une servitude droguée dont il ne comprend pas les contraintes, mais qu’il pressent en tout point létal pour son intégrité physique et mentale.

« Une série d'action qui sait gérer son rythme narratif »

Le surhumain déshumanisé

Coincée dans un bourbier similaire, Lisa se débat avec les menottes métaphoriques que le même clan lui a imposées. Contrairement à Morgan, cependant, elle a de la valeur à leurs yeux et une volonté de liberté qui va provoquer des étincelles. Elle est en effet la dernière représentante de son espèce, cobaye indispensable au maintien du petit système criminel qui les cloue au sol. Morgan, Lisa et un acolyte de dernière minute aussi surprenant que compliqué à gérer franchissent le Rubicon en tentant une échappée rocambolesque qui initiera une course-poursuite intense.

Pas de ratés pour les dératés

© Toryumon Takeda 2018 / Futabasha Publishers Ltd.

Les quatre enfers en l’air

Badducks initie une fuite en avant qu’on croirait suffisamment porteuse pour pouvoir durer indéfiniment et pourtant s’arrête net. Pas de flemmardise narrative dans cette série d’action qui sait gérer son rythme narratif, notamment en optant pour un pivot central en forme d’ellipse qui se joue de l’astuce scénaristique ronronnante des grandes séries à succès traînant en longueur. L’autrice articule radicalement son récit, lui permettant ainsi de mobiliser avec une emphase en deux temps toute information distillée au long du récit sans délayer. Badducks est une plante rare et rayonnante bienvenue dans une jungle entrelacée de récits dont les genres se recoupent systématiquement.

Pas de zigzag

La série abandonne une linéarité aventureuse facile pour concentrer ses thèmes autour de l’idée de conséquence. L’autrice nous met ainsi face aux indispensables conséquences d’impérieux changements drastiques et se permet au passage de changer le paradigme thématique de sa série, en plus de faire trembler le rapport de force antagoniste fondamental. Initialement autoéditée, la série se renforce de l’intelligence et de la passion d’une autrice qui a parfaitement saisi la liberté que lui octroyait ce format.

Article publié dans ZOO Manga N°11 Janvier-Février 2023

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