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La planche de la semaine : Titeuf, Zep

La planche de la semaine : Titeuf, Zep

Chaque vendredi, on découvre ensemble une planche de l'immense collection de la Cité de la bande dessinée et de l'image d'Angoulême qui propose jusqu'en août 2026 une exposition fascinante et sans cesse renouvelée : Trésors des Collections. Dans la section Gros nez, découvrez la planche #6 de Zep !

Le mot du commissaire de l'exposition, Jean-Pierre Mercier

Né en 1992 sous le crayon du dessinateur suisse Zep (alias Philippe Chappuis), Titeuf fait ses premiers pas dans une revue amateur Sauve qui peut. Remarqué par un éditeur de la maison Glénat, il est publié en recueil en 1993, avec un succès d’abord confidentiel, avant que l’engouement des jeunes lecteurs n’en fasse un phénomène d’édition qui provoque les réactions négatives de beaucoup d’adultes, Titeuf étant accusé d’être vulgaire et inutilement transgressif. L’énorme succès du personnage peut sans doute s’expliquer par l’amalgame entre un certain classicisme de la forme – Zep étant un héritier convaincant de la meilleure tradition du dessin comique franco-belge – et une appréhension sans fard de la réalité des jeunes enfants d’aujourd’hui, mâtinée d’une foncière gentillesse des sentiments. Car, malgré ses provocations involontaires, Titeuf reste un personnage essentiellement naïf.

Best-seller depuis trente ans, Titeuf a été adapté sous forme de dessin animé TV et de long métrage en 3D. Il a permis la création d’une revue, Tchô !, et été l’objet d’un important merchandising. Zep l’a mis au service de nobles causes (Handicap International) et de l’information des pré-adolescents : Le Guide du zizi sexuel, livre de vulgarisation qui a remporté un énorme succès.


Attaché au caractère régressif de son héros, Zep a par ailleurs publié des albums de caractère plus « adulte » (Les Filles électriques, Happy Sex, L’Enfer des concerts…).

Le mot du chroniqueur de ZOO, par Frédéric Grivaud

Zep est un auteur étonnant. Non seulement, en effet, il s’inscrit comme une sorte de fils spirituel des grands maîtres du franco-belge « gros-nez », mais en plus il a su très intelligemment amorcer le tournant du dessin réaliste en y apposant une touche très personnelle très convaincante.

Cependant, comme on peut le voir avec cette planche, Zep reste un virtuose du gag en une planche, très fluide, qui mêle adroitement un humour décalé, très jeunesse et savoureusement transgressif avec un regard plein de tendresse sur cette « naïveté » enfantine en jouant sur les qui proquo, sur cette façon d’apprendre la vie « sur le tas », au gré des expériences, des choses que l’on découvre petit à petit. De ce fait, Titeuf parle un langage universel qui s’adresse à tous, de tout âge, avec des petites références qui nous renvoient à nos propres jeunes années d’explorateurs du quotidien.

Mais le dessin y est pour beaucoup, cette pincée caricaturale, ces expressions, ce sentiment de glisser d’une case à l’autre sans s’en rendre forcément compte, tout participe à un langage propre à Zep, généreux et extrêmement lisible et efficace. Le trait est beau, gracieux, les décors ont ce qu’il faut pour parfaitement situer le cadre de chaque scénette et le lettrage tout en rondeur constituent un ensemble qui fait mouche tout de suite.

Le style Zep au meilleur de sa forme.

La planche de la semaine : Inspecteur Bayard, Olivier Schwartz, Bayard, 1989

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