Un vendredi sur deux, on découvre ensemble une planche de l'immense collection de la Cité de la bande dessinée et de l'image d'Angoulême qui propose jusqu'en août 2026 une exposition fascinante et sans cesse renouvelée : Trésors des Collections. Dans la section SF , découvrez la planche #38 :

Le mot du commissaire de l'exposition, Jean-Pierre Mercier
Créée dans la presse américaine en 1933, Brick Bradford est l’œuvre du scénariste (et journaliste) William Ritt et du dessinateur Clarence Gray. Saga de science-fiction qui se situe dans la même tradition que Buck Rogers (né en 1929) et Flash Gordon (lancé en 1934), Brick Bradford a popularisé, au moins dans un premier temps, une heroic-fantasy débridée, dont on retrouve l’influence au cinéma américain jusque dans Star Wars.
Entouré d’un petit groupe de fidèles (dont son éternelle fiancée Béryl Salisbury), Brick Bradford parcourt l’espace, le temps (une machine, le «Time Top » lui permet de voyager aussi bien dans le passé que dans le futur) et les dimensions : l’épisode le plus célèbre de la série voit Brick, réduit à une dimension infinitésimale, pénétrer dans une pièce de monnaie dont les atomes constituent autant de soleils et de planètes.
Mais les auteurs délaissent parfois la science-fiction pour des aventures plus classiques ou des intrigues policières. Traduit dans de nombreux pays (dont le France où on le rebaptise Luc Bradefer), repris en comic books, adapté en serial par la Columbia en 1947, Brick Bradford brille moins par son élégance graphique que par l’inventivité de ses intrigues. Ce classique aujourd’hui un peu désuet possède le charme naïf d’une époque où la bande dessinée était, comme l’a dit le spécialiste de la littérature populaire Francis Lacassin, « le clair de lune de la réalité ».
Le mot du chroniqueur de ZOO, par Frédéric Grivaud
Brick Bradford, sans vraiment révolutionner le genre, s’inscrit néanmoins parfaitement dans la tradition des héros de pulp, comme John Carter… et popularisée dans les strips par Buck Rogers quelques années auparavant. Le héros courageux qui, en compagnie de ses amis, la belle Béryl Salisbury, le professeur Kala Kopak, vit de nombreuses aventures. Alex Raymond reprendra pratiquement le même modèle dans ses Flash Gordon.
Toutefois, cet aspect « générique » qui sert de base à toutes ces créations est en soi un passage obligé qui permet de s’assurer un lectorat fidèle qui cherche bien plus à retrouver tous les éléments qu’il aime, à garder ses repères. De ce point de vue, Brick Bradford va surfer habilement sur ces bases jusqu’en 1987, qui verra la fin de la série.
Graphiquement, bien qu’il n’ait pas la virtuosité d’un Raymond, Clarence Gray s’en sort extrêmement bien, comme on peut le voir ici, avec cette très belle gestion des noirs et une mise en scène très efficace qui pose à la fois les enjeux et les principaux personnages. Le regard ne s’égare pas, le trait est expressif et très vivant et on peut apprécier l’usage de l’encrage au pinceau, tout en délié très agréable, avec des textures au pinceau sec de toute beauté (la première et la dernière case).
À cette époque, le noir et blanc est la norme et Gray le maîtrise parfaitement. Une belle démonstration d’un savoir-faire évident. Un artiste qui mériterait d’être davantage réhabilité.
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