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Juan, du dessin animé à la BD !

Quand l’occasion s’est présentée pour lui de passer de l’animation à la BD, Juan n’a pas hésité une seconde ! A l’occasion du festival BD’Répian, ce dessinateur passionné revient sur son parcours atypique.

Quand une rencontre peut tout changer...

Comment êtes-vous venu à la BD ?
Pas facile pour rats et grenouilles de faire la paix !

Pas facile pour rats et grenouilles
de faire la paix !

Devenir dessinateur de BD était un rêve de gosse et j'ai eu la chance d'être soutenu par mes parents. J'ai donc suivi la formation dispensée par l'Ecole Emile Cohl, avec l'option Cinéma d'Animation, fasciné que j'étais par le fait de donner vie à mes dessins. J'ai ainsi pratiqué les différents métiers de l'animation pendant près de vingt ans.

C'est ainsi que j'ai été amené à travailler au poste de storyboarder sur une série, qui malheureusement n'a jamais dépassé le stade de projet, Rat's dont le créateur n'était autre que Ptiluc. Lorsqu’il a décidé d'utiliser les scénarios de la défunte série animée pour les adapter en BD, il m'a contacté pour me proposer de l'assister dans cette entreprise. Ce furent mes premières planches officielles... et j'ai finalement assisté Ptiluc sur sept albums de cette série.

Qu'avez-vous gardé comme techniques de votre précédent métier ?

De mon métier de storyboarder, j'ai gardé le goût du découpage et l'habitude de dessiner petit (mes planches sont réalisées sur un format A4 qui surprend pas mal de monde !)

De mon métier d'animateur, j'ai gardé le goût du mouvement, du rythme et de la dynamique, bien utile pour dessiner mes F1 dans toutes les situations.

Que signifie pour vous le passage de Jean-Louis Garcia à Juan ?

Quand j'ai commencé à me dire que je tenterais bien l'aventure de la BD, Ptiluc m'a fait remarquer que pas mal d'auteurs portaient le même nom que moi. Il m'a donc suggéré de trouver un pseudonyme. J'avoue que je n'ai pas cherché bien loin car bon nombre de mes amis m'appelaient déjà Juan, et ce depuis mon enfance.

Comment avez-vous rencontré Ptiluc ? Quel était votre travail sur Rat's ?
Juan et Ptiluc, une collaboration qui ne manque pas d'humour !

Juan et Ptiluc, une collaboration
qui ne manque pas d'humour !

Alors là, ça remonte à près de trente ans. Je l'avais rencontré au Festival BD de Brignais en 1986 si mes souvenirs sont exacts. En bon fan que je suis, je lui avais fait dédicacer quelques albums de Pacush Blues mais la rencontre a plus précisément eu lieu lorsqu’il est venu visiter le stand de l'Ecole Emile Cohl, stand sur lequel nous avions affiché quelques unes de nos planches. Il a examiné nos travaux, puis a demandé à me voir, à ma grande surprise car mes dessins étaient alors dans un registre très réaliste, et un peu maladroits, il faut bien le reconnaître. Il a gentiment commenté mes planches, m’assurant que mon écriture était des plus pourries et m'a illico donné un cours de lettrage sur le stand même.

Je sais que Luc a oublié cet épisode mais ce moment est resté gravé dans ma mémoire comme celui où je me suis dit que devenir dessinateur était finalement possible !

Sur Rat's, mon travail consistait à préparer les planches au crayon à partir du storyboard élaboré par Ptiluc, puis après « contrôle de qualité », nous faisions l'encrage ensemble, Luc assurant les parties les plus personnelles et me laissant carte blanche pour le reste. J'allais alors passer quelques jours chez lui et nous dessinions l'un à côté de l'autre, ce qui nous permettait d'être très raccord et très efficaces en termes de rendement. Je garde un superbe souvenir de ces moments-là.

Une passion intarissable

Parlons de votre série Paddock, les coulisses de la F1, comment est né le projet ?

Je travaillais à cette époque sur l'album Le Désir de Jim, et Nathalie Voyer, qui s'occupait alors de ses albums chez Vents d'Ouest, m'a un jour appelé pour me demander si j'avais envie de dessiner des « bolides au ras du sol ». Ils avaient ce projet dans les cartons et cherchaient un dessinateur. J'ai dû hésiter un quart de seconde avant de répondre oui ! Je suis donc entré en contact avec Pat Perna, et le courant est passé tout de suite. Nous avons réalisé quatre tomes de Paddock.

Quel travail de documentation avez-vous fourni pour dessiner cette série ?

Bien que peu passionné par Internet, je me suis forcé à chercher des centaines de photos sur le web. Mais je ne me suis pratiquement jamais servi de ces centaines d'images, qui encombrent donc mon disque dur : je déteste cordialement l'affichage sur un écran ! Du coup, je me suis abonné aux magazines dédiés à la Formule 1, et là j'ai eu tout ce dont j'avais besoin. C'est tellement plus sympa d'avoir les photos sous le nez et de pouvoir les examiner dans tous les sens. J'aime trop le papier, je crois !

Avec les Broken Arms, chaque grand prix est une expérience unique !

Avec les Broken Arms, chaque grand prix est une expérience unique !

Comment est né le projet original de La Légende de Little Boost ?

Alors ça, il faudrait le demander directement à 'Fane, car je ne suis arrivé sur ce projet que plusieurs années après qu'il l'ait écrit.

Il avait storyboardé cette histoire délirante, puis l'avait rangée dans un tiroir pour passer à autre chose. Nous nous sommes rencontrés chez Jim, avons sympathisé puis quelques années plus tard, il m'a fait lire ce storyboard. Il m'a alors dit qu'il ne pensait pas porter le projet plus loin avant de m’appeler quelques temps plus tard pour me dire « pourquoi ne le dessinerais-tu pas ? » Vous connaissez la suite ...

Auriez-vous un petit penchant pour l'ambiance Far-West ?

J'adore ! Mon enfance a été bercée par le Western du Dimanche soir, et côté BD, de Lucky Luke à Buddy Longway, de Comanche à Tex, de Blueberry à Jonathan Cartland, j'ai dévoré tout ce qui traitait de la conquête de l'Ouest américain.

J'ai eu grand plaisir à dessiner cet univers : les saloons, les canyons, les chevaux, les colts et winchesters...jusqu'aux onomatopées propres au western qui sont devenues mythiques et incontournables !

Vous participez au festival BD'Répian, quel est votre programme ?

Mon programme ? Rencontrer un maximum de lecteurs et leur dédicacer mes albums du mieux que je le puisse afin qu'ils gardent un bon souvenir de notre échange.

Que vous apporte en tant que dessinateur de participer aux différents festivals ?
Comme le chat, le dessinateur de BD est un solitaire qui aime parfois retrouver ses semblables...

Comme le chat, le dessinateur de BD
est un solitaire qui aime parfois
retrouver ses semblables...

Participer à un festival de BD est un vrai régal pour moi ! J'avoue qu'à mes premières sorties, j'étais très anxieux à l'idée de dessiner pour les gens, en direct-live. Je craignais de les décevoir... sans compter le fait de dessiner à côté de tous ces auteurs si talentueux et performants ! En clair, j'avais un trac fou.

Et puis, avec le temps, je me suis rendu compte que les lecteurs étaient là pour le plaisir de la rencontre et de nous voir dessiner devant eux. Il y a un côté magique à regarder surgir un dessin d'une page blanche, quel que soit le style !

Je me ressource toujours lorsque je participe à un festival. Il m'arrive aussi parfois de côtoyer quelques une de mes idoles de jeunesse, et alors là, passé le trac, je suis sur un nuage ! Après tout ça, je rentre chez moi gonflé à bloc, et je me remets au travail jusqu'à la prochaine fois.

Quels sont vos projets ?

Je travaille actuellement sur un album censé être le premier tome d'une série, avec à nouveau Pat Perna au scénario, toujours édité chez Vents d'Ouest et mettant en scène les aventures d'un personnage un peu baba cool sur les bords, qui a décidé de faire le tour du monde au volant d'une 4L fourgonnette... en compagnie d'une grenouille nommée Greenpeace !

Le titre définitif n'a pas encore été choisi mais ça ne saurait tarder...je suis déjà aux deux tiers des planches, alors il va falloir vraiment se pencher sur la question.

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