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Un papa fier de ses filles !

Depuis la réédition de sa série Les Filles, sa page Facebook fait un carton ! Christopher revient avec enthousiasme et humour sur cette renaissance mais aussi sur ses deux passions le dessin et la musique, pour notre plus grand plaisir !

Un seul mot d'ordre : la passion !

Comment êtes-vous venu à la BD ?

Christopher : : C’est un serpent de mer qui est en moi depuis longtemps puisque j’ai toujours dessiné. Quand il fallait faire un exposé en français je prenais Les Tuniques bleues ou Spirou et lorsque j’étais aux arts appliqués je prenais Blake et Mortimer. Pourtant je ne comptais pas du tout en faire. Ce n’est qu’après que je me suis rendu compte que j’avais envie de raconter des histoires.

J’ai d’abord essayé d’écrire un roman mais je me suis vite aperçu que si j’étais bon dans les dialogues pour les descriptions on était loin de Flaubert ! J’ai donc décidé de raconter des histoires comme je savais le faire, en dessinant. C’est comme ça que j’ai commencé mes premières bandes dessinées il y a 20 ans.

Cette année les éditions Kennes rééditent votre série Les Filles, parlez-nous de cette renaissance.

Je connais Dimitri Kennes, le fondateur des éditions Kennes, depuis quelques années. Lorsqu’il m’a parlé de monter sa maison d’édition je lui ai proposé la série Les Filles dont le tome 6 était prêt mais n’avait pas été publié suite à des problèmes financiers.

La série en elle-même est née à Tours sur un pari avec un libraire. Pendant une exposition qui a duré un mois, j’ai proposé chaque jour une nouvelle planche inédite que j’encrais la nuit et présentais le lendemain. C’est comme ça qu’est né le premier album Pyjama Party, en 46 jours.

Comment avez-vous travaillé sur cette réédition, y a-t-il eu une réécriture ?

Oui forcément car les expressions ne sont plus les mêmes. Il y a aussi eu une partie assez rigolote de remise à jour puisque la série a commencé en 1999 et qu’on ne dit plus « tu m’envoies un fax » ou « arrête d’écouter ton walkman ». J’ai changé très peu de choses, seuls les dialogues ont été touchés et les couleurs refaites.

Finalement les préoccupations des jeunes filles sont toujours les mêmes, c’est à dire les garçons ! C’est assez curieux d’ailleurs car ça n’a pas vraiment changé, mes filles lisent aujourd’hui la série alors qu’elles n’étaient pas nées à l’époque et ça leur parle !

Vous êtes également éditeur aux éditions Kennes, quel est votre rôle au sein de cette maison d’édition ?

Je vais surtout ramener des projets, montrer à Dimitri ce que je trouve intéressant. Jusqu’à présent j’ai eu quelques projets que j’ai essayé de défendre mais qui, hélas, n’ont pas tous pu voir le jour. Si j’entends parler d’un projet je vais voir l’auteur, l’aide à monter son projet et le rendre viable en retravaillant parfois le découpage ou le scénario. J’aime ce côté d’accompagnement même si pour l’instant on est surtout à la recherche de projets aussi bien en littérature qu’en BD.

Quand Dimitri m’a proposé de le rejoindre j’avais envie de faire partie de cette aventure parce que je le connais et que je l’apprécie énormément. Mon but n’est pas d’être juste auteur d’un album dans un catalogue c’est surtout que tout le monde travaille ensemble et croit en l’aventure.

Vous avez également créé et participé à plusieurs ateliers, dont le dernier, l’atelier Bayadère avec votre compagne Sandrine Godin. Comment expliquez-vous cette envie de travailler accompagné ?

J’ai commencé à Paris dans l’atelier des Vosges avec Sfar, Blain et toute la clique. C’était assez agréable d’être dans une forme d’émulation quand on voyait le travail des autres. J’étais bien avec d’autres collègues mais désormais j’ai envie d’être seul. Cette émulation je la retrouve dans le travail avec ma femme qui fait quelque chose de complètement différent puisqu’elle est styliste. On a un regard opposé sur la façon de faire qui me plaît bien. Je ne suis pas complètement seul mais j’aime de plus en plus tous mes grands moments de silence.

Des Beatles à Spirou !

Vous préparez en ce moment la biographie des Beatles en BD. Pouvez-vous nous dire comment vous travaillez sur cet énorme projet ?

Le projet est né de la série Love Song chez Le Lombard dont le premier tome faisait référence aux Beatles. Je voulais retranscrire les biographies que j’avais lues en bande dessinée mais je me suis vite retrouvé confronté aux 25 000 versions différentes du même événement. J’ai donc décliné le même moment trois à quatre fois selon différents points de vue. Ça m’a déjà amené énormément de travail. De fil en aiguille, le projet est devenu gigantesque.

Pour une journée de dessin, j’ai quatre à cinq jours de recherche. Je dois retrouver le Liverpool de 1956, comment étaient les bus, lequel ils prenaient, quelle était la coupe de cheveux de McCartney, quelles étaient les tenues qu’ils portaient. Et là ça devient effrayant. Il y a très peu d’archives de la jeunesse des Beatles mais des millions de fans à travers le monde qui eux savent tout et sont très pointilleux. C’est un projet véritablement chronophage !

Pouvez-vous nous parler de votre prochaine sortie chez Kennes ?

Je suis ravi car je travaille avec Ruben Pellejero avec qui je n’aurai jamais pensé pouvoir travailler ! On s’est pris d’amitié il y a quelques années et j’avais envie de me mettre au scénario au service de quelqu’un d’autre. J’ai écrit une première histoire mais il me l’a renvoyée en me disant qu’il voulait quelque chose de plus rock. Je lui ai donc proposé un récit que j’avais en tête depuis longtemps.

Un mec se retrouve à l’enterrement de son père et annonce sa dernière volonté qui n’est pas d’être enterré dans le caveau familial mais qu’on jette ses cendres sur l’île de Wight. Le fils va alors suivre tout un chemin prévu par le père avec une bande-son des années 70 que Ruben adore. Il se retrouve donc à dessiner des vieux qui fument des joints, des guitaristes et des Combi Van et il est enchanté !

Comment adaptez-vous votre style graphique aux séries ?

On a l’impression qu’un dessinateur a toujours le même style mais cela change beaucoup. Pour Love Song, mon dessin est de plus en plus noir parce que ça s’est naturellement manifesté comme ça. On pense que je gère mes séries mais ce sont les personnages qui me gèrent, même pour le dessin.

C’est quelque chose d’intuitif qu’il faut écouter mais qui est un peu démoniaque car je n’ai pas le sentiment de contrôler quoique ce soit. Il se passe la même chose pour mon album avec Ruben, ce qui est d’autant plus intéressant que ce sont ses personnages et le trait qu’il leur a donné qui m’emmènent encore ailleurs. Il y a notamment un personnage qui a pris une direction totalement imprévue et qui me ravit !

On parle aussi d’un Spirou de… en préparation ?

Effectivement il est en route mais je ne peux pas trop en parler car il est très particulier !

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