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Ulrich Schröder vous embarque avec lui dans le monde de Disney

Le monde de Disney, Ulrich Shroder est tombé dedans quand il était petit. De Donald à Mickey tout son monde tourne autour de cette joyeuse bande. Il vous invite à découvrir son univers et vous dévoile sa théorie du camembert.

Un rêve de gosse

Comment êtes vous arrivé au dessin ?

Alors mes parents sont architectes, donc j’étais entouré de dessins tout le temps. On m’a donné ma première bande dessinée à quatre ans pour me consoler car j’étais tombé : c’était un Journal de Mickey. Il y avait une histoire de Carl Barks à l’intérieur. Je m’en souviens encore !

A neuf ans, j’ai essayé de dessiner ma propre histoire de Mickey Mouse et depuis je n’ai jamais arrêté. Un jour, ma mère m’a dit « Fais quelque chose de ta vie ! », mon père « Fait ce que tu veux de ta vie ! » donc j’ai continué à dessiner. Au début, je lisais Carl Barks mais je ne savais pas qui il était, quand j’ai su ce qu’il faisait dans la vie je me suis dit : je veux faire ça !

A vingt ans, je suis allé chez Disney en Allemagne pour travailler en freelance et finalement ils m’ont embauché parce qu’ils n’avaient pas l’œil pour voir que j’étais quand même moyen.


Votre petit préféré chez Disney, c’est Donald ?

Oui mais le personnage le plus intéressant c’est Mickey. C’est le plus compliqué à dessiner car c’est difficile de ne pas le faire trop enfantin. Mickey était très fort dans les années 30, puis il est devenu un symbole pour la société Disney : il ne pouvait plus être aussi agressif qu’il l’était avant donc Donald a pris ce rôle.

Alors moi j’essaie de retourner vers le vieux Mickey qui est plus fort et qui ne sait pas tout. Il y en a des histoires comme ça, pas beaucoup mais il y en a.

Quel genre de bande dessinée lisez-vous ?

En ce moment, je travaille beaucoup et les nouvelles bandes dessinées c’est comme une avalanche qui m’étouffe ! Alors je lis très peu de nouvelles choses. Ce que je préfère ce sont les classiques : Astérix, Tintin, Iznogoud, les bandes dessinées de Carl Barks, d’Harvey Kurtzman. C’est lui qui a fait le Mad Magazine : j’adore ce gars, j’ai tout de lui. J’adore aussi Will Eisner et The Spirit, j’adore Lewis Trondheim, Le Chat du rabbin de Joan Sfar, Perspolis. J’aime beaucoup quand les gens ont quelque chose à raconter.

Quel matériel utilisez-vous pour dessiner ?

Je déteste l’informatique ! J’ai un ami qui a un studio d’animation et qui a voulu m’offrir une tablette graphique parce qu’il en avait trop mais je n’en ai pas voulu. J’ai trouvé les plumes qu’utilisait Carl Barks pour dessiner. Ils n’en font plus mais j’ai trouvé des vieux stocks sur internet : c’est magnifique de dessiner avec ça. J’utilise aussi un pinceau, je crois que c’est le même qu’utilisait Uderzo pour Astérix. Quand je fais mes esquisses, je les fais avec des stylos plumes des années 30, ils sont super fins et à la fois super flexibles. Ce que j’adore c’est que ça fait des tâches, des trous et il faut faire avec.

Une vie consacrée à Disney

Comment vous y prenez-vous pour faire une couverture ?

Un jour, j’ai demandé à Dan Jippes, qui est pour moi le meilleur dessinateur Disney aujourd’hui, de corriger une des couvertures que j’avais faites. Il l’a fait et maintenant dès que j’ai quelque chose qui peut lui plaire, je lui demande de le corriger. D’abord je fais un dessin grand comme un timbre que j’envoie chez l’éditeur, qui ne sait pas qu’il est aussi petit, car je leur envoie juste une photo. Ensuite il me le renvoie et je l’agrandis sur l’ordinateur, je mets en place les titres et les dessins.

J’imprime ça en bleu pâle et je le redessine. J’essaie de le pousser et si ça me plaît, je l’envoie chez Dan en lui demandant de l’améliorer. Et généralement il trouve quelque chose à changer ! Ensuite je prends le crayonné et je l’imprime en A3 toujours en bleu pâle et je l’encre avec ma plume ou mon pinceau. Puis je le scanne et je l’envoie au Journal de Mickey.

Pourquoi dessinez-vous d’abord en tout petit avant d’agrandir ?

Il y a deux raisons : j’adore les petites choses et je suis myope. Quand j’étais à l’école je faisais des antisèches qui étaient si petites que personne ne pouvait les lire ! Si vous dessinez aussi petit que ça vous ne pouvez pas vous encombrez avec des détails qui remplissent la page, on va à l’essentiel. Et c’est ça que je veux. Si je fais un grand dessin j’ai tendance à le remplir, là je ne peux pas.

En quoi consistait exactement votre travail quand vous étiez conseiller éditorial chez Glénat ?

Ce qui était génial avec cette collection Carl Barks, c’est que ça n’existait pas encore en France. Il y avait eu plusieurs tentatives pour publier ses histoires mais ça n’avait jamais été un succès. Un des rêves de Jacques Glénat était de publier une de ses bandes dessinées préférées : celles de Carl Barks. Donc il en a vraiment pris soin. Moi, mon boulot c’était de faire en sorte qu’un fan aime ça. Il fallait vraiment y ajouter des informations, des détails, etc. Il fallait que ça soit pour le grand public mais aussi pour les collectionneurs. J’ai été très surpris parce que ça marche super bien ! Il y a beaucoup de gens qui trouvent que c’est ringard, que c’est vieux, mais en fait ces « vieux trucs » là se vendent dix fois mieux que les histoires plus modernes.

Quel a été votre plus gros défi ?

Un défi que je n’ai pas réussi c’est que je suis le dessinateur le plus lent du monde ! Je ne suis pas efficace, je redessine une planche trois fois pour être satisfait. Mon défi serait d’avoir un rythme et une efficacité qui convienne à une production régulière de bande dessinée mais je suis trop lent pour cela alors j’en fais une de temps en temps.


Un grand défi c’était d’apprendre à encrer d’une manière vivante avec un pinceau. Je compare ça à un camembert. Un camembert français au lait cru il pue mais il a du caractère ; un camembert allemand, il est pasteurisé, il n’a pas de bactéries mais c’est fade. Je veux faire des bandes dessinées comme des camemberts français.

Est-ce que vous avez un projet auquel il vous serait impossible de dire non ?

Si un jour, j’ai le temps je ferai des livres basés sur des courts métrages Disney qu’on ne connait pas mais version Max et les Maximonstres ou Les Trois Brigands. J’en ai fait quelques-uns mais j’aimerais en faire plus. Et j’aimerais aussi faire mes propres livres pour enfants.

Il y a une deuxième chose, je voudrais faire comme Hokusai, le dessinateur de La Grande Vague de Kanagawa. Il voyageait et dessinait. Si on me donne de l’argent pour le faire, je le fais !

Quels sont vos prochains projets ?

Payer mes impôts ! Plus sérieusement : des couvertures toutes les semaines. J’en fais aussi pour la Finlande, où le Journal de Mickey se vend le plus au monde. Si vous leur demandez qui est Carl Barks, ils sauront tous vous répondre ! Pour ce pays, on fait des couvertures vraiment poussées. J’en ai encore six à faire. Et le défi que je me lance maintenant c’est de commencer pour eux une production Donald.

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