Matthieu Bonhomme signe un Lucky Luke qui paraîtra le 1er avril. Et ce n’est pas un gag. Il a mis toute sa passion pour le personnage dans un album qui revisite le mythe. L'Homme qui tua Lucky Luke lui donne un autre relief, plus réaliste, plus conforme à l’évolution du western avec un dessin superbe. Lucky Luke va régler ses comptes à OK Corral, revu et corrigé.
Pourquoi avoir choisi de faire un Lucky Luke ?
Matthieu Bonhomme : C’est vraiment un souhait personnel que je porte depuis des années. C’est vraiment Lucky Luke que j’ai eu envie de faire même si j’avais eu aussi l’idée d’un Spirou western. Même si pour moi c’était cohérent, cette idée n’a pas été acceptée… mais j’y reviendrai peut-être.

Comment s’est monté le projet ?
Tout a commencé il y a deux ans avec mon éditrice. Le projet était un one-shot pour commémorer les 70 ans de Lucky Luke. Mon Lucky Luke s’inscrit dans le cadre de cet anniversaire avec celui de Bouzard et celui d’Achdé, la série mère.
Lucky Luke était la BD familiale chez moi. A huit ans, enfant, je rêvais déjà que Lucky Luke venait me voir dans mon bac à sable, ce que j’avais racontée pour la Galerie des illustres de Spirou. Depuis cette histoire courte, j’essayais de revenir à lui.
Ce projet s’est mis en place en plusieurs temps. Au départ, on a envisagé un scénario de Lewis Trondheim. Puis on a décidé que je ferai dessin et scénario.
Vous aviez ce que vous vouliez ?
Oui. On ne refuse pas de faire un Lucky Luke. J’avais pas mal d’idées, cinq ou six scénarios, et j’étais très heureux de le faire seul. Fier mais stressé, j’ai mis à jour ma culture western, revu des classiques. J’avais aussi découvert la littérature western comme L’Homme des vallées perdues.
Vous aviez des contraintes ?
Une seule : que Lucky Luke ne fume pas ! Je ne lui ai pas mis de brin de paille à la bouche non plus. Lucky Luke est fait pour le western donc l’idée de mon album c’est qu’il est un vrai cow-boy, un héros connu de tous. Les gamins le suivent dans la rue, comme une star.
J’ai voulu retrouver le cadre du duel d’OK Corral et j’ai repris les personnages des frères Earp, de Doc Holliday en changeant leurs noms et ceux des lieux. Le Doc est l’inverse de Lucky Luke, un double néfaste. Il a tous les vices !
Lucky Luke va affronter la famille Earp revisité ?
Oui, toute la fratrie, comme à Tombstone. Parmi eux, il y a le shérif. On sera dans un univers avec de vrais méchants. Et en plus, Lucky Luke va enquêter sur l’or dérobé aux mineurs de la ville.
Comment avez-vous traité Jolly Jumper qui, dans les BD de Morris, est un personnage à part entière ?
Il ne va pas parler comme chez Morris mais un cow-boy a une relation très forte avec son cheval, donc il y aura des clins d’œil avec Jolly Jumper. J’ai gardé aussi le personnage du croque-mort et un personnage féminin.

Lucky Luke est toujours un célibataire…
En fait, il est solitaire. Il peut rencontrer des femmes qui sont généralement très sexuées : chanteuses de saloons ou danseuses.
Il retrouve Laura Legs que l’on a vue dans Le Grand Duc. Une situation très légèrement érotisée mais Luke est un solitaire, sans attaches sentimentales… même si il sait ce qu’est l’amour et est très humain.
Vous feriez bien un second Lucky Luke ?
A voir, pourquoi pas. J’ai aussi le prochain Esteban, une intégrale du Marquis d’Anaon pour Noël mais pas de suite prévue pour le moment. Fabien Velhmann, son scénariste, est très pris. Moi aussi en fait par tous les travaux annexes liés à la sortie de Lucky Luke, notamment les illustrations et les ajouts pour les tirages de tête.

Toutes les images utilisées dans cette interview sont extraites des 10 premières planches de L'Homme qui tua Lucky Luke de Matthieu Bonhomme (© 2016 Dargaud).
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