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La BD idéale selon Estelle Lilla

Cette semaine, la Toile montante vous propose de découvrir le trait rond et enchanteur d’Estelle Lilla. Portrait de cette blogueuse, dont les planches débordent de rêverie et d’idéalisme.

 Entre manuels et carnets de croquis

Quand on lui demande de nous parler de sa rencontre avec la bande dessinée, Estelle Lilla se rappelle des journaux de Mickey, qu’elle lisait en cachette. Elle explique : « Ma mère a toujours eu du mal avec la bande dessinée. Elle trouvait que c’étaient des lectures destinées l’apprentissage de la lecture et qu’à partir d’un certain âge il fallait se tourner vers de la littérature plus sérieuse. » Petite, la jeune femme était loin de se douter qu’elle consacrerait sa vie au neuvième art.

Pour cette Toile montante, Estelle Lilla a fait pastiche de son tableau préféré : La Naissance de Vénus peint par Sandro Boticelli

Pour cette Toile montante, Estelle Lilla a fait pastiche de son tableau préféré : La Naissance de Vénus de Botticelli.

À vrai dire, pendant toute son enfance, la vision qu’elle avait de la BD se résumait aux aventures de Tintin, dont elle n’a jamais su apprécier le dessin : « Je me disais qu’il fallait être fou ou psychorigide pour reproduire sur cent pages les mêmes cases, les même bonhommes, la même ligne claire... » Car le pire qui puisse arriver pour Estelle, c’est de s’ennuyer et de rater une occasion d’ouvrir son esprit à d’autres expériences. Peut-être est-ce sa crainte de la routine qui l’a poussée vers une fac de philo. « Une fois que tu embarques dedans, tu y es pour toujours. Ta façon de regarder, et d’écouter le monde et les gens change du tout au tout » affirme-t-elle avant d’ajouter : « Et puis mes études m’ont donné un bagage suffisamment structuré pour apprendre à dessiner en autodidacte. »

Rattraper une enfance perdue

À force de déambuler entre amphithéâtres et recueils philosophiques, Estelle réalise qu’elle empruntait une voie où les places étaient difficiles d’accès et mal rémunérées. « Finalement, je me suis rapidement dit que, quitte à galérer dans la vie, autant que ce soit en faisant ce que j’aime le plus. » Alors, le goût d’écrire et dessiner refait peu à peu surface, tel un trésor trop longtemps enseveli par la vie adulte : « S’il y a bien une chose que j’ai comprise en grandissant, c’est qu’il faut sauver l’enfance. C’est l’âge où l’humain exprime le mieux sa singularité, et c’est une chose qu’il ne faut pas du tout réprimer. »

Pour se lancer sur la toile, Estelle Lilla a donné naissance à LIlla, alter ego de papier affublé d'une drôle de combinaison orange.

À ses débuts sur la toile, Estelle Lilla a donné naissance à LIlla, alter ego de papier affublé d'une drôle de combinaison orange.

Sur son blog, Estelle part à la recherche d’une jeunesse qu’elle croyait à jamais laissée aux oubliettes. Sorcières envoûtantes, singes facétieux et brioches parlantes en tapissent les murs, ajoutant à ses billets couleurs et douceur pour atténuer le goût amer du quotidien. « J’ai découvert cette patte naïve en lisant les premiers albums de Lewis Trondheim. Grâce à cet auteur, je me suis aperçue que les BD n’était pas un art totalement codifié, et qu’il pouvait aussi avoir ses libertés... »

La BD humaniste

Estelle est ce qu’on peut appeler une doyenne du blog BD. Depuis plus de dix ans, elle y déploie sa palette graphique, du crayon à l’aquarelle en passant par le stylet graphique. Toutefois, elle n’oublie pas que, comme tout milieu, la BD sur le web apporte son lot de déceptions et de frustrations. « Internet a certes aidé les auteurs à se créer un public et a encouragé leur productivité mais je reste quasi-certaine que le blog BD aurait tenu plus longtemps en France, si on avait développé un modèle économique viable afin de rémunérer les auteurs. »

S'il y a bien une chose qui survolte Estelle Lilla c'est l'injustice sociale, qu'elle aimerait combattre avec la même férocité qu'Arya Stark, personnage de la saga Game of Thrones.

S'il y a bien une chose qui révolte Estelle Lilla, c'est l'injustice sociale qu'elle aimerait combattre avec la même férocité qu'Arya Stark de la saga Game of Thrones.

Donner aux auteurs les clés pour produire en toute liberté, sans forcément passer par le marché très codifié de la BD papier : tel est l’espoir d’Estelle. Car aux yeux de la blogueuse, la BD est plus qu’un objet commercial. C’est également une arme de connaissance et de dépassement de soi incroyable, aussi bien pour ceux qui la lisent, que ce qui la créent. Elle le constate tous les jours lors des cours d’art numérique qu’elle donne au CESAN, lorsqu’elle ne combat le décrochage scolaire aux côtés de l’association Coup de pouce. Constamment entourée par la jeunesse, Estelle a encore de quoi nous faire de belles histoires...


Avant de vous rendre dans le cocon créatif d'Estelle Lilla, allez sur son blog !

Avant de vous rendre dans le cocon créatif d'Estelle Lilla, allez sur son blog !

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