ZOO

Jack Wolfgang, pile entre espionnage et humour

Jouer avec les clichés

Comment avez-vous défini les rôles attribués à chaque animal ?

Stephen Desberg : On est partis des spécificités de chaque animal : ses caractéristiques, l’endroit où il vit, ce qu’il mange... même si on a le super tofu pour « contenir » les carnivores. Avec ça, on choisit quelle personnalité peut avoir chaque animal. Le guépard et sa vitesse par exemple... C’est un grand plaisir de jouer avec les personnalités qu’on imagine pour les animaux, les renforçant ou allant à contre-emploi.

Henri Reculé : D’aussi loin que je me souvienne, il me semble que la plupart des animaux sont restés fidèles au scénario. Il y a juste le légiste qui est passé d’humain à vautour.

Comment avez-vous composé ces animaux anthropomorphes ?

Henri Reculé : L’allure finale des animaux a demandé pas mal de travail. Tout est finalement une question de choix et il a fallu que je décide jusqu’à quel point les animaux avaient évolué pour « s’humaniser »... Le style de dessin un peu moins réaliste m’a aidé à rendre le tout plus cohérent et dynamique.

Le port ou pas de chaussures ou de cravate sont des éléments qui ont découlé de mes réflexions sur les personnages. Par exemple, il m’a semblé assez vite évident que notre héros aurait l’air coincé avec une cravate. Le gilet un peu serré et montrant un peu la chemise à la taille vient aussi de cette réflexion. Je voulais montrer que ces animaux restaient encore des animaux par quelques détails comme ça. L’ours par contre porte la cravate... ça donne une petite nuance supplémentaire sur l’attitude de chaque animal vis à vis du monde « humain ». La réflexion sur le port ou non de chaussures m’a été inspirée par Zootopie.

Avez-vous chacun un personnage chouchou dans la série ?

Henri Reculé : Pour moi, c’est la panthère, mademoiselle Lavaux. J’adore les personnages féminins très athlétiques et souples et jusque-là je n’avais pas eu l’occasion d’en faire un comme ça. En la dessinant, j’avais des images de Catwoman, Ghost in the Shell, etc, plein la tête. J’ai mis longtemps à lui trouver la bonne allure générale mais elle a été un plaisir à dessiner.

Mlle Lavaux, dont l'apparence finale doit beaucoup à une photo de Brigitte Bardot dans le Mépris

Stephen Desberg : Moi aussi ! Et durant nos premières dédicaces à Lyon BD, elle a été beaucoup demandée, donc je ne suis pas le seul. Son développement dans le deuxième album nous la présentera d’ailleurs sous un autre angle. Mais j’ai aussi beaucoup d’affection pour les hyènes, un peu stupides mais en même temps, elles s’agacent aussi de ce qu’on leur demande : j’aimerais bien les réutiliser !

Le regard sur la relation animaux-humains est une manière d’évoquer les discriminations en creux ?

Stephen Desberg : L’équilibre entre les humains et les animaux induisait ce genre d’approche : le regard sur les animaux reflète le regard que la société actuelle peut avoir sur certaines catégories de personnes, que ce soit les immigrés ou les autres classes sociales.

Les humains se placent au sommet de la société et ont ce regard condescendant sur les animaux, qu’on expérimente du côté de Jack Wolfgang, méprisé alors qu’il a des aptitudes hors normes...

Pouvez-vous dévoiler un début d’intrigue du deuxième tome, Le Nobel du Pigeon ?

Stephen Desberg : On a tendance à penser que les oiseaux sont plutôt stupides notamment le pigeon. Mais ce sont des mauvaises perceptions ! Je pars donc d’un milliardaire pigeon, très vexé de la réputation de son espèce. Il veut donc la redorer mais va le faire de façon peu sympathique en voulant se faire attribuer des prix Nobel... Ce qui n’est que le point de départ de l’histoire qui ira beaucoup plus loin !

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