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Le pouvoir des innocents triomphe toujours

Le premier cycle était publié chez Delcourt. Le cycle 2 et le cycle 3 ont sorti leur premier tome en même temps, chez Futuropolis. Le deuxième cycle est terminé alors que le troisième cycle sort juste son troisième tome. Si la série Le Pouvoir des innocents, de Luc Brunschwig et Laurent Hirn vous a perdu, son scénariste profite de la sortie d’un nouvel album (et la réédition des tomes précédents) pour tout mettre au clair.

« Quand on a fini Le Pouvoir des innocents, ça représentait déjà douze ans de notre vie, à Laurent et moi, mais on avait envie de savoir ce que devenaient nos personnages 10 ans plus tard. Alors oui, on avait déjà en tête une suite. » N’allez pas dire à Luc Brunschwig que la reprise du Pouvoir des innocents en 2011, avec le deuxième cycle Car l’enfer est ici était un coup marketing. L’envie de prolonger le destin des personnages n’a jamais quitté les auteurs.

Extrait du Pouvoir des innocents, cycle III, Les enfants de Jessica T.3

Extrait du Pouvoir des innocents, cycle III, Les enfants de Jessica T.3

Alors qu’est ce qui a bloqué ? Une fâcherie avec Guy Delcourt, d’abord, réglée depuis. Brunschwig et Hirn avaient surtout signé un triptyque chez Futuropolis, Le sourire du clown, qu’il fallait bien finir : « Le retour du Pouvoir des innocents, on le doit aussi à Sébastien Gnaedig, notre éditeur chez Futuropolis. Déjà chez Delcourt, il était là, en tant que chef de fabrication. Alors quand il a signé pour Le sourire du clown, il connaissait notre envie de prolonger l’histoire. » Parce que mine de rien, Brunschwig n’a jamais lâché ses personnages. Entre deux pages du Sourire du clown, il testait des idées auprès de Laurent Hirn pour écrire un second cycle. La série terminée, Gnaedig a sauté sur l’occasion de faire revenir la saga autour de Joshua Logan.

11 septembre 2001, point de rupture

Mais entre temps, le monde réel a fait évoluer les plans du scénariste. « Quand les attentats du 11 Septembre ont eu lieu, il nous a paru évident que nous ne pouvions pas faire l’impasse de cet événement dans notre Amérique réécrite. Mais ça se télescopait avec nos plans initiaux. On a eu l’idée d’un one-shot intermédiaire, qui est devenu une série. Mais Laurent était déjà sur le cycle 3, donc il fallait un nouveau partenaire. »

Extrait du Pouvoir des innocents, cycle III, Les enfants de Jessica T.3

Extrait du Pouvoir des innocents, cycle III,
Les enfants de Jessica T.3

David Nouhaud rejoint donc le duo pour dessiner ce nouveau cycle. Qui va sortir en même temps que le troisième cycle, Les enfants de Jessica. Une offre éditoriale qui a perdu les lecteurs, d’autant plus que Futuropolis ne pouvait utiliser le nom initial de la série, propriété de Delcourt. « J’assume que la mauvaise idée de la parution concomitante vienne de moi. Je pensais offrir aux lecteurs une autre façon de lire notre histoire. Mais après les tomes 2, on a bien compris, avec l’éditeur, qu’il fallait arrêter ça et laisser le deuxième cycle vivre sa vie d’abord. »

Débuts difficiles pour ces deux cycles, mais ce ne sera pas le seul problème. David Nouhaud, le dessinateur, va s’épuiser à la tâche jusqu’au quatrième opus, après lequel il jette l’éponge. Laurent Hirn, de plus en plus impliqué en soutien du jeune artiste, réalise le cinquième tome, conclusif, tout seul. L’album était intégralement écrit et à moitié dessiné : Hirn a pu reprendre directement la suite de son travail et le faire sortir moins d’un an avant le retour du troisième cycle…

Mais sur le fond, l’album n’a pas connu de modification : Luc Brunschwig n’avait rien laissé au hasard. Que nous réserve-t-il ? Des références assumées à la crise des subprimes, des manipulations politiques qui se tissent. La frange la moins progressiste de l’Amérique fourbit ses armes et ses réseaux pour faire tomber Jessica Ruppert.

Mais surtout, on a des personnages qui se croisent enfin et se préparent à dénouer les fils de l’intrigue. Mais avec deux albums pour y parvenir, nul doute que Joshua Logan, héros de la série, n’est pas encore sorti d’affaire. C’est donc, avec le très solide dessin de Laurent Hirn, des retrouvailles évidentes, heureuses et simples entre Le Pouvoir des Innocents et ses lecteurs.

Article publié dans le magazine Zoo n°70 Mars - Avril 2019


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