Le 2 juillet dernier, Robert Kirkman et Charlie Adlard annonçaient la fin de leur série Walking Dead. En ce début 2020, un ultime tome français et la venue du scénariste star viennent clore le parcours d’une série culte qui avait pourtant démarré timidement en France. Thierry Mornet, son éditeur historique en France, se souvient.
« J’ai apprécié cette série dès sa sortie, pour sa densité narrative et un rythme très particulier. Nous n’avons publié avec SEMIC que les six épisodes dessinés par Tony Moore, faute de ventes. » Le plus gros vendeur français en bande dessinée américaine a donc démarré par un échec. Mais deux ans plus tard, Mornet, opiniâtre, convainc son nouvel employeur, Guy Delcourt, de reprendre la série. « Je me souviendrai toujours comment on collait des phylactères en post-it dans les couloirs, sur lesquels était écrit « Guy, il faut acheter les droits de Walking Dead ». Je ne le remercierai jamais assez pour m’avoir fait confiance. »
En 2007, le nouvel éditeur met les moyens. Il publie les deux premiers tomes en même temps. Si les premières ventes n’étaient pas marquantes, des signaux laissaient à penser que Walking Dead avait de vraies chances de percer. « On a rapidement dû réimprimer, c’est ce qui nous a permis de poursuivre l’édition de la série, au rythme de deux à trois albums par an. Et nous a amené à un premier succès commercial. »
Walking Dead Epilogue
La puissance de la télévision
Si les ventes étaient déjà satisfaisantes pour Delcourt, l’adaptation en série télé par AMC en 2010 a propulsé hors de toute comparaison cette histoire de zombies. « La première saison a clairement généré un boost au niveau des ventes. On a dû réimprimer pas mal de tomes déjà sortis avant. » Afin de soutenir ce nouvel élan, Thierry Mornet lance l’adaptation d’un magazine anglais mêlant contenus télé et comics. 21 numéros qui iront plus loin que la simple traduction du matériel anglophone. « On a pu négocier la possibilité de glisser quelques récits de BD inédits. On a proposé des interviews d’acteurs de la pop culture française pour commenter l’influence de Walking Dead chez nous. »
Conclusion puis épilogue
« La fin de la série, je l’ai apprise quelques jours avant tout le monde. J’étais frustré de ne plus avoir ma dose mensuelle. Et je me disais qu’une page éditoriale se tournait. » Mais avant cela, il restait un certain nombre d’épisodes à traiter. S’ils pouvaient tenir dans un seul recueil, deux seront proposés. « Lorsque nous avons appris l’arrêt de la série au chapitre 193, le tome 32 qui compile les épisodes jusqu’au 192 était déjà chez l’imprimeur. Nous avons préféré publier ce bel épilogue de 71 pages dans un tome à part. » Pour le 33e tome paru en ce mois de janvier, une galerie d’illustrations, des lettres des auteurs aux fans, une longue interview du scénariste complètent le récit. Un dernier album à la hauteur du récit et de l’événement.
Le scénariste Robert Kirkman fêtera cette conclusion au festival d’Angoulême, avec une exposition de 450 m² pour mettre en avant l’ensemble de ses univers : Walking Dead bien sûr, mais aussi Invincible, Outcast et Oblivion Song. Delcourt profitera de sa venue pour lancer une nouvelle série, Die ! Die ! Die ! dessinée par Chris Burnham. Idéal pour fêter dignement la très belle fin d’une saga désormais mythique.
Article publié dans le magazine Zoo n°75 (Janvier-Février)
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