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Les 15 ans de la maison d'édition Cambourakis

Créé en 2006, Cambourakis fête ses 15 ans cette année. L’occasion de découvrir qui se cache derrière ces 616 livres et bandes-dessinées. Entretien avec le fondateur de cette maison d’édition, Frédéric Cambourakis. 


2021 signe les 15 ans de votre maison d’édition. Que ressentez-vous ?

Frédéric Cambourakis: Comment dire… Lorsque l’on crée une maison, la plupart du temps, on se concentre sur le moment présent, il y a certainement des gens qui parviennent à se projeter facilement. Jamais en 2006 je m’étais imaginé fêter les 15 ans. Ça ne m’est jamais venu à l’esprit, mais maintenant, avec le recul et toutes ces années d’existence, c’est dans l’autre sens que je m’aperçois que tout était déjà présent dès notre commencement pour que l’aventure Cambourakis se déroule ainsi.

Ce serait utopique de penser qu’il y ait un sentiment unique et simple, avec l’histoire de la maison et tout ce que l’on a traversé, je ressens de la fierté, de la joie, du plaisir et l’envie de continuer, surtout. Tout se mêle et permet de se projeter dans l’après, le futur.

 Frédéric Cambourakis a fondé sa maison d'édition en 2006

Frédéric Cambourakis a fondé sa maison d'édition en 2006
© Cambourakis




Revenons-en à la genèse de Cambourakis, quelle a été votre motivation pour créer votre maison d'édition?

F.C: Il y a des choses très personnelles qui expliquent cette envie. J’ai été libraire dans plusieurs librairies pendant 12 ans, notamment en charge du rayon BD de la librairie Millepages à Vincennes quelques années, après avoir été bibliothécaire un temps… Les livres ont toujours été présents dans mon parcours. Quels qu’ils soient, ils ont eu leur rôle et importance. J’ai toujours su que je voulais travailler dans les métiers du livre. Je suis devenu éditeur car j’ai été libraire. Il y a une volonté d’enrichissement, de nouveauté, et après avoir découvert les milieux de la bibliothèque et la librairie, l’édition s’est présentée comme l’évolution assez naturelle de mon cheminement professionnel. C’était l’occasion d’associer tous mes apprentissages et connaissances, toutes ces expériences m’ont permis de devenir éditeur. C’est une construction progressive, une évolution qui, petit à petit, m’a amené à ce métier complexe et technique. Quelque part, il m’a fallu tout ce temps pour oser me lancer. 


Quelles sont les dates importantes qui relatent le parcours de Cambourakis?

F.C: Si l’on devait en retenir certaines en particulier, les plus évidentes seraient 2006, avec la parution des deux premiers romans graphiques de l’illustratrice Zeina Abirached, qui marque le lancement de la maison d’édition. Puis 2012, avec la création du catalogue jeunesse, constitué majoritairement d’albums illustrés pour les 3-8 ans. Et 2015, avec l’ajout de Sorcières au catalogue, une collection de sciences humaines féministe et militante dirigée par ma sœur Isabelle Cambourakis.

Des moments de découverte, de création et d’excitation, en somme, en attendant les prochaines grandes dates qui nous feront continuer d’avancer.





Quelle est la place réservée à la BD chez Cambourakis?  


F.C: La BD est présente chez Cambourakis depuis nos débuts, avec la littérature étrangère. Le catalogue a évolué, s’est enrichi d’albums jeunesse en 2012, puis d’une collection de sciences-humaines en 2015, et compte désormais plus de 600 titres. Mais tout a démarré avec les romans graphiques de Zeina Abirached. Ils ont lancé la maison. C’est important de revenir à la BD à l’occasion de nos 15 ans, de lui accorder la place qu’elle mérite, car c’est un domaine vraiment déterminant dans notre histoire.
C’est vraiment un domaine pour lequel j’ai une affection évidente surtout quand on parvient à porter des projets intéressants et dans lesquels on croit, comme l’album Kobane Calling de Zerocalcare qui aborde avec humour un thème grave, la guerre en Syrie, mais qui est parvenu à rencontrer son public et a remporté un succès d’estime et critique. 



Quel est le genre de BD que vous publiez?

F.C: Quand j’étais libraire, le milieu de la BD était un peu plus normé qu’aujourd’hui. C’était la grande époque des collections de Poisson Pilote chez Dargaud, ou Ecriture de Casterman par exemple. On cherchait un style particulier et les artistes qui s’en rapprochaient. La BD est peut-être l'un des domaines qui se prête le mieux à ce genre de classement, par thème ou genre. 
En étant libraire, il me semblait qu’il manquait des choses, un peu d’éclectisme peut-être. Je me suis en quelque sorte créé en opposition à cette idée. Dès le départ, je ne voulais pas créer de collection, pas de formatage, l’idée étant de laisser libre cours à la création, dans toute sa diversité, ne pas tenter de la cadrer et laisser les œuvres exister telles qu’elles sont.
 
Dans notre collection BD, nous avons proposé dans nos premières années le travail de Zeina Abirached, Joanna Hellgren, Takayo Akiyama, Jason Shiga. Des auteurs bien différents, et des albums avec des formats particuliers à chaque fois. Ce qui me plait le plus ce sont des univers d’auteurs forts, typés et personnels avant tout.





 Comment se caractérise la ligne éditoriale de Cambourakis?

F.C: Je n’ai pas voulu de ligne évidente, déterminée à l’avance. Je voulais des BD du monde entier, des univers d’auteur, et le plus éclectique possible pour justement rendre compte de la richesse du 9ème art. Difficile de déterminer une politique éditoriale très claire au travers de notre production, l’importance est donnée à la qualité et elle s’exprime sous bien des formes. 

Quels sont les titres à venir chez Cambourakis?

F.C: Plutôt que de donner plusieurs titres, je préfère vous parler d’un coup de cœur de l’équipe, à paraître bientôt. Il s’agit de L’Ange Dada, c’est la biographie en BD d’Emmy Hennings créée par les espagnols Fernando González Viñas et José Lázaro.
Emmy Hennings était une femme incontournable du mouvement Dada. Cet album revient sur sa vie rocambolesque, sur un esprit libre, frondeur, sur une femme artiste émancipée, muse et créatrice, également responsable de sa propre perte.
J’ai découvert cet album alors qu’il était traduit en allemand lors d’un précédent festival d’Angoulême. J’ai été très attiré par le style graphique des auteurs, et le propos était aussi éloquent. L’album est à retrouver le 7 avril en librairie.


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