Cette année, la maison d’édition Dupuis accueille un petit nouveau: le label de manga Vega. Les titres de Vega-Dupuis (renommé pour l’occasion) sont sortis en mars dernier. Zoo est parti à la rencontre de son directeur éditorial, Stéphane Ferrand.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours?
Stéphane Ferrand: Je suis dans l’édition de Manga depuis 25 ans. J’ai eu le plaisir de diriger les collections « Kankô » et « Dragons » chez Milan. J’ai également été le directeur éditorial de Glénat Manga pendant une dizaine d’années. Et j’ai aussi été l’un des responsables artistiques manga pour le Festival d’Angoulême. Depuis sa création, en janvier 2018, je m’occupe de Vega.
On va retourner à la source, comment est né Vega?
S.F: Avec Steinkis, qui faisait déjà de la bande dessinée, nous avons créé ce qu’on appelle un joint-venture, une société en coopération appelé Vega en 2018. Son but était de développer un catalogue de manga qui puisse correspondre à Steinkis.
Quel est le genre de manga mis en avant par Vega-Dupuis?
S.F: On souhaite proposer des mangas d’une qualité distractive et qui propose un certain socle pédagogique. On a fait Peleliu Guernica of Paradise qui raconte le quotidien d’un soldat japonais pendant la guerre du pacifique. Ce titre a été réalisé avec le soutien d’un centre de recherche sur la Seconde Guerre mondiale. C’est un manga poignant qui propose un ensemble d’informations fiables et précises sur cette bataille de Peleliu et la Guerre du Pacifique. On édite aussi The red rat in Hollywood, un titre très différent qui s’intéresse aux conséquences du maccarthysme au sein d’Hollywood. Ce manga aborde une période historique vive. Il s’agit de faire découvrir des faits qui se sont passés derrière la réalisation de films comme Spartacus, Vacances romaines, Sur les Quais… C’est ce type de Seinen qui, en plus d’avoir des aventures et des rebondissements, permettent de se reposer sur un fondement réaliste, un point didactique. Ainsi on peut s’amuser en lisant un manga tout en apprenant des choses.
Quel est votre rythme de parution?
S.F: C’est très variable. Etant donné qu’il s’agit de l’achat de droits et que l’on prend des titres qui préexistent au Japon, nous sommes avant tout soumis au rythme de publication japonais. Pour notre production, nous sommes entre 4 et 6 volumes publiés par mois.
Qu’attendiez vous de la collaboration avec la maison d’édition Dupuis?
S.F: Dupuis est une immense maison d’édition qui fêtera ses 100 ans en 2022. Mais, malgré sa grandeur, elle avait raté le virage du manga! Aujourd’hui, toutes les maisons d’édition ont développé une collection manga comme Casterman, Glénat, Delcourt… Dupuis n’avait pas encore passé ce cap. Or, à l’aube de ses 100 ans, Dupuis a défini un certain nombre d’objectifs dont le manga fait parti. Le webtoon a aussi son importance puisqu’il est développé chez Dupuis depuis 2 ans avec Webtoon Factory.
Quels sont les lecteurs cibles de Vega-Dupuis?
S.F: On se positionne dans ce que Vega a été précédemment et sur la ligne éditoriale de Dupuis. Dupuis fait de la Bande Dessinée pour tous. On peut tout autant trouver les fameux Marsupilami ou Spirou que la collection Air Libre, une collection d’auteur avec une certaine ambition artistique destinée à un public plus exigeant. A l’instar de Dupuis, Vega-Dupuis couvre l’ensemble des champs de développement du manga. Notre label se développe donc dans un sillage de manga très large: Zozo Zombie pour les enfants, Birdmen pour les adolescents ou Le Bateau de Thésée pour un public plus adulte. C’est une belle rencontre à ce niveau là car nos positionnements pour le lectorat type étaient totalement similaires.
Quels sont les prochains titres de Vega? Un coup de coeur dont vous souhaitez nous parler?
S.F: Natsuko no Sake est un manga particulier qui comporte 6 volumes d’environ 450 pages. Il raconte le parcours d’une jeune femme qui décide de produire le meilleur sake du monde au Japon. Cette série représente un paradoxe éditorial. C’est une série extrêmement moderne dans ses personnages et thèmes: la place de la femme en tant que chef d’entreprise dans un milieu traditionnel et relativement rétrograde, toutes les questions d’agriculture biologique, l’industrialisation trop forte… C’est un vrai retour à la terre. Je ne peux pas m’empêcher de me dire que c’est étonnant pour un titre réalisé au Japon à la fin des années 80. Tous ces sujets actuels ne l’étaient pas il y a 30 ans.
Et on apprend plein de choses sur ce breuvage dont tout le monde connaît le nom mais que peu ont dégusté…
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