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Femme de tête qui ose

À vingt ans, Jeanne d’Arc est brûlée vive. Il y avait encore des choses à redécouvrir du parcours épique de cette figure française. Dans la collection Docu BD chez Petit à Petit, Céka au scénario, Léo Cherel au dessin et Béatrice Merdrignac pour l’étude historique, dressent le portrait émouvant d’une jeune femme qui ira au bout de son destin. 

En quinze villes qui ont marqué la vie de Jeanne d’Arc, ce Docu BD alterne pages de textes illustrées et récits dessinés. Si on a tous en tête une image de la Pucelle d’Orléans, Béatrice Merdrignac s’est plongée «dans les ouvrages de spécialistes comme Philippe Contamine pour dépoussiérer le personnage. Elle avait du culot, a fait bouger les politiques». Rien ne va être simple pour celle à qui Dieu a ordonné de «bouter» les Anglais hors de France. Elle va reconnaître le dauphin, futur Charles VII, dans la foule. Mais quels secrets lui révèle-telle? «Charles VII craignait d’être un bâtard. Jeanne n’a pu que lui dire qu’il était légitime, choisi par Dieu. C’était ce qu’il attendait».



 

Elle aurait pu s’en tirer

 

De Domrémy où elle est née à Rouen où elle meurt le 30 mai 1431, Jeanne s’impose dans un monde d’hommes. L’historienne l’affirme: «Sa volonté est sans faille. C’est une femme rabaissée au début, agressée par son père qui menace de la noyer si elle part avec des soldats. Elle est habitée par sa foi, a un charisme très fort». Jeanne commande, monte à l’assaut. Elle est blessée à plusieurs reprises. Elle ose et gagne. Jeanne a un sang-froid incroyable et de la chance, mais pas jusqu’au bout. «Faite prisonnière à Compiègne, elle aurait pu s’en tirer», remarque Béatrice. «Elle s’était rendue en pensant qu’elle serait rachetée, une pratique courante. Mais elle était devenue gênante». Charles VII souhaitait négocier la paix, arrêter la guerre. Jeanne voulait continuer à se battre. 



 

Docu BD, un travail à 6 mains

 

Élaborer un Docu BD est un travail en trio. «Avec Céka, le scénariste, on cadre un chapitrage chronologique, car le but du Docu BD est d’amener les lecteurs à aller visiter les villes, les musées», confie Béatrice, « Il fallait aussi donner à Jeanne un visage. Léo Cherel a eu le bon coup de crayon. On la sent à la fois simple, sincère, investie. Nous ne voulions pas d’un personnage policé, mais montrer la vérité à partir des témoignages. On connaît par exemple sa taille grâce aux mensurations de son armure». Jeanne et de De Gaulle ont mené le même combat: résister à l’occupant. Pour les Français, elle a une place à part: «Tout le monde se l’approprie. C’est un mythe. Elle nourrit les fantasmes religieux, politiques, elle est récupérée aussi bien par la Résistance pendant la guerre, que par l’extrême-droite». Sur sa lancée, Béatrice Merdrignac aimerait bien signer «un Docu BD sur la guerre de Cent Ans, compliquée à comprendre ou sur La Montespan, voire l’histoire de l’armée».

 

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