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À la découverte des bandes dessinées historiques des éditions Passés Composés

Avis à tous les passionnés d’histoire et de bande dessinée. Le 1er septembre, les éditions Passés composés lancent leur collection de bandes dessinées avec deux titres attendus : Sévériano de Hérédia et Cutshin Creek. Zoo a voulu en savoir plus et a rencontré Stéphane Dubreil, un amoureux de la bande dessinée historique, responsable de cette nouvelle collection.

Pouvez-vous nous présenter les éditions Passés Composés ?


Stéphane Dubreil: Passés Composés, c'est une jeune maison d'édition qui a été créée il y a un peu plus de 2 ans par Nicolas Gras-Payen. Elle publie des livres d'histoire, sérieux, mais en étant très attentive aux qualités d'écriture.


Pourquoi s’être lancé dans la bande dessinée?


S.D: Ça fait plusieurs années que Nicolas et moi évoquons ce sujet. Puis le marché est quand même assez favorable : la bande dessinée historique est un genre qui marche bien et qui, en général, rencontre pas mal de succès. Mais, ensuite, c'est aussi par intérêt intellectuel que nous nous sommes lancés dans ce projet. Comme Passés Composés porte vraiment beaucoup d'attention à l'écriture et à comment on écrit l'histoire, faire de la bande dessinée, c'était une déclinaison assez naturelle de ces nouvelles façons d'écrire l'histoire.


Comment allez-vous vous démarquer des autres maisons d'éditions qui font déjà de la BD historique ?



S.D: Il ne s'agit pas forcément de se démarquer à tout prix, chacun à sa personnalité et c’est tant mieux pour les lecteurs. Mais nous mettons la priorité sur les auteurs dans un premier temps, c’est qui nous proposent les histoires qu’ils ont envie de raconter. Dans le contenu, on ne va pas chercher à faire des biographies de grands personnages historiques en 54 pages, en étant exhaustifs, ou en traitant de grands événements ont très peu de pages, ce qui est souvent et assez frustrant et ne va pas toujours assez loin. L'idée, c'est toujours de prendre un personnage, soit un vrai personnage, historique comme pour notre premier album dédié à Severiano de Hérédia, qui est un véritable personnage, qui a existé, et qui a une importance historique. Antoine Ozanam le scénariste, a choisi un angle pour raconter l'histoire de Severiano de Hérédia. Le personnage historique a plusieurs faces, c'est un personnage complexe. L'autre approche que l'on peut prendre, on peut le comprendre avec notre seconde première sortie. Nous suivons un personnage qui a existé, une des bibliothécaires qui portent des livres à cheval dans les Appalaches en pleine crise économique. Cette fois, c'est le contexte historique qui nous a intéressé, c'est-à-dire, la crise économique aux États Unis pendant les années 30 dans un endroit complètement ignoré par les historiens en général qui sont les montagnes américaines, les mines et les mineurs.

Le côté romanesque est très important. Nous ne sommes pas là pour raconter jour après jour ce qui se passe, nous espérons que le lecteur sera emporté. C'est une des raisons pour lesquelles on a décidé de ne pas mettre de cahier historique à la fin. Nous ne faisons pas un cours d'histoire, on raconte des histoires.


Les auteurs ont-ils tous une certaine «fibre historique» ?



S.D: Quand j'ai commencé à concevoir cette collection, j'ai contacté en premier des scénaristes. Comme disait, Jean Gabin : «Un bon film, c’est une bonne histoire, une bonne histoire et encore une bonne histoire». Une bonne BD, c'est pareil. Une mauvaise histoire ne fera jamais une bonne BD, quel que soit le dessinateur. Donc, ce sont des scénaristes qui ont un intérêt pour l'histoire, qui ont fait soit les études d'histoire, ou qui ont déjà écrit d'autres scénarios sur des thèmes historiques. Ozanam a écrit une histoire d’Anne Franck, il sort coup sur coup deux albums historiques sur les Etats Unis et Séverine Gauthier est professeur de civilisation américaine à l’université.

Après les dessinateurs, c'est un peu différent. Il vaut mieux qu'ils aient une fibre historique. Ça dépend aussi des périodes, il y a des périodes qui sont plus familières que d'autres au dessinateur. Le dessinateur vient souvent se greffer au scénariste naturellement. Je respecte les envies des dessinateurs et des scénaristes quand ils veulent travailler ensemble. Un couple qui s'entend bien travaillera mieux. Pour Severiano, Isabelle Dethan en avait beaucoup parlé avec Antoine, elle avait même dessiné quelques planches. Son intérêt pour l’histoire est bien connu quand on voit la liste des albums. Benoît Blary qui dessine Cutshing Creek est un de mes dessinateur préféré, j’avais été ébloui par Virginia, qui se passant durant la guerre de Sécession que Séverine avait déjà scénarisé.


Comme pour les autres livres de Passés Composés, les BD seront-elles travaillées en collaboration avec des historiens ?


S.D: Non, si j'ai des doutes, je vérifie, je pose des questions, je demande des éclaircissements, mais je fais vraiment confiance aux scénaristes. Je sais qu'ils ne vont pas «pipoter» la réalité ou inventer de façon exagérée. On n'est pas dans l'uchronie, on n'est pas dans la fantaisie, la science-fiction. Ils font des recherches, ils ont des sources.


Quel est le rythme de parution prévu ?


S.D: Pour l'instant, nous comptons sur 2 albums par an. Nous avons déjà 2 années de programmées. Après, l’avenir le dira, nous réfléchissons à augmenter un petit peu la production et peut-être passer du format 54 pages à des albums plus gros, plus proches du roman graphique. Mais toujours avec un souci d'accessibilité et de de de qualité d'écriture.


Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ces premières sorties qui vont marquer le début de cette collection ?


S.D: Les 2 premiers albums de bande dessinée Passés Composés sortent le premier septembre. Le premier, c'est l'histoire de Severiano de Heredia. Il est considéré, comme le premier « maire » noir de Paris. Il a aussi été député et Ministre des travaux publics. C'est un personnage assez considérable que l'on a totalement oublié. Ce métis, d'origine cubaine, a eu une carrière politique assez stupéfiante. Il a aussi eu une carrière d'inventeur, d’entrepreneur parce qu'il va essayer de créer le premier moteur électrique pour les fiacres. Enfin, Severiano De Heredia a possédé des plantations, et, à un moment donné, des esclaves. C'est un personnage un peu double face. Ce sont ce genre de personnages qui nous intéressent. Il va évidemment finir sa carrière, en partie à cause du racisme de la classe politique française à la fin du 19ème siècle. La presse jeunesse s'intéresse beaucoup à cette bande dessinée. Les problèmes de minorités et de genre, ce sont des choses qui touchent à l'heure actuelle. C'est scénarisé par Antoine Ozanam. Au dessin, c'est Isabelle Dethan.



L'autre album à paraître, Cutchin Creek, se passe dans les années 30, aux États-Unis en pleine crise économique dans les montagnes des Appalaches. Les mines ferment les unes après les autres. Des mineurs, au chômage, vont commencer à mettre en place un trafic de cocaïne. Dans les années 30, il y a un truc absolument complètement dingue : une brigade de bibliothécaire à cheval. Ce sont des femmes qui sillonnent les montagnes avec des livres pour aller porter un peu de culture et faire la lecture aux personnes âgées ou blessés, aux malades. Une des bibliothécaires va assister À un meurtre. Une course-poursuite va débuter. On retrouve tous les codes du Western, mais dans les années 30. On retrouve Séverine Gauthier. Elle est associée à Benoît Blary, un extraordinaire aquarelliste et coloriste.

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