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Le grand monde, Lemaitre et de Metter joue la même partition

Pierre Lemaitre, Goncourt 2013 pour Au revoir là-haut, a vu ses romans adaptés par Christian de Metter, dont Couleurs de l’incendie et Miroir de nos peines. Le dernier, Le Grand Monde, nous plonge en 1948, entre une France en reconstruction et la guerre d’Indochine.

Tout se tient dans l’œuvre de Lemaitre. Le Grand Monde ouvre une nouvelle trilogie. On va au Liban où se sont exilés des personnages d’Au Revoir là-haut sans que pour autant leurs enfants sachent leur origine. « Tout part de là-bas. Les enfants Lepelletier quittent la cellule familiale vers Paris, le Vietnam. Le Liban est le nœud de cette histoire au ton ironique acerbe en lien avec ce qu’on vit aujourd’hui. La banque, les comptes secrets, les ministres pas nets », résume Christian de Metter. Tordu mais très efficace. Le trafic, les truands, la secte indochinoise, un tueur en série, un journaliste gênant, c’est une histoire très française.

Extrait d'une planche du Grand Monde

Extrait d'une planche du Grand Monde © Lemaitre - De Metter - Rue de Sèvres

Dans Le Grand Monde on est en 1948, à l’aube des Trente Glorieuses en France où on souffre encore des conséquences de la guerre. Le lecteur se retrouve confronté à une intrigue qui s’appuie sur l’Histoire contemporaine : « C’est la force de Pierre. Il revisite le début du XXe avec de la fiction et un train de vérités datées mais le trafic de la piastre (monnaie en Indochine française qui doublait sa valeur pour les opérations en métropole ndlr) ressemble aux affaires des escrocs à col blanc actuels ». Lemaitre a situé l’action à Saïgon plutôt qu’à Hanoï, tout le Vietnam est français en 1948 : « Oui parce qu’il y a une base vraie, un journaliste qui a disparu à Saïgon soupçonnait le patron du Continental, célèbre bar, restaurant et hôtel d’être le boss du trafic. Lemaitre voit ça comme le Titanic, une société dans un monde qui sombre ».

Pas un lecteur assidu de Lemaitre

L’auteur de Nobody, Shutter Island se souvient comment il est rentré dans la course et a été choisi : « C’est par le biais de Louis Delas qui a fondé Rue de Sèvres que j’ai connu Lemaitre. Delas l’avait rencontré et lui avait proposé une adaptation au moment où Pierre cherchait des éditeurs. Ils avaient chacun une liste de dessinateurs possibles. J’étais sur les deux ».

Extrait d'une planche du Grand Monde © Pierre Lemaitre et Christian De Metter - Rue de Sèvres

Extrait d'une planche du Grand Monde © Lemaitre - De Metter - Rue de Sèvres

De Metter n’était pas pour autant un lecteur assidu de Lemaitre : « J’avais lu un ou deux polars. J’ai vu une interview de Pierre Lemaitre à la Tv et je me suis dit que j’aimerais bien le rencontrer. J’ai acheté Au Revoir là-haut et je n’avais pas encore eu le temps de le lire quand on m’a proposé l’adaptation. Le film est sorti après la BD. S’il était sorti avant, je ne sais pas si j’aurais adapté le roman. Une grande partie du public se serait tournée vers le film et moi j’aurais été influencé alors que je voulais donner ma propre vision. Comme pour Shutter Island où le film est sorti ensuite ». Lemaitre a aussi été adapté pour Commissaire Verhoeven par Yannick Corboz.

Finalement tout Lemaitre se prête à la BD.

Le Grand monde de la part de Christian de Metter : La famille Pelletier tente de vivre loin du père et de ses affaires libanaises.

Le Grand monde de la part de Christian de Metter : La famille Pelletier tente de vivre loin du père et de ses affaires libanaises.


Article publié dans le Mag ZOO N°102 Janvier-Février 2025

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