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Entre fiction et réalité : Augustin Lebon, l'homme derrière Western Love

Augustin Lebon a fait plaisir aux amateurs de bonnes histoires en général et de western en particulier avec le 1er tome de Western Love : Le Gentil et la Teigne. L’occasion de lui poser quelques questions…

Votre héros est appelé "le Gentil" et votre nom de famille est Lebon". Qu'y a-t-il d'autobiographique dans son histoire ? Vos histoires d'amour sont-elles aussi compliquées que celles que vous racontez ?

Augustin Lebon : C'est en grande partie autobiographique, oui. J'ai moi-même pillé des banques et tué beaucoup de gens. Mais je fais ça le soir ou les week-ends, c'est un hobby.

Non, plus sérieusement, il n'y a rien d'autobiographique dans Western Love. Je suis en couple depuis plus de 16 ans, et ma vie est plutôt sereine contrairement à celle de mes personnages. Par contre, mes émotions m'inspirent certains caractères, ou certaines scènes. Étant plutôt taiseux et pudique dans la vraie vie, c'est pour moi une manière de les exprimer sans trop me dévoiler.

Malgré tout, il y a donc beaucoup de moi dans mes personnages, dans la Teigne, comme dans le Gentil, ou même dans Mélisse. Créer cette vieille fumeuse aux répliques cinglantes m'a beaucoup amusé.

Le gentil et la teigne - Tome 1 - Western Love

Le gentil et la teigne - Tome 1 - Western Love © Augustin Lebon - Soleil

Réglez-vous vos comptes avec votre père dans cette histoire ? Faut-il tuer le père (sur le plan symbolique, j'entends) pour être soi-même ?

A.L. : Je n'ai jamais bien compris cette idée, non.

D'abord, parce que cela sous-entend que lorsqu'on est enfant, il est impossible d'être « soi-même », et qu'un beau jour, on le deviendrait définitivement. L'être humain évolue toute sa vie, il se trompe, s'égare, se ravise, avance, etc. Croire que les adultes sont plus eux-mêmes que les enfants est à mon avis un mythe.

Par contre, je pense que le jour où on réalise que ses parents sont humains, avec leurs forces et leurs failles, est important. Plutôt que de tuer le père (ou la mère), je dirais qu'éprouver de l'empathie à leurs égards m'a fait évoluer. En devenant père à mon tour, par exemple, j'ai pu comprendre un peu mieux mes propres parents. Mais j'ai eu une enfance plutôt tranquille, j'imagine que c'est différent dans les familles où la violence est présente. Je ne sais pas !

Cela dit, dans une fiction, les liens entre les personnages sont importants. Cela ajoute un côté dramatique, et les oblige à faire des choix difficiles. Star Wars serait quand même moins cool si Dark Vador n'était pas le père de Luke.

Mais non, je ne crois pas trop à cette symbolique. D'ailleurs, dans l'album, Gentil dit à son père adoptif : « Je ne vois pas en quoi te tuer fera de moi un homme. »

Merci de nous avoir rassurés ! "Le Gentil et la Teigne"... Lebon... On n'est pas loin de Le Bon, la Brute et le Truand. Bref, quelle est l'influence de Sergio Leone sur votre œuvre ?

A.L. : Elle est majeure. Mon amour pour les Western vient surtout de lui et des Playmobils ! J'adore ce qu'il a réussi à faire : mélanger une ambiance crasseuse et violente, avec un humour noir et une ironie de gamin.

Mais j'aime aussi les westerns spaghetti qui ont suivi. « On l'appelle Trinita » est une des influences fortes pour le personnage de Gentil. C'est un film bourré de défauts, mais avec des trouvailles visuelles formidables. Et pour l'anecdote, au départ, je ne voulais pas mettre mon prénom sur la couverture, mais on risquait de lire « Lebon, la Teigne et le Gentil », ce qui aurait été ennuyeux.

La teigne et le gentil - Tome 1 - Western Love

La teigne et le gentil - Tome 1 - Western Love © Augustin Lebon - Soleil

Cela aurait surtout été amusant ! Sur vos 4 séries ou one-shots, on compte 2 westerns. Hasard ou le western est vraiment votre genre de prédilection ?

A.L. : C'est mon terrain de jeu favori, oui !

J'ai grandi à Roubaix. C'est une ville dure, urbaine, grise. Comme j'ai eu une enfance heureuse, je ne m'en rendais pas vraiment compte avant de la quitter. Mais d'un autre côté, cela a dû forger ma fascination pour les grands espaces. Je rêvais d'un chalet perdu dans la nature !

(Depuis, je me suis installé dans la campagne belge, ça va mieux.)

Le Gentil a des faux-airs de Bragon, non ?

A.L. : C'est bien possible ! J'aime beaucoup le travail de Loisel, et en particulier sa collaboration avec Vincent Mallié sur Avant la quête. Il y a une vie et une force dans les planches qui me plait.

Envisagez-vous Le Gentil à l'âge mûr ? Comment serait-il ? 

A.L. : Non, je n'y avais pas pensé. Au départ, il était un peu plus âgé, mais pas mûr. C'est difficile de l'imaginer. Sera-t-il toujours avec Molly ? Hors-la-loi ? En vie ?

Et elle ? Que va-t-elle devenir ?

Je l'ignore. Il faudrait leur demander, mais je leur souhaite de finir dans un chalet perdu dans la nature.

Molly La Rousse, Teresa La Brune... Envisagez-vous une blonde dans la vie de ce joli cœur dans le tome 2 (ou 3 ou 4) ?

A.L. : On dirait qu'on parle de bières !

Je n'envisage évidemment pas mes personnages comme ça, mais il y aura d'autres femmes sur sa route, oui. Dans le tome 2, elle sera plutôt obèse et grisonnante.

Vivement le tome 2 ! Sinon, êtes-vous plutôt Blueberry, Comanche, Jerry Spring ou Durango ?

Augustin Lebon : Durango ! Parce que c'est du western spaghetti. Les mêmes ambiances, les mêmes tronches...Swolfs a très bien rendu cette atmosphère si particulière.

J'ai beaucoup lu aussi, l'encrage de Giraud me fascine, évidemment. Et je citerais également pour les décors.

La teigne et le gentil - Tome 1 - Western Love

La teigne et le gentil - Tome 1 - Western Love © Augustin Lebon - Soleil

Bouncer mérite en effet d’être cité ! Vous travaillez comment pour cet album ? Sur papier, sur tablette ? Le genre western vous a-t-il amené à aborder différemment vos planches ?

Augustin Lebon : Je ne suis pas un auteur qui aime tester différentes techniques. Cela ne m'intéresse pas beaucoup. Je travaille donc presque de la même manière depuis mon premier album : plumes et pinceaux sur papier. Comme je dessine pas mal d'action et de grands décors, j'aime travailler en grand (A2) !

Pouvez-vous nous donner quelques indices sur ce qui va se passer dans le tome 2 ?

Augustin Lebon : Oui, il va s'appeler « Noël en famille ». Gentil et Molly vivent leurs premiers pas en tant que couple. Ils sont jeunes, encore fragiles et apprennent à se connaître. Jusqu'au jour où ils découvrent le cadavre abandonné et gelé d'une femme dans la neige. Dans ses bras, un bébé hurle de froid et de faim...

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