Avec Il déserte-Georges ou la vie sauvage Antoine de Caunes revient sur l’aventure extraordinaire de son père, reporter, naufragé volontaire en 1962. Petit garçon de 8 ans à l’époque, le fils vit très mal cet abandon qui a failli mal tourner pour Georges de Caunes au bout de quatre mois d’enfer.

Couverture de "Il déserte - Georges ou la vie sauvage" © Antoine de Caunes & Xavier Coste - Dragaud
Antoine de Caunes, les carnets de votre père sont la clé de cet album ?
Antoine de Caunes : : Je n’aurais jamais pensé à le faire sans ces carnets. Dargaud souhaitait que je fasse un scénario. On a d’abord tourné autour d’une adaptation d’un roman. Mais cela ne me satisfaisait pas vraiment. Et puis on a évoqué le carnet de mon père qui s’est imposé mais sans préméditation. Moi seul pouvait raconter cette histoire.

Antoine de Caunes © Rita Scaglia - Dargaud
Dont vous êtes un des acteurs.
A.D.C : Oui. C’est une manière de régler non pas son compte car je n’en avais pas avec mon père mais de solder cette aventure, de payer une sorte de dette. On n’en a jamais fini avec l’histoire des pères, un thème constant et complexe. C’était le moment, je me sentais prêt à partir sur de l’intime. Il y avait en plus la magie de l’illustration. L’image fait tout décoller.
Ce qui est touchant c’est l’abandon que vous ressentez quand il part.
A.D.C : Je pensais ne jamais le revoir. C’était plausible. Et ça a failli être un drame. Très marqué, j’ai un peu mis tout ça sous le tapis longtemps. Je ne me sens libre d’en parler que maintenant. Pas pour me décharger d’un fardeau. Ce qui m’a amusé c’est que j’ai aujourd’hui trente ans de plus que mon père sur son île. Je le regarde comme un gamin en train de faire une connerie. C’est un hommage en fait. Je voulais boucler cette histoire. Je pense qu’il aurait été ravi.
Difficile d’écrire ce scénario ?
A.D.C : On a attaqué le travail ensemble avec Xavier Coste. Je connaissais son travail, j’aimais sa simplicité. On a commencé par tout mettre sur la table, les sources, la presse de l’époque, les enregistrements radios. On a transcrit le fameux cahier tout à fait illisible, une écriture pattes de mouche. C’est pour ça que je ne l’avais pas lu. Je l’avais près de moi et je me disais que je le lirai un jour. L’occasion a fait le larron. J’ai écrit une trentaine de pages de scénario et Xavier avait déjà commencé à dessiner. On construisait l’histoire au fur et à mesure qu’elle avançait. Xavier arrivait avec ses pages, anticipait et tout s’est parfaitement mis en place.

Extrait de "Il déserte - Georges ou la vie sauvage" © Antoine de Caunes & Xavier Coste
Vous aimeriez faire une autre BD ?
A.D.C : Je ne sais pas. Mais quand c’est fait c’est fait, que ce soit une BD ou un film, cela ne m’appartient plus. J’espère qu’Il déserte plaira. Non pas de projets même si la BD continue à me tenter mais dans l’intime avec une résonnance générale. Je lis beaucoup de BD. Notre bouquin est original je crois. Et Pixi va même des figurines de mon père et de son chien.
Interview publiée dans le mag ZOO N°103 Mars-Avril 2025
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