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Partenariat ZOO x Cité de la BD : une visite guidée des trésors du musée avec Catherine Ferreyrolle

Initiée en juin 2024 sur le site de Zoo, la rubrique hebdomadaire « Les trésors de la Cité Internationale de la Bande dessinée et de l’image » marque un partenariat exclusif qui permet de visiter et commenter l’important fond patrimonial de la Cité. Catherine Ferreyrolle nous en dit un peu plus.

Pouvez-vous nous parler du fond patrimonial de la Cité, de cette multitude de planches originales prestigieuses ?

Catherine Ferreyrolle : Le fonds patrimonial de la Cité est construit autour de deux collections : les originaux et les imprimés. La collection du musée composées de planches originales, dessins et croquis, s’est constituée depuis le milieu des années 1970, au début du festival. Certains auteurs invités ont fait don de planches, elles étaient conservées au musée d’Angoulême. À la création du Centre national de la bande dessinée et de l’image (ancêtre de l’actuelle Cité), elles ont été transférées au musée de la Bande dessinée.

Vue de l’exposition “Trésors des collections” à la Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image à Angoulême, présentant des planches originales issues du patrimoine mondial du 9e art. © CIBD

Début de l’exposition “Trésors des collections” à la Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image à Angoulême, présentant des planches originales issues du patrimoine mondial du 9e art. © CIBD

La collection s’est étoffée au fil des années par des acquisitions et des dons. Elle se monte aujourd’hui à plus de 20 000 planches, d’auteurs francophones, américains ou étrangers avec notamment plusieurs fonds conséquents et quasi complets des œuvres d’auteurs français comme Alain Sain-Ogan, Benjamin Rabier, Edmond François Calvo, François Bourgeon, Edmond Baudoin ou Annie Goetzinger.

Le musée conserve aussi des affiches, des pochettes de disques, des figurines…, témoins de l’impact économique et commercial de certains héros et séries. La collection d’imprimés est composée d’albums de bande dessinée, franco-belges, romans graphiques, manga, comics, fanzines et autres formats et de publications en série (journaux, magazines…).

La part la plus importante de cette collection est le Dépôt légal bande dessinée dont la bibliothèque patrimoniale de la Cité a été dépositaire de 1984 à 2014. Le Dépôt légal ne comprend que des documents publiés par des éditeurs français. Il est complété par des achats, des dons ou des échanges avec d’autres structures culturelles étrangères. Ces publications étrangères sont majoritairement anglophones, mais aussi espagnoles, italiennes, japonaises, coréennes…

La collection d’imprimés se monte à plus de 250 000 documents, 100 000 albums, 150 000 fascicules de périodiques pour plus de 5 500 titres français et étrangers, vivants et morts, publiés du milieu du XIXe siècle avec Histoire de Monsieur Vieux Bois de Rodolphe Töpffer jusqu’au dernier numéro du journal Spirou.

Catherine Ferreyrolle : Visite commentée

Vue de l’exposition “Trésors des collections” à la Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image à Angoulême, présentant des planches originales issues du patrimoine mondial du 9e art. © CIBD

La collection patrimoniale de la Cité est la seconde au monde après celle de la Billy Ireland Cartoon Library de l’Université d’Ohio à Columbus, USA. Cette collection est devenue le terrain de recherche de centaines d’universitaires, chercheurs et journalistes, sans parler des éditeurs qui font régulièrement appel à La Cité pour aider à de précieuses rééditions. Elle est régulièrement mise en valeur dans les expositions, à la Cité mais aussi au sein d’autres structures par le biais de prêts.

La bibliothèque patrimoniale de la Cité est partenaire de la BnF, elle contribue à enrichir Gallica (bibliothèque numérique française) par des programmes de numérisation concertés des œuvres de bande dessinée constituant le patrimoine du neuvième art. Il existe sur Gallica une sélection Bande dessinée à laquelle la Cité contribue.

Comment est venue cette idée de partenariat avec Zoo ?

C.F : L’exposition permanente du musée de la bande dessinée avait été installée en 2010, à l’ouverture de la Cité dans ses locaux actuels. C’était un parcours de présentation chronologique de l’histoire de la bande dessinée, avec des planches montrées sous vitrine accompagnées d’albums et de journaux. Une présentation qui au bout de quinze ans méritait d’être entièrement repensée.

En mai 2024, l’exposition permanente a été déposée et l’exposition « Trésors des collections » a pris sa place de manière temporaire, jusqu’à l’ouverture du nouveau parcours permanent prévue pour 2026. « Trésors des collections », sous le commissariat de Jean-Pierre Mercier, présente les plus belles œuvres des collections du musée par le prisme d’une approche stylistique qui rassemble toutes les grandes écoles de l’histoire de la bande dessinée (le néo-classicisme des maîtres de l’âge d’or ; la « ligne claire » d’Hergé et de ses thuriféraires ; le clair-obscur des auteurs de récits policiers ; les planches « gros nez » des humoristes inspirés par Popeye et Mickey ; le style « croquis » des satiristes…).

Le partenariat avec Zoo nous a semblé être une belle voie de valorisation et de promotion de ces œuvres auprès d’un large public, intéressé par la bande dessinée mais pas forcément familier de son patrimoine.

Catherine Ferreyrolle : Visite commentée

Planches rares et œuvres emblématiques exposées à la Cité de la BD : un aperçu des trésors conservés dans la seconde collection patrimoniale mondiale de bande dessinée.© CIBD

Comment sont d’ailleurs sélectionnées les planches proposées chaque semaine ? En collaboration avec Jean-Pierre Mercier ?

C.F : Nous essayons de sélectionner chaque semaine une planche d’un style graphique différent en variant les auteurs, français/étrangers, homme/femme, récent/ancien. L’important nous semble de proposer des œuvres d’auteurs connus et moins connus afin d’attirer les lecteurs et d’éveiller leur curiosité. Un des buts de ces publications est aussi de donner envie de visiter le musée. Nous rédigeons ensuite les textes et collectons les images en HD. L’équipe de Zoo se charge du reste.

Aujourd’hui c’est important de réhabiliter ce passé, ces auteurs et leur histoire ?

C.F : Il est toujours important de parler du passé. De tout temps, les auteurs de bande dessinée se sont emparés de tous les sujets de société, la bande dessinée est toujours, même indirectement, un témoignage de son époque. Il nous semble important de faire savoir dans quel contexte historique s’est créée une œuvre et de montrer toute la variété des styles.

Jusque dans les années 1960, la bande dessinée, principalement publiée dans les revues, était un art sans mémoire. Avec la constitution de collections patrimoniales et le développement des rééditions de classiques, les amateurs ont enfin la possibilité de connaître les chefs d’œuvre qui ont jalonné l’histoire de la bande dessinée. La bande dessinée d’aujourd’hui se nourrit des œuvres des précurseurs.

Les missions d’un musée et d’une bibliothèque patrimoniale sont de conserver, de montrer et d’expliquer les œuvres qu’ils conservent, de les contextualiser et de les analyser pour expliquer leur importance dans l’histoire d’un art. C’est ce que nous essayons de faire avec ces commentaires de planches.

Catherine Ferreyrolle : Visite commentée

À la Cité de la BD, l’exposition temporaire “Trésors des collections” met en lumière les styles et écoles graphiques majeurs de l’histoire de la bande dessinée.© CIBD

Quelles belles surprises nous attendent dans les semaines à venir ?

C.F : Afin d’éviter qu’elles ne vieillissent prématurément et les encres s’affadissent, les œuvres d’art graphique sur papier doivent être remises au noir après un temps d’exposition, c’est pourquoi nous procédons régulièrement à une rotation des œuvres dans les expositions. La rotation est en cours, donc les planches commentées dans Zoo à partir de juin seront exposées au musée jusqu’à l’automne.

Vous pourrez voir et lire des commentaires d’œuvres aussi variées que le Little King d’Otto Soglow, Little Annie Fanny d’Harvey Kurtzman et Bill Elder, Le Concombre masqué de Nikita Mandryka, ou Brought to light de Bill Sienkiewicz … pour ne citer que celles-là et ne pas tout dévoiler…

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