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Un apéro ZOO avec Florence Cestac (1/3)

Nous avons eu la chance de moments rares lors des rencontres ZOO OFF organisées au Lion Rouge en marge du dernier Festival BD d’Angoulême, fin janvier 2025. Des petits déjeuners, déjeuners, goûters, apéritifs et dîners avec des pointures de la BD, devant un public privilégié. Revenons sur un apéritif mémorable en compagnie de Florence Cestac. Une retranscription publiée en trois parties, car nous avons passé une heure et demie avec l’artiste, et elle avait beaucoup à partager…

Du Démon de midi au Démon de mamie : la salsa des Démons

François Samson : Merci à tous d'être présents, merci beaucoup à Florence d'être avec nous pour cet « apéro ZOO ». On va commencer par parler de Le Démon de Mamie ou la sénescence enchantée où on retrouve comme souvent ce côté semi-autobiographique, inspiré par ton expérience.

Couverture de Le Démon de Mamie © Dargaud, 2025,Florence Cestac

Couverture de la BD " Le Démon de Mamie " de Florence Cestac

Florence Cestac : Beaucoup autobiographique, oui !

F. S. : Comment est-ce que tu trouves le juste dosage entre la fiction et ce qui vient de toi ?

F. C : Il y a beaucoup de moi puis il y a beaucoup de mes copines, de mes copains, de ceux qui m'entourent. Cette couverture, je l'ai faite... Je voyais une dame qui allait traverser la rue, et je voyais les jambes, le cabas, les poireaux, le chien et tout ça, j'ai dit : « Putain, elle est là, ma couverture ! » Ce n'est pas forcément le reflet de ce qu'il y a tout le temps dans l’album, mais nous, auteurs de bande dessinée, on fait beaucoup marcher notre mémoire visuelle ; donc j'enregistre des trucs, des images, des conversations, et après je fais ma petite salade à moi !

F. S. : Sur la couverture, on ne voit pas la tête du personnage. Ce n'est pas commun, dans une BD. Est-ce que l'éditeur n'a pas dit « Mais il faut faire la tête ! » ?

F. C : Non, non, ils ont fait : « Bon, ça va être ça, la couverture ? » « Oui. » Si elle est vendeuse, elle est là. Cela veut bien dire ce que ça veut dire. On comprend tout de suite de quoi on parle.

F. S. : Exactement. Le rapport au corps qui vieillit était aussi une des thématiques de Les Mémoires d'Hadrien, (je ne l’ai pas lu jusqu’au bout, j'avoue). Est-ce que tu te considères comme la Marguerite Yourcenar de la bande dessinée avec cet album ?

F. C : Holà ! C’est peut-être un peu beaucoup mais bon… Non, mais par exemple, j'ai relu le livre de Simone de Beauvoir sur la vieillesse. La sénescence, c'est le terme scientifique de la vieillesse. Parce que moi, je ne connaissais pas, sénescence, ça ne me disait rien. Donc c'est là que je l'ai trouvé, c'est un joli mot. Mais non, je suis Florence Cestac qui fait de la BD avec des gros nez. C'est déjà pas mal !

F. S. : Oui, donc dans cet album, tu abordes la maladie, la sexualité, l'incompréhension des générations, les nonagénaires, parce que la sénescence, c'est aussi les parents d'une personne qui a 70 ans…

F. C : On est cette génération où on s'occupe des enfants, des petits-enfants, des grands-parents et souvent de nos beaux-parents. Donc, à partir de 60 ans, il faut un peu s'occuper de tout le monde. C'est parfois un peu difficile. Je parle de tout ça, de notre vie, effectivement, à s'occuper de tout le monde, des petits-enfants et tout. Et un jour on devient mamie parce que les petits enfants arrivent. Et moi, je n'étais pas préparée à être grand-mère si vite ! Mais ça vous tombe dessus, alors c'est formidable ! Mais on entre alors dans le club « chic ouf » : chic ils arrivent, ouf ils s'en vont !

extrait de la BD Le démon de mamie © Dragaud, 2025, Florence Cestac

Extrait de la BD " Le Démon de Mamie " de Florence Cestac
© Dargaud, 2025

F. S. : Les problèmes de différence de génération sont-ils plus compliqués avec les plus âgés, avec les plus jeunes, avec les beaucoup plus jeunes ?

F. C : Tout est compliqué, parce que les petits-enfants... Souvent, mes enfants me parlent comme si je n'avais jamais eu d'enfants. Ils nous disent que ce n'est pas comme ça qu'on fait, le biberon, il est trop chaud, il est trop froid, tu en as mis trop, ou pas assez. Il ne faut pas faire comme ça... Ils ont oublié qu'on les a élevés ! Mais bon, ce n'est pas grave. Il faut s'écraser, puis écouter. Et comme je dis dans l'album, ils ont un matériel complètement dément ! Ils ont des sièges, des poussettes, des machins… un matériel extraordinaire pour élever les enfants. Donc ça, on ne sait pas faire : déplier la poussette, ce n’est pas facile ! Donc voilà. Et puis les vieux, souvent, ils perdent la boule. Et donc ça, c'est encore autre chose. Faut faire avec.

F. S. : Tu parles aussi de sexualité Et les hommes qui ne bandent plus. Alors, à partir de quand on ne bande plus ? Je commence à être un peu inquiet, là.

F. C : Il n'y a pas de règle, je ne sais pas. Nous on s'en fout, tout va bien. Voilà, c'est un avantage. Mais j'aborde tous les sujets dans cet album et tout, les sites de rencontres et tout ça. Et les histoires que je raconte autour des sites de rencontres, ce sont des histoires qui me sont arrivées à moi.

F S. : Je n’osais pas poser la question !

F. C : Alors, on peut me dire : « Non, tu exagères et tout, ce n'est pas vrai ». Non, non, c'est vrai ! Le monsieur, il m'invite, donc on se rencontre. Après, on va au restaurant, il m'invite au restaurant. Et puis, au dessert, il me dit : « Bon, maintenant, on va aller à l'hôtel. » Alors, je lui dis : « On va aller à l'hôtel ? » Alors, il dit : « Oui, pour voir si sexuellement on est compatible ! » Et donc je lui dis : « Non, ce soir, cela ne va pas être possible. » Il me dit : « Bon, parce que vous avez vos règles ? » J'ai dit : « Oui, c'est ça ! » Et je suis partie au courant. Véridique ! Une histoire entre autres…

F. S. : On comprend bien que le ciment dans tout ce que tu racontes, c'est le rire.

F. C : Bah, vaut mieux en rire, oui, parce que sinon, c'est... Beaucoup en pleurer, ce serait dommage. Mais j'aime bien faire rire et pleurer à la fois. D'aborder des sujets un peu graves et tourner ça en dérision, parce que... Vaut mieux en rire !

F. S. : Cet après-midi, tu étais en dédicace. Est-ce qu'il a des personnes qui te racontent leur vie ?

F. C : Oui, c'est ça qui est bien dans les dédicaces, c'est de parler avec les gens et que les gens vous racontent leur vie. Je me souviens de la sortie de Le Démon de midi. Je ne me rendais pas compte à l'époque que je mettais le doigt sur un fait de société. Toutes les filles venaient me voir en disant : « Le mien, vous ne pouvez pas savoir ce qu'il m'a fait ! Il m'a fait ci, il m'a fait ça… » J'aurais pu en faire trois albums, avec leurs histoires ! C'est ça qui est drôle : échanger avec les gens. Et que les gens se retrouvent dans ce que je raconte.

extrait de la BD Le démon de midi © Dragaud, 1996, Florence Cestac

Extrait de la BD " Le Démon de Midi " de Florence Cestac
© Dargaud, 1996

F. S. : Alors, ce que je propose, c'est qu'on trinque.

F. C : Santé !

F. S. : Santé ! J’en profite pour rappeler aux personnes présentes que ce n'est pas que moi qui pose les questions et vous qui avez le droit que d'être silencieux. Il y a de la place pour tout le monde. Donc, n'hésitez pas à intervenir.

F. C : Oui, n'hésitez pas !

F. S. : Je disais que cette Noémie, on la connait bien, puisqu'on l'a vue la première fois, c'était sur ses 40 ans, au moment du Démon de midi.

F. C : Oui, c'est ça. Démon de midi, la femme de 40 ans. Démon d'après-midi, la femme de 50 ans. Démon du soir, la femme de 60 ans. Et puis Le Démon de mamie. Donc, ce sera le dernier. Voilà, il n'y en a plus après. Du Démon, hein ! Pas de mon œuvre !

F. S. : Il n'y a pas un démon des 80 ans ?

F. C : Ben non. Mais bon... Non, parce que je l’amène jusqu'à la mort, là. Donc, on n'en parle plus. Ça y est, elle est morte. C'est la fin. Mais il y aura d'autres albums !

Intervention du public : Elle meurt à la fin, là !?!

F. C : Oui, elle meurt à la fin, oui.

Intervention du public : Vous me spoilez !

Intervention du public : Moi, j’en veux plus ! (Rires)

F. C : Oui, mais ce n'est pas une mort ordinaire, vous allez voir !

F. S. : Oui, donc Noémie a 40 ans dans Le Démon de midi, et c'est le moment où elle se fait larguer par son mari. Et comme toujours avec Noémie, il y a une forte part autobiographique, il y a une forme de courage. Mais comment est-ce qu'on fait pour gérer d'en parler, non pas à des gens qu'on connaît, car dans une BD, on s'adresse à des gens que l'on verra peut-être en dédicace, mais que l'on ne connaît pas ?

F. C : Je ne sais pas, moi je l'ai fait parce que ça m'est arrivé. J'ai fait un premier scénario, c'était un peu dans la rage, la revanche. « Les mecs, tous des cons, gna gna. » Tout n'était pas bien. J'en ai fait cinq scénarios avant de trouver la bonne voie.

F. S. : Il a fallu combien de temps pour arriver à digérer suffisamment ?

F. C : Cinq ans.

F. S. : Cinq ans ?

F. C : Oui, pour digérer, pour faire un truc un peu rigolo, quoi. Donc, dans Le Démon de midi, on rit, on pleure. Et c'est ma manière d'avancer dans la vie. Après, Le Démon de midi a été une pièce de théâtre, adaptée par Michèle Bernier. Et elle était bien, parce qu'ils ont bien gardé l'esprit du bouquin. Les gens dans la salle riaient, pleuraient… Après, il y a eu un film qui est un peu moins bien, mais bon, voilà.

Intervention Christophe Vilain : Et quel regard tu as, justement, quand il y a l'adaptation au théâtre ? Quand il y a eu le film ? Tu es intervenue ?

F. C : Non. Moi, je ne sais pas faire de théâtre. Chacun son truc. Moi, je sais faire de la bande dessinée. Donc, voilà, je file mon bébé et puis...

C. V. : Non, mais sur le casting, par exemple, est-ce que tu as proposé des choses ?

F. C : Non, non, rien du tout. Mais j'ai eu peur. Avant la première, je me suis dit : « Ouh là là, qu'est-ce qu'elles vont faire ? » Et puis, c'était super.

F. S. : Michèle Bernier devait projeter ses propres histoires aussi.

F. C : Oui, parce qu'elle s'était fait larguer par Gaccio un peu avant. Et c'est marrant, parce que le jour où elle est venue me voir, elle était enceinte jusqu'au cou. J'ai dit, mais pourquoi elle veut faire Le Démon de midi, celle-là ? Elle a l'air d'aller. Eh ben non, elle s’est faisait larguer, elle était enceinte. Donc elle sentait bien son sujet ! Non, c'est bien, ce qu'elle a fait. Ça a très bien marché, à l'époque. Elle l’a joué pendant 4 ans, pratiquement tous les soirs. Avec des salles remplies de nanas qui disent « Ouaiiiiis ! »

photo de Florence Cestac et François Samson, Angoulême, 2025

ZOO OFF avec l'autrice Florence Cestac, Angoulême 2025
© Équipe ZOO

F. S. : Il y avait des mecs qui osaient y aller ?

F. C : Oui, ils ne faisaient pas trop de bruit, un peu gênés. Mais les filles, elles étaient hystériques, vraiment. Et elle a fini à l'Olympia, elle a bourré l'Olympia pendant une semaine ou quinze jours. Moi, j’y suis allée deux, trois fois, je regardais les gens dans la salle, c'était formidable !

F. S. : Par contre, qu'est-ce qui t'a chagriné dans le film ?

F. C. : Ben, on n'y croit pas. Elle est en couple avec Simon Abkarian, je ne sais pas si vous voyez cet acteur. C'est un acteur brun, un grand balèze et tout. Donc, il était auteur de bande dessinée, il s'appelait Julien Cestac dans le film. Michèle Barnier, elle est bien sur scène mais au cinéma, je trouve qu'elle passe moins bien. Ça n'a pas marché du tout. Voilà.

F. S. : Je reviens à la BD, est-ce que je peux te demander ce qu'en a pensé Etienne Robial ?

F. C. : (Rires) C'est sûr que ça ne l'a pas fait rire. Et comme Étienne Robial travaillait à Canal , ainsi que Bruno Gaccio, le mari de Michèle Bernier, elle s'est arrangée pour qu'il y ait l'affiche qui tourne en permanence devant le siège de Canal ! Dans le... Comment ça s'appelle, les trucs où on met les affiches de théâtre ?

F. S. : Les colonnes Morris.

F. C. : Donc elle s'est arrangée pour qu'il y ait toujours une affiche en face. Et ils étaient surnommés « les Veaux », parce que le sous-titre était « Changement d'herbage réjouit les veaux ». Une vengeance un peu mesquine, mais ça fait du bien.

Intervention du public : Est-ce que ça permet de faire passer la douleur ?

F. C : Oui, bien sûr. Puis de tout poser dans un livre, c'est formidable. C'est moins cher qu'un psy et puis ça rapporte de l'argent, c'est formidable ! Donc c'était bien.

F. S. : Dans Le Démon de l'après-midi, Noémie a la cinquantaine, elle va à la mer, donc c'est un peu comme Martine à la mer, mais c'est pas du tout comme Martine à la mer ! Tu peux nous parler de ce que tu avais envie de raconter à ce moment-là ?

extrait de le BD Le Démon de l'après-midi © Dragaud, 2005, Florence Cestac

Extrait de la BD "Le Démon d'après-midi " de Florence Cestac
© Dargaud, 2005

F. C. : On vit plutôt entre filles à 50 ans, parce que la plupart se sont fait larguer. Donc c'est des copines qui se retrouvent ensemble un week-end dans une maison en Normandie, au bord de la mer. J'ai dessiné la maison d'une copine à moi. On se retrouvait effectivement dans cette maison, devant la mer, et chacune racontait un peu son histoire. Donc ce sont les histoires des unes et des autres, imbriquées les unes dans les autres, ce qui finit par faire rire un peu tout le monde, car tout le monde se reconnaît.

Intervention du public : Vos copines savent qu’à chaque fois qu’elles sont avec vous elles vont se retrouver dans un bouquin ?

F. C : Oui, elles savent. Et même, dans Le Démon de mamie, quand je raconte qu’on va se bourrer la gueule dans le bistrot et qu'il y a un mec qui nous engueule, c'est du vécu ça aussi !

F. S. : On se pose toujours la question : Quelle est la part de fiction ? En fait, dans ce que tu racontes, il y a surtout du réel, comme tu le disais.

F. C. : Bien sûr. On raconte bien ce que l'on connaît bien. C'est mieux comme ça.

F. S. : On a parlé du Démon de l'après-midi, après il y a eu Le Démon du soir. C'est normal, après l’après-midi, il y a le soir. Donc là, Noémie a la soixantaine. Et tu abordes la ménopause. Je pense que tu étais peut-être la première à l'aborder en bande dessinée.

F. C. : Je ne sais pas pourquoi, mais la ménopause héroïque, ce n'est pas très vendeur…

F. S. : Est-ce que le fait qu'une autrice de BD aborde ce sujet intéresse la presse féminine, par exemple ? Est-ce que ça t'a amené des journalistes ?

F. C. : Oui, un peu, mais pas plus que ça. La presse féminine, je n’ai pas été aidée ! Le Démon de midi… Le Démon de l’après-midi non plus. Enfin, ça commence à venir... À l'époque, c'était : « La bande dessinée, quelle horreur ! » Non, je n'ai pas été aidée. Malheureusement.

Intervention du public : Moi, c’est l’album qui m’a le plus marqué !

F. C. : C'est vrai que c'est un sujet qu'on n'avait jamais fait en bande dessinée. Bon, maintenant je sais qu'il y a plein de filles qui font plein de trucs... Maintenant, ça y est, c'est dans l'air du temps, mais avant, c’était :« Ménopause, c'est quoi ça ? » Ça n'existait pas !

F. S. : Et à chaque fois, l'éditeur te donne carte blanche, quel que soit le sujet de tes albums ?

F. C. : Oui, c'est ça qui est bien. C'est sûr que j'ai un bon éditeur. Parce que le Démon de Midi est sorti en 96. Donc j'ai dû aller le voir en 92, 93. J'ai mis un moment. Et franchement, la nana qui raconte son histoire où elle se fait larguer, dans l'univers plutôt masculin de Dargaud... Ils ont fait un petit tirage. Ils ont dû tirer à 5 000 exemplaires. Et puis, je ne sais pas, il y a une espèce d'engouement comme ça, un truc qui a pris. Voilà, ce n’était pas prévu comme ça. Ils ont retiré plusieurs fois. Et ça, c'est drôle.

F.S : Finalement, tu en a vendu combien, tu sais ?

F. C. : Je ne suis pas loin de 200 000. A la longue, voilà. Mais au départ, je n'avais prévu aucun succès.

Photo de l'interview de Florence Cestac, Zoo OFF Angoulême, 2025

ZOO OFF avec l'autrice Florence Cestac, Angoulême 2025
© Équipe ZOO

F. S. : Dans Le Démon du soir, il y a aussi un changement de vie de Noémie, qui aspire à autre chose.

F. C. : Oui. À partir vivre la campagne ou des choses comme ça, changer de vie…

F. S. : À ce moment-là, tu avais envie de changer de vie ?

F. C. : Je l'ai fait. Mais ce n'était pas brillant, donc je suis revenue. On essaye des choses, voilà.

F. S. : Et Noémie, elle aime les hommes velus. J'ai noté ça. Je ne te pose pas de questions. (rires)

F. C. : C'est bien, il faut quelque chose pour s'accrocher, c'est mieux !

Quelques autres publications en solo

F. S. : Dans Filles des oiseaux, tu racontes la vie d’une pensionnaire dans les années 60. C’est inspiré par ton entrée en pension ?

Dragaud, 2016, Florence Cestac

Extrait de la BD " Filles des oiseaux " de Florence Cestac
© Dargaud, 2016

F. C. : Il y a un premier tome où, effectivement, ça se passe à l'entrée de la pension, parce que je suis allée en pension à 12 ans. Donc, l'entrée en pension, et puis jusqu'à la sortie, c'est avant 68. Puis le tome 2, c'est après 68. Donc, là, on se lâche un peu. Voilà. Et tout ça, c’est une histoire vraie, encore.

F. S. : Les héroïnes ont 60 ans quand elles se retrouvent, et dans le tome 2, elles se rappellent l'après-68.

F. C. : Oui. Et c'est mon cas. Moi, j'avais 18 ans en 68, donc ça a été... Bouh ! C'était formidable. Donc c'est l'histoire de cette génération.

F. S. : Et quand tu racontes ça, c'est une nostalgie, ou c'est juste une histoire inscrite dans ton histoire ?

F. C. : C'est une histoire aussi bien qu'une autre. Et je me dis : Il faut la raconter, cette histoire ! C'est rigolo comment ça se passait à l'époque. Par exemple, pour mon album Un papa, une maman une famille formidable (la mienne !), j'ai reçu beaucoup de courriers de gens qui me disaient : « Moi, j'ai eu le même père, ça a été encore pire que ça, il faisait ci il faisait ça… » J'ai eu des témoignages qui étaient insensés. C'était une époque où, effectivement, le mari travaillait, la mère restait à la maison, s'occupait de la maison, des enfants. C'était comme ça pour tout le monde.

F. S. : Tu te fies juste à tes souvenirs ou est-ce que tu vas te documenter en complément, pour dessiner ?

F.C. : Oui, il faut de la documentation. Des voitures, des machins qui viennent d'une autre époque.

F.S : On peut peut-être parler de Ginette ?

F. C. : Ginette, bien sûr. C'est mon confinement, ça, Ginette. J'avais fini Un papa, une maman, une famille formidable, la mienne, sur ma famille, et le confinement est arrivé. Je me dis : Mais qu'est-ce que je vais faire ? Et je me dis : Tiens, Je n'ai jamais fait une bande dessinée de cul. Donc j'ai fait une bande dessinée de cul, voilà. Chez BD-Cul, ça s'appelle Ginette.

F. S. : L'éditeur, c'est Le Monte-en-l’air, j'aime beaucoup...

F. C : Tout est à l'avenant ! C'est l'histoire d'une péripatéticienne qui raconte sa vie, ses clients, comment ça se passe.

F. S. : Est-ce que tu retrouves un peu l'esprit Futuropolis quand tu fais Ginette, qui est sur un format un petit peu différent, plus petit. C'est une parenthèse, un pas de côté ou il y a une logique ?

F. C. : Je ne sais pas, j'ai fait ça un peu comme ça, genre « Tiens, j'ai jamais fait ça. » Je ferai peut-être un western, un jour. Il faut essayer. Je n’avais jamais fait, donc ça y est, j'ai fait. Et on me demande la suite !

F. S. : Et tu vas la faire ?

F. C. : Peut-être. Pour le moment, je ne sais pas.

F. S. : Pour ceux qui ne connaissent pas, ce sont des petits bouquins. Il y a plein d'auteurs de BD renommés, comme Florence, qui y participent. Et il y a ce côté décalé, ce n’est pas la BD porno des années 70, il y a toujours un petit pas de côté. Mais ce sont des BD de cul, aussi !

F. C. : Oui, c'est ça.

Intervention du public : Ils sont sur le festival ?

F. C. : C'est une bonne question. Oui, dans le off-off d’Angoulême. Demain matin, je dédicace au off-off, avec Coco. Chez Isabelle. Si vous voulez du cul, c'est là-bas !

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