Le témoignage au cordeau de Barbara Pellerin, accompagné du travail scénaristique de Kris, prend une dimension d’une folle humanité entre les mains du dessinateur Vincent Bailly. Un bonheur narratif et graphique conclut avec tendresse par un documentaire d’une force rare. Une BD qui renvoie dans les cordes et met KO.
Petite, son père était boxeur. Aussi loin qu’elle se souvienne, la normande Barbara Pellerin se rappelle aussi ses excès de violence, quand il pétait un câble face à elle et sa mère. Grande, elle décide, caméra au poing, d’aller filmer son paternel au Boxing-club de Rouen, où il entraîne les jeunes.
Récit étourdissant comme un crochet du droit en pleine poire. Plus qu’une bande dessinée, Mon père était boxeur est le témoignage explosif d’une fille à son père. La boxe ? Un prétexte pour favoriser une rencontre avec celui qu’elle n’a jamais vu sur un ring, mais dont elle garde au cœur les éclats d’humeur. Prolongée par le documentaire sur DVD, qui est en fait à l’origine de cet album, l’histoire n’en est que plus vigoureuse. Un uppercut scénaristique.
Le trait époustouflant de Vincent Bailly, compère du scénariste brestois Kris dans leurs magnifiques Coupures irlandaises et autre adaptation du Sac de billes de Joseph Joffo, occupe ici tout le ring graphique. Son dessin plein de mouvement, aussi rapide et accordé que le jeu de jambes d’un bon boxeur, se prête à l’histoire d’une écorchée vive et son travail sur sa relation au père.
Cerise sur le gâteau : le documentaire. Un conseil : le visionner après la lecture de la BD pour laisser libre cours à l’imagination en dévorant cet album, exceptionnel d’humanité. Le récit à fleur de peau de Barbara Pellerin, haut porté par le coup de crayon détonnant de Vincent Bailly, fait de ce titre un des incontournables de 2016. Sans fard ni gants.