Le nouvel opus de Blake et Mortimer se passe en pleine guerre froide et a pour cadre la visite de Kennedy à Berlin en 1963.
Nous retrouvons nos deux héros dans une histoire qui se déroule autour des tensions entre les blocs de l’Ouest et de l'Est. L’intrigue se passe dans des lieux clés de cette époque : Londres, la Suisse, la Russie et enfin Berlin. L’intrigue commence par une visite dans l’Oural de Philip Mortimer à sa vieille amie, l’archéologue Olga Mandelstram qui effectue des recherches sur la cité d’Arkaïm. En parallèle, Francis Blake, détaché du Home Office, est invité à une réunion des pays de l’ouest pour l’organisation de la visite du président américain à Berlin, qui ne sera que de huit heures.
©Dargaud, 2022
Le récit, co-écrit par deux éminences de la bande dessinée Jean-Luc Fromental et José-Louis Bocquet, est riche et bien construit. Ils inscrivent leur fiction autour de faits réels, ce qui donne une vraie profondeur au récit. Les deux héros ont des parcours distincts dans la première partie pour se rejoindre ensuite et déjouer les plans diaboliques d’Olrik. Mais au-delà de cette trame classique, de nombreux personnages rappellent les anciens albums, outre les récurrents (James le majordome du Centaur Club, Macomber, Mrs Benton) on retrouve avec plaisir le commissaire Pradier que nous n’avions plus vu depuis longtemps. Quelques clins d’œil émaillent le récit, par exemple, à Genève, Francis Blake descend à l’Hôtel Cornavin, lieu de résidence de Tintin dans l’Affaire Tournesol, ou la forte ressemblance d’un des personnages secondaires à Jean-Luc Fromental.
©Dargaud, 2022
Le dessin très fidèle à Jacobs d’Antoine Aubin est une merveille. On sent que cet artiste aime les années 60 ; l’architecture, la mode et surtout les nombreuses superbes voitures donnent une vraie crédibilité au récit et ravissent le lecteur. Selon moi, Antoine Aubin fait partie des deux plus fidèles disciples du trait du maître, l’autre étant Ted Benoit. Il prend son temps pour que chaque case soit documentée et que le dessin soit parfait. Cet album, paru 9 ans après son précédent (l’onde Septimus), est très réussi, espérons que nous devrons attendre un peu moins pour le prochain…