Après la Révolution française et le meurtre de Marat, la collection J’ai tué change totalement de décor pour New York. Elle se penche sur Marc Chapman, qui a tué de John Lennon le 8 décembre 1980. Cette fiction tente tant bien que mal de raconter les trois jours qui vont conduire à la mort d’un membre emblématique des Beatles.
Le 6 décembre 1980, Marc Chapman prend l’avion pour se rendre une seconde fois à New York. Dans l’avion, il ne cesse de maugréer. Une fois arrivé, il continue à râler et rien ne trouve grâce à ses yeux. Il invente des histoires à tout va mais en réalité il a la haine, car il ne supporte plus d’être quelconque.
La construction du récit n’est pas sans rappeler L'Attrape-cœurs, livre de chevet et testament de Marc Chapman. Trois journées d’errance, d’un peu de sexe avec en plus des discours haineux. Les délires de Chapman sont malheureusement présentés sous une forme un peu maladroite. Comme le personnage se répète souvent lourdement, les allusions de la mise en scène ne font pas forcément mouche, notamment celle autour du film d’horreur Rosemary’s Baby de Polanski tourné dans l’immeuble de Lennon. Le scénario a cependant l’intelligence de présenter les deux raisons évoquées par l’assassin : la trahison de ses idéaux de partage par Lennon et devenir aussi célèbre que son idole.
Le dessin sobre est souligné par une mise en couleur qui ponctue efficacement les différents moments de ces trois journées qui mènent au meurtre. Malgré des cases intéressantes, des décors et certains détails qui rappellent bien le début des années 80, la froideur et parfois le manque de relief du dessin ne permettent pas au récit d’emporter pleinement le lecteur dans le tourbillon de ces trois jours.
Traiter d’un moment aussi iconique des années 80 était un pari risqué : J’ai tué John Lennon offre un résultat en demi-teinte mais sympathique à lire !