L’Arabe du Futur ne laisse pas indifférent. Ce roman graphique est bluffant d’authenticité, de candeur, de bonne foi. Drôle, mais aussi parfois choquant, troublant ou dérangeant dans sa vérité. Le lecteur y suit les tribulations du petit Riad et de sa famille dans la Lybie de Kadhafi. Une plongée au cœur du monde arabe, guidée par le regard le plus impartial et le plus libre qui soit : celui d’un enfant de deux ans.
Que savons-nous exactement des pays qui composent le Moyen-Orient ? Du mode de vie de leurs populations ? Avouons-le, pas grand-chose. Mais quelle meilleure manière d’en découvrir une ébauche qu’à travers les yeux innocents et décomplexés d’un enfant ? C’est ce à quoi nous invite Riad Sattouf dans son ouvrage autobiographique. Né à Paris en 1978 de père syrien et de mère bretonne, l’auteur livre une tranche de son enfance passée entre la Lybie de Kadhafi et la Syrie d’Hafez Al-Assad. On s’entiche de ce petit bonhomme, bambin blond et blanc grandissant dans un pays arabe, univers qui lui est inconnu.
Villages en ruines, étendues désertiques, habitations dépourvues de mobilier... Les paysages et les décors récurrents retranscrivent bien le paupérisme des dictatures à l’heure du socialisme arabe. Le dessin épuré, sans fioritures, a un trait épais, gras. La colorisation n’use que d’une seule couleur dominante par case, voir par chapitre. Les quatre majoritaires, le noir, le blanc, le vert et le rouge, sont les couleurs des drapeaux libyen et syrien. L’originalité du coup de crayon sert un scénario qui se suffit à lui-même.
Face à une vision manichéenne du monde largement corroborée par les médias, où culture orientale et occidentale s’opposent, le premier tome de L’Arabe du Futur apporte une véritable bouffée d’air frais. Riad Sattouf a su faire le pont entre deux cultures diamétralement opposées. Il mêle son histoire personnelle à la grande Histoire et livre une fresque étonnante de sincérité.
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